La route d'Ein Harod
de Amos Kenan

critiqué par Lectio, le 11 avril 2013
( - 75 ans)


La note:  étoiles
La route des utopies
En fuite après le coup d'état militaire, un résistant israélien est contraint de marcher avec un combattant palestinien. Dans leur périple dangereux les deux hommes traqués poursuivent chacun leur rêve contestant à l'autre le moindre mètre carré des splendides paysages traversés. Les deux hommes n'arrivent jamais à fraterniser. Contexte bien différent du superbe roman de Hubert Haddad "Palestine" au thème un peu similaire. L'écriture d'Amos Kenan (pionnier de l'Hébreu littéraire moderne) est à la fois dure, crue et imagée, onirique, puisant de nombreuses références dans l'Ancien Testament. Roman pessimiste, il témoigne de la folie humaine, de la vanité et de la fraternité impossible. " Le lichen est une symbiose. Une algue et un champignon se nourrissent l'un de l'autre. L'un donne à l'autre ce qu'il a et prend à l'autre ce qui manque. Et que se passerait-il s'ils décidaient de se faire la guerre finale pour la possession de la seule pierre sur laquelle ils vivent tous les deux. Seule la pierre resterait nue". Dans cette épopée aux accents poético/surréalistes, le fugitif arabe est fusillé. Force reste aux puissants même s'ils n'en ressortent pas grandis.