Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès

Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Théâtre

Critiqué par Aleph, le 17 janvier 2001 (Bruxelles, Inscrit le 5 janvier 2001, - ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (27 220ème position).
Visites : 9 113  (depuis Novembre 2007)

Une pièce à lire

C'est un théâtre très puissant.
Ce livre m'a touché.
Sans commentaire, ami lecteur, à vos livres, prêts ? Lisez.

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Déstabilisant

5 étoiles

Critique de Mimi62 (Plaisance-du-Touch (31), Inscrit le 20 décembre 2013, 71 ans) - 16 octobre 2023

L'auteur s'est inspiré du parcours réel d'un tueur en série à partir duquel il a laissé libre cours à son imagination. Il reste peut-être à trouver la part de réel et d'imaginaire.
Le côté dérangeant, angoissant même, du récit est renforcé lorsque l'on prend conscience que cela a pris ses racines dans une réalité d'un tueur en série. Ce malaise se prolonge tant les comportements apparaissent incohérents et tant le personnage principal apparaît manipulateur pour arriver à ses fins. Il fait alors preuve d'une intelligence certaine. Certes, le personnage réel a été interné en asile psychiatrique mais avant cela, et c'est l'un des thèmes de la pièce, s'intègre dans une réalité, dans notre réalité.
La gamine qu'il a violée n'est pas folle mais pourtant son comportement est lui aussi déroutant. Elle cherche à protéger son agresseur et on se demande même si elle ne souhaite pas que l'expérience se renouvelle.
La forme de pièce de théâtre rend ces réalités encore plus présentes car, en raison des dialogues, les personnages sont encore plus présents. Le lecteur se sent présent entre eux.

Pour le second texte, plus court, certains y voient une situation de relation incestueuse. Pour ma part, j'ai plutôt vu l'inquiétude d'une soeur aînée à l'égard de son frère pour qu'il ait le comportement attendu d'un jeune de son âge, à savoir aller au devant des filles pour les draguer.

Une expérience de lecture intéressante mais pour laquelle il faut savoir où on met les yeux.
J'ai été satisfait de découvrir cet ouvrage mais ce n'est pas un genre auquel je me confronterai de nouveau de sitôt.

ROBERTO ZUCCO OU ROBERTO SUCCO?

7 étoiles

Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 3 janvier 2012

Roberto Zucco c’est tout d’abord et a n’en pas douter Roberto SUCCO, le tueur en série Italien, schizophrène, qui terrorisa la France, la Suisse et l’Italie entre 1987 et 1988, et c’est pour cela sans doute que l’auteur a tenu à «coller» d’aussi près à la réalité historique dans cette pièce de théâtre…
On sait en effet aujourd’hui «l’admiration», ou plutôt devrais-je dire, «l’’influence» que la biographie du mystérieux criminel Italien exerça sur le dramaturge français, au point que sa pièce de théâtre (qui fit d’ailleurs scandale à sa sortie en 1988) fut écrite à peine quelques mois après les événements dont elle parle !...

On retrouvera ici le sens de la provocation sans limites du Messin, qui, en rupture totale avec le théâtre de l’absurde, à la mode à cette époque, n’hésite donc pas à écrire une pièce qui sort tout à fait de l’ordinaire… et est d’un réalisme bluffant !...
Ainsi, et bien que de façon romancée, de nombreux éléments tirés de la vraie biographie du tueur se retrouvent dans la pièce, comme p. ex. l’assassinat du père et de la mère, sa relation avec une jeune fille de 16 ans qui le dénoncera et sera à l’origine de sa capture, la femme d’âge mûr d’abord victime, puis amante du criminel, sa chute d'un toit lors de sa tentative d’évasion…

Et le reste ? Eh bien le reste ne réside que dans le talent et l’écriture au style si particulier de Bernard-Marie KOLTES.
Ses dialogues, ou plutôt ses manques de dialogues, toujours aussi tranchants entre les personnages, ses phrases écrites comme on sculpte le bois, au couteau, sur le fil du rasoir, avec un minimum de détails, mais allant toujours droit au but, et touchant ses lecteurs (spectateurs) toujours au plus profond d’eux-mêmes.
Ses descriptions sommaires, mais toujours aussi belles, ses personnages si peu décrits, mais dont on saisit la psychologie en quelques lignes, toujours révoltés, jamais satisfaits de la situation dans laquelle ils vivent etc., etc…

Bref, du Bernard-Marie KOLTES dans le texte, et il vaut donc mieux lire cette très courte pièce de théâtre, car je pourrais encore écrire 10 pages de commentaires, je n’aurais toujours pas réussi à vous parler de tout de que chacun peut y trouver, y picorer!...

Un grand moment de théâtre par un des dramaturges français les plus joués dans le monde et pourtant si méconnu!...

Grâce et violence

9 étoiles

Critique de Valadon (Paris, Inscrite le 6 août 2010, 43 ans) - 15 septembre 2011

D'abord, il y a Roberto Succo. Le vrai, celui qui reste dans les mémoires comme le tueur en série schizophrène qui assassina son père et sa mère, s'évada de l'asile psychiatrique, et qui entama ensuite une cavale meurtrière qui devait s'achever avec son arrestation, puis son suicide en prison.

Et il y a la pièce. Pourquoi Koltes s'est il inspiré de cet homme, de ces faits divers ? Peut-être en raison du mystère qu'ils dégagent, de l’énigme que représente cet homme, de sa violence, de sa solitude ?
Il nous livre une pièce ambiguë et solaire, où une mère meurt dans une étreinte et où une jeune fille violée découvre l'amour. Une pièce portée par une écriture unique, magnifique, un mélange de langage très parlé et très cru, et pourtant extrêmement littéraire. Comment Koltes parvient-il à rendre poétique une histoire aussi sordide ? Par quelle magie parvient-il à nous toucher, et à nous faire partager l’extrême solitude de ses personnages ?
Les dialogues de la pièce en sont rarement, ils finissent toujours en monologues croisés, chacun parle dans sa solitude à un autre qui est déjà ailleurs, qui n'est pas celui que l'on croit... personne n'a de patronyme, et dire son nom est ici un cadeau que l'on fait à l'autre.
Les dialogues entre la gamine et Roberto Zucco sont des bijoux du théâtre contemporain, entre grâce et violence... deux personnages tragiques qui rêvent d'absolu et d’évasion...

Voici ici un extrait :

Au bout d'un moment, La gamine sort de dessous la table, s'approche de la fenêtre, l'entrouvre, fait entrer Zucco.
LA GAMINE. — Enlève tes chaussures. Comment t'appelles-tu ?
ZUCCO. — Appelle-moi comme tu veux. Et toi?
LA GAMINE. — Moi, je n'ai plus de nom. On m'appelle tout le temps de noms de petites bêtes, poussin, pinson, moineau, alouette, étourneau, colombe, rossignol. Je préférerais que l'on m'appelle rat, serpent à sonnette ou porcelet.
Qu'est-ce que tu fais, dans la vie ?
ZUCCO. — Dans la vie ?
LA GAMINE. — Oui, dans la vie : ton métier, ton occupation, comment tu gagnes de l'argent, et toutes ces choses que tout le monde fait ?
ZUCCO. — Je ne fais pas ce que fait tout le monde.
LA GAMINE. — Alors justement, dis-moi ce que tu fais.
ZUCCO. —- Je suis agent secret. Tu sais ce que c'est, un agent secret ?
LA GAMINE. — Je sais ce que c'est qu'un secret.
ZUCCO. — Un agent, en plus d'être secret, il voyage, il parcourt le monde, il a des armes.
LA GAMINE. — Tu as une arme ?
ZUCCO. — Bien sûr que oui.
LA GAMINE. — Montre-moi.
ZUCCO. — Non.
LA GAMINE. — Alors, tu n'as pas d'arme.
ZUCCO. — Regarde. (Il sort un poignard. )
LA GAMINE. — Ce n'est pas une arme, ça.
ZUCCO. — Avec ça, tu peux tuer aussi bien qu'avec n'importe quelle autre arme.
LA GAMINE. — En dehors de tuer, qu'est-ce qu'il fait d'autre, un agent secret ?
ZUCCO. — II voyage, il va en Afrique. Tu connais l'Afrique ?
LA GAMINE. — Très bien.
ZUCCO. — Je connais des coins, en Afrique, des montagnes tellement hautes qu'il y neige tout le temps. Personne ne sait qu'il neige en Afrique. Moi, c'est ce que je préfère au monde : la neige en Afrique qui tombe sur des lacs gelés.
LA GAMINE. — Je voudrais aller voir la neige en Afrique. Je voudrais faire du patin à glace sur les lacs gelés.
ZUCCO. — II y a aussi des rhinocéros blancs qui traversent le lac, sous la neige.
LA GAMINE. — Comment tu t'appelles ? Dis-moi ton nom.
ZUCCO. — Jamais je ne dirai mon nom.
LA GAMINE. — Pourquoi ? Je veux savoir ton nom.
ZUCCO. — C'est un secret.
LA GAMINE. — Je sais garder les secrets. Dis-moi ton nom.
ZUCCO. — Je l'ai oublié.
LA GAMINE. — Menteur.

du bien au mal

6 étoiles

Critique de Brunette (Crosne, Inscrite le 10 février 2001, 44 ans) - 5 avril 2002

Pas facile de résumer une pièce telle que celle ci. Voir la vie d'une jeune fille se bousiller..... c'est pas gai. Mais c'est une pièce très intéressante que j'ai bien aimée.
A mon avis ce n'est pas une pièce pour tout public.

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