Louise de Bettignies : Espionne et héroïne de la Grande Guerre 1880-1918
de Chantal Antier

critiqué par JulesRomans, le 14 avril 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
La Jeanne d’Arc de la Grande Guerre
Le 4 mars 1920, Mgr Charost évêque de Lille, dans son homélie lors des funérailles religieuses lors du retour du corps de Louise de Bettignies en France déclare :

« Aux époques de la grande pitié nationale, des femmes ont toujours surgi comme Jeanne d’Arc ou Louise de Bettignies. C’est la même volonté invincible pour repousser les menaces et accepter le martyr ».

Cet ouvrage reprend pour beaucoup des informations contenues dans le titre " La Guerre des femmes : Histoire de Louise de Bettignies " sorti en 1924. Louis Poirier tira de ce dernier livre un film "Sœurs d’armes" dont la sortie en 1938 fut une belle occasion de manifestation d’hostilité au Front populaire derrière en particulier Xavier Vallat et le général de Castelnau. Chantal Antier dit indirectement que la famille refusa de cautionner une telle appropriation. D’ailleurs à la sortie du livre et du film, la presse nationaliste claironna bien haut que dans le réseau dirigé par Louise de Bettignies, on ne couchait pas pour obtenir des renseignements auprès de l’ennemi, contrairement à une Marthe Richard (d'ailleurs d'origine lorraine).

Ce livre est passionnant et il permet une belle approche de femmes résistantes (car l’héroïne est entourée d’une noria de Françaises et Belges) durant la Première Guerre mondiale. Aux côtés d’Édith Clavell (de nationalité anglaise mais vivant à Bruxelles à l’été 1914) elle est la représentante principale de la mémoire patriotique liée aux femmes pour la Première Guerre mondiale.

L’ouvrage a deux défauts, le premier est de ne pas dénoncer les élucubrations intellectuelles sur Wikipedia autour d’un lien entre l’arrestation de Louise de Bettignies et l’espion Szek d’origine autrichienne. Le second est, outre de ne pas expliquer les origines de la famille du personnage principal (une seigneurie près de Mons), de ne pas dire quand et comment son grand-père fait le choix de s’installer à Saint-Amand-les-Eaux. C’est en 1818 et il s’agit d’un effet collatéral de Waterloo. Les frais de douane entre le royaume des Pays-Bas et la France devenant prohibitifs, la production de céramique et de porcelaine réalisée à Tournai sous la direction de l’arrière-grand-père n’est plus compétitive dans une France redevenue un royaume ayant perdu les départements issus des Pays-Bas autrichiens d’avant la Révolution.