La fugue du petit poucet
de Michel Tournier, Alain Gauthier (Dessin)

critiqué par Tistou, le 14 avril 2013
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Irrévérencieux conte …
« La fugue du petit poucet » est un des « Sept contes ». Cette version est la version réalisée avec Alain Gauthier pour l’illustration puisque cet ouvrage se présente comme un livre de conte, illustré, pour enfants.
Il est en réalité passablement irrévérencieux ! Bien sûr, le titre n’est pas anodin : « Petit Poucet » …, la référence est explicite. Et nombre d’éléments du conte-référence sont présents. Présents mais … détournés.
C’est ainsi que le petit poucet n’est pas d’une fratrie de sept frères, il est fils unique – le fils du commandant Poucet, encore présenté comme « le chef des bûcherons de Paris » au début de l’ouvrage, puis comme « le capitaine de gendarmerie de Paris ». Cependant le chiffre « Sept » est respecté puisqu’elles sont sept, les sept filles de « Logre » - M. Logre, un géant filiforme, aux cheveux longs, très « peace and love », qui fait tourner des cigarettes qui font bien rire le petit poucet quand il les fume avec les sept filles de l’ogre !
S’agissant d’un texte écrit en 1978, on se dit que Michel Tournier a intégré gentiment les fantasmes – ou la vie fantasmée après la « révolution » de 1968 – pour rejouer – et de quelle manière ! – le conte du petit poucet. Le commandant Poucet est clairement le « méchant », brimant femme et fils, même si dépositaire de l’ordre et de la loi, alors que « Logre », théoriquement le « méchant », est effectivement le « méchant » aux yeux de la loi officielle – il donne manifestement trop de libertés et éduque ses filles en dehors du droit chemin, il les pervertit au haschisch même si elles semblent très heureuses de la situation – mais surtout celui qui procure plaisir et bonheur à son entourage (y compris le petit poucet qui échoue là par hasard au cours de sa fugue) en interprétant librement les canons de l’éducation.
Irrévérencieux, je vous dis.
Michel Tournier nous rejoue Hippies versus CRS. Et ce n’est pas tout à fait en lien avec les versions officielles ou « politiquement correctes » !
Les illustrations d’Alain Gauthier, très « art naïf », contribuent clairement à ce détournement.
Réjouissant !