La raison des sortilèges : Entretiens sur la musique de Jean-Yves Clément, Michel Onfray

La raison des sortilèges : Entretiens sur la musique de Jean-Yves Clément, Michel Onfray

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Divers

Critiqué par TRIEB, le 14 avril 2013 (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 73 ans)
La note : 9 étoiles
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LA MUSIQUE EST A VOUS ...

Quelle peut être la place de la musique dans la vie d’un philosophe, et dans l’accomplissement de son œuvre ? Michel Onfray , philosophe à la bibliographie déjà bien dimensionnée –plus d’une soixantaine d’ouvrages - qui s’est fixé comme objectif la réhabilitation de l’hédonisme comme courant philosophique et source de la conduite humaine , s’attache dans un dialogue avec Jean-Yves Clément , responsable du séminaire de musique classique à l’université populaire de Caen , à préciser comment la musique est présente dans son existence .

Aux sources des premières émotions musicales se trouverait, selon Michel Onfray, la vie intra-utérine : « Le système neuronal est une cire vierge avant qu’il ne se constitue chez l’enfant dans le ventre de sa mère. Ce qui forme trace dans la matière neuronale est coefficienté d’une charge hédonique ou traumatique .Le faisceau de la récompense, le faisceau de la punition. » Autre origine de cet attachement : « les sons, les vibrations, les ondes qui traversent le corps (...) constituent la première des symphonies avec laquelle se joue le restant du concert la vie durant. »

Michel Onfray se prononce, rapidement, sur la place de la musique, sur son essence : « La musique est preuve de l’existence immanente du monde sans Dieu : elle en dit la richesse fastueuse. La musique est dans le monde et son essence ne se trouve pas ailleurs qu’en lui. » On l’aura compris, Michel Onfray, fidèle en cela au fil de son œuvre, dénie toute vertu transcendante à la musique.
La musique introduit-elle de la beauté, de l’allégresse ? Est-elle source de joie pour notre philosophe matérialiste ? Elle peut l’être, nous répond Michel Onfray qui avoue une préférence marquée pour la musique romantique : « La musique romantique, c’est la nuit et le nocturne, l’amour impossible, le combat avec les dieux. C’est le fantastique, le mystérieux, la nuit de Walpurgis(…) Dans cette vitalité, cette profusion d’être, de sentiment d’âme, je suis chez moi. » Il avoue apprécier aussi l’architecture de J.S Bach comme remède aux tourments : Bach amène le corps de celui qui l’écoute à la paix et à la joie d’une âme emportée par les sortilèges dont il est le maître incontesté. »

Autant que source d’allégresse, de beauté, la musique trouve sa place dans le réel sonore, elle est incluse dans le monde, elle le dit, et pour notre philosophe, c’est un accomplissement : « Le monde est divers et multiple. La musique obéit à cette multiplicité . Elle ne se dit pas, elle ne dit rien, elle est l’une des modalités du monde. »
Sur l’acquisition de sa culture musicale , Michel Onfray avoue être un autodidacte, et confie à Jean-Yves Clément l’élargissement de ses relations au monde musical, à des compositeurs inconnus tel Pierre Thilloy , injustement méconnu selon lui . Il refuse par ailleurs de trancher entre les chapelles, partisan de la musique sérielle ou dodécaphonique, et insiste avant tout sur cet impératif qui lui est cher : la musique doit être dionysiaque et être incluse dans ce monde.

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