Une autobiographie de Neil Young
(Waging heavy peace)
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances , Littérature => Anglophone , Arts, loisir, vie pratique => Musique
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Trains, voitures et Old Black
Lire cette autobiographie de Neil Young m’a permis de mieux cerner les autres ouvrages du même genre que j’ai pu lire, et chroniquer ici. Keith Richards s’adressait à ses fans, Clapton à un confesseur, Steven Tyler à lui-même.
Concernant Young, l’approche est différente. Le lecteur est un peu comme quelqu’un qui surprendrait une discussion entre diverses personnes. Le ton général du livre est ainsi : décontracté, tranquille mais aussi décousu, ça part dans tous les sens sans vraiment respecter de ligne chronologique. Cela peut décontenancer mais il y a là un certain charme qui évoque une soirée au coin du feu à se rappeler des vieux souvenirs. Et puis, il est plus facile de raconter des choses dures sur un ton badin. Tous les passages liés à l’infirmité de son fils sont des moments difficiles à dire et à vivre pour un homme mais, avec des mots très simples, ce qui ressort, c’est l’amour incroyable qu’il a pour ses enfants et sa fierté.
On n’imagine pas la patte d’un directeur artistique, ce gros mot, derrière tout ça.
En fait, au-delà de cette conversation amicale avec le lecteur, il s’est agi pour Young, bloqué à la suite d’un accident au petit orteil, de se ressourcer, de retrouver de l’inspiration, de discuter de nouveau avec la Muse. Il faut croire que cela a plutôt bien fonctionné puisque le livre et le dernier album de Young sont sortis pratiquement en même temps et que l’album, Psychedelic Pills, que j’écoute en écrivant, est franchement bon.
Ce qui peut réellement paraître étrange, c’est que la musique n’est qu’un élément parmi d’autres dans la vie de Neil Young. Le livre s’ouvre sur un chapitre consacré aux trains électriques. Il est fan. Un autre sur les bagnoles. Il est très fan et a initié un projet de voiture électrique. Un autre encore sur le procédé sonore qu’il est en train de mettre au point, Pure Tone puis Pono, le nom initial étant déjà pris. Tous ces sujets reviennent régulièrement comme des points d’attache entre deux albums mais Pure Tone, c’est vraiment son combat.
Sans entrer dans des digressions techniques sans intérêts et pour lesquelles je ne suis pas compétent, il s’agit de rendre le son au son alors que les fichiers MP3, qu’ils viennent d’Apple ou de toute autre plateforme, est compressé de manière à prendre le moins de place possible sur le disque de stockage. C’est pourquoi il est possible d’avoir des centaines d’albums sur un IPod. Évidemment, cela implique une perte de la qualité sonore. Le projet de Young s’attache à rendre aux disques le son des bandes masters.
Bien entendu, les esprits chagrins se diront que le vieux hippie est désormais un jeune businessman de 66 ans mais je ne suis pas convaincu par cette vision. Ce gars a passé trop de temps à perdre du fric à tenir en état des bagnoles juste pour le plaisir ou pour son projet de voiture écolo pour se découvrir sur le tard un destin de magnat des affaires.
En fait, derrière tout ça se cache quelque chose de plus profond qui a disparu quelque part entre le concert des Stones à Altamont en 1969 et, disons, l’arrivée de MTV. Une part d’innocence, une part de rêve, une part de l’idéal sixties s’est transformée en business de masse mais surtout, la musique est devenue un passe-temps, un loisir sans âme auquel on s’adonne comme on irait faire un bowling le samedi soir.
C’est cette part d’âme qui a été bouffée par le business, pas la musique qui elle, est toujours là. Alors, s’il faut un nouveau format d’écoute pour s’en rendre compte, pourquoi pas. Évidemment, même Neil Young ne peut pas se lancer dans une telle entreprise sans l’appui des majors mais il y a toujours un prix à payer.
Comme je l’ai dit plus haut, le livre est rédigé de telle manière qu’il est impossible d’y trouver le moindre souci chronologique. Cependant, même en jetant un regard bienveillant sur son histoire, les drogues, l’alcool, les soucis d’égo, les morts, Young n’omet rien, de son premier groupe jusqu’à « son » groupe, Crazy Horse, une des grandes énigmes du rock : comment réussir à créer des chefs-d’œuvre avec de tels « crétins », dixit David Crosby.
Ce n’est évidemment pas l’avis de Young pour qui l’humain prime sur tout le reste. L’âme dirait-on…
Les éditions
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Une autobiographie [Texte imprimé] Neil Young traduit de l'anglais (États-Unis) par Bernard Cohen et Abel Gerschenfeld
de Young, Neil Cohen, Bernard (Traducteur) Gerschenfeld, Abel (Traducteur)
R. Laffont
ISBN : 9782221133170 ; 11,63 € ; 04/10/2012 ; 452 p. ; Broché
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Toutes ses passions …
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 16 novembre 2013
L’autobiographie à proprement parler couvre toute sa vie passée. De sa petite enfance du côté de Winnipeg, Canada (ah, la chanson « Don’t be denied » sur « Time fades away !») et le drame de la séparation de ses parents avec le départ au loin de son père, journaliste sportif. Ses débuts laborieux, canadiens, puis rapidement californiens, la rencontre avec Stephen Stills et la création de Buffalo Springfield, … puis la suite, le reste, toujours d’actualité, notamment avec « Crazy Horse » groupe de légende … Ca, c’est pour l’aspect musical. Certainement le plus riche mais, il nous le confirme, complètement impacté par les soubresauts qui jalonne sa vie personnelle. Entre premier mariage raté, divorce, bonheur trouvé avec Pegi Young puis des enfants handicapés …
La vie n’est pas forcément simple pour les créateurs non plus (elle le serait peut-être même moins ?). Il nous parle des addictions dont il est parvenu à se débarrasser. Et de toutes ses autres passions. Oui il y en a bien d’autres.
Des surprenantes comme … les trains électriques. Des connues comme … les voitures anciennes et prestigieuses (pas forcément d’ailleurs). Des prévisibles comme … le son, la pureté du son et sa croisade contre le format mp3 qui va tuer le goût musical prétend-il. Il tente d’ailleurs, comme il nous l’explique de développer un nouveau procédé « Pure Tone ». Des inattendues comme … le développement de la voiture électrique …
Eclectique le Neil Young, et s’impliquant à fond dans tout ce qu’il entreprend.
Ce qui surprend, c’est la forme qu’il a adopté pour nous relater tout ceci. Point de linéarité, ni même de traitement par thèmes. Non, c’est comme ça vient, chapitre après chapitre, sautant de l’âne au coq, sautant les années, à reculons, à cloche-pied … Pour le fan de Neil Young, pas difficile de retomber sur ses pieds. Et comme je vois mal un autre public lire cet ouvrage que le fidèle public de celui qui restera, n’en doutons pas, comme une des plus grandes figures de l’histoire du rock, celui à la longévité la plus grande, à la prolixité la plus constante ?
Pour donner le ton du bouquin, le tout dernier paragraphe :
« Je remonte dans la Continental et reprends la route en direction du café. En arrivant, j’aperçois le pick-up Ford 1957 de Larry Johnson sur le parking. J’entre dans l’établissement et j’aperçois Larry et Briggs dans un coin, en train de boire un café pour accompagner leur petit déjeuner un peu tardif. Je me dirige dans leur direction et m’installe à leurs côtés. On ne se dit pas grand-chose. David m’annonce que Kirby s’est peut-être dégotté un job dans un studio. Kirby est très habile de ses mains, il est capable de réparer n’importe quoi, et en plus il est très sympathique et agréable. Ca nous fait bien plaisir. Larry se lève pour passer un coup de fil et se dirige vers le téléphone public accroché au mur dans un coin. Il nous demande de lui commander un autre café quand la serveuse reviendra. Briggs se tourne vers moi et me demande sur quoi je suis en train de travailler. »
Neil Young, indéniablement un gars simple, un gars bien.
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