Sept contes
de Michel Tournier

critiqué par Tistou, le 19 avril 2013
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Sept contes
On retrouve dans ce recueil, principalement tourné vers un public enfant (mais pas que), deux contes édités en collaboration avec des illustrateurs et déjà critiqués par ailleurs : « La fugue du petit poucet » et « Barbedor ». Nous ferons donc l’impasse sur ces deux-là.

Pierrot ou les secrets de la nuit : plutôt dans la veine de « la fugue du petit poucet ». Oh ! Pas à proprement parler irrévérencieux … Plutôt un zeste de politiquement limite … Quand à la toute fin Colombine, dont Pierrot, le mitron timide, était amoureux sans avoir su se déclarer, revient au village fuyant Arlequin, le bateleur qui l’avait séduite, et se retrouve en compagnie des deux autres devant le four du mitron et la Colombine de brioche qu’a réalisé Pierrot :

« … c’est une Colombine-Pierrette, modelée en pleine brioche avec tous les reliefs de la vie, ses joues rondes, sa poitrine pigeonnante et ses belles petites fesses pommées.
Colombine a pris Colombine dans ses bras au risque de se brûler.
- Comme je suis belle, comme je sens bon ! dit-elle.
Pierrot et Arlequin observent fascinés cette scène extraordinaire. Colombine étend Colombine sur la table, elle écarte des deux mains avec une douceur gourmande les seins briochés de Colombine. Elle plonge un nez avide, une langue frétillante dans l’or moelleux du décolleté. Elle dit, la bouche pleine :
- Comme je suis savoureuse ! Vous aussi, mes chéris, goûtez, mangez la bonne Colombine ! Mangez-moi ! »

Quelque chose me dit que Michel Tournier s’est bien amusé !

Amandine ou les deux jardins : Un peu plus mystérieux ou onirique, l’aventure d’Amandine qui, à la poursuite de sa chatte et de son petit chat rescapé, découvre un envers du décor. Pas sûr qu’un enfant y retrouve son compte. Plus certain que ça le rende tristounet ?

La fin de Robinson Crusoé : Sur un thème qui manifestement inspire Michel Tournier, c’est un conte sur l’action du temps sur les hommes et les choses, la vieillesse quoi. Un peu doux-amer.

La Mère Noël : Clin d’œil amusé sur l’opposition curé/institutrice dans un village de Bretagne. Je pense que Michel Tournier s’est fait plaisir là encore mais le sens profond passera au-dessus de la tête de nos chères petites boucles blondes !

Que ma joie demeure, enfin : Plus vraiment un conte. On est davantage dans le domaine de la nouvelle à morale. Ou comment une vocation d’artiste brisée, transformée en activité alimentaire, peut vous briser un homme. Sauf si … si … nous sommes dans un conte de Michel Tournier. Bien entendu !

Au bilan, sept contes, de force et de longueurs inégales, dans lesquels il n’y aura pas que les enfants à trouver leur compte !