Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Quel livre ! Unique !
Je préfère pas m’imaginer la tête des " biens pensants " qui sont tombés sur ce livre en 1932 !. Raides !. Tétanisés !…La langue pendante et les yeux hors des orbites !…
" Le Voyage ", c'est tout !… Sublime !. C’est Louis Ferdinand !…
Que des murs, dans un monde d’horreurs, de méchancetés, fourberies, menteries, lâchetés, vomissures, raclures et des pires encore !… Et notre Ferdinand qui navigue, tant bien que mal, plutôt mal que bien ! Pour la première et dernière fois (à ma connaissance) Louis Ferdinand se fait appeler Bardamu. C'est lui le héros de toute cette aventure !… Lui, Ferdinand Bardamu, pauvre cloche, chair à canon de quatrième classe, perdant à la loterie de la vie déjà avant que d'être né !.
À la guerre, " la grande " comme on dit, qu'était encore plus horrible que la suivante pour le couillon troupier, Ferdinand ne donne pas " l’ombre de la queue d’un " quant à ses chances de garder sa peau. Autour de lui ce sont que des chairs qui volent et des hurlements qui atteignent les mamans depuis la Somme jusqu’à Marseille !… S'ils en pleurent pas, les hommes, c’est que le temps manque et s'ils cavalent pas, fusil aux orties, c'est que les galonnés sont là, prêts à fusiller…. Ils en manquent de la chair à canon, n'en ont jamais assez !.
" On ne pouvait pas éviter tout. Depuis ce temps-là, je sais ce que doivent éprouver les lapins en garenne. ‚a vient drôlement la pitié ", qu’il nous dit Ferdinand ! Il pense qu’à tenter de se débiner, mais très risqué, ou de se faire faire prisonnier, moins risqué. Il y pensait juste, qu’il tombe, dans un village paumé, sur son mauvais ange, Léon Robinson. La même idée qu’il avait celui-là, mais l’occasion est manquée. Et l'horreur continue, même qu'il est nommé caporal, notre Ferdinand. Son moral est tellement haut qu’il nous dit, tout sec : " Invoquer sa postérité, c'est faire un discours aux asticots. ". Voyez comme il a le moral, notre Ferdinand. La Patrie et haut les cœurs, baïonnette au canon, une pensée pour les cons qu’il se dit !…
Enfin, le voilà blessé et retour à Paris !. Là il rencontre une jeune Américaine, engagée volontaire dans la Croix-Rouge avec qui il pourra longtemps et bien, très bien, " jouer au derrière " comme il appelle ça. Mais ça peut pas durer… Un soir, dans un restaurant avec elle, Ferdinand est pris d'hallucinations… Il voit plus que des ennemis aux tables d'en face, et lui de se lever et de faire mine de tirer sur tout le monde, avec le bruit des rafales et tout !… Au fou ! Qu'ils crient tous. Mais rien n’arrête Ferdinand !. Infirmiers et hôpital, direct chez les fous ! Là, s’agit pas de se faire prendre comme simulateur, sinon peloton vite fait ou retour boucherie, premières lignes, trépas garantis !… Ah ! Comme il va nous le raconter son hôpital, avec beau docteur, belles infirmières, discours patriotiques et tout et tout.
Ce ne sont pas les visites de sa mère qui lui relèveront le moral, ni ses discours. Pour elle, les pauvres (elle et lui, entre autres), " Ils avaient dû faire des sottises, sans s'en rendre compte, bien sûr, mais tout de même ils étaient coupables et c’était déjà bien gentil qu’on leur donne ainsi, en souffrant, l'occasion d’expier leurs indignités… C'était une " intouchable " ma mère. "
Ferdinand sort de l'hôpital et nous le retrouvons naviguant sur un vieux rafiot vers l’Afrique, pour laquelle il s’était engagé. On n'y meurt pas aussi sûrement, aussi vite, mais c’est pas beaucoup mieux quand même !…D’ailleurs, qu'attendre de l'homme ?. Cette bête méchante et stupide ?. " Quand la haine des hommes ne comporte aucun risque, leur bêtise est vite convaincue, les motifs viennent tout seuls. " Au fin bout du fond de la " civilisation " Ferdinand retrouvera Léon Robinson, mais qui l'abandonnera aussi sec. Lui aussi mettra les bouts et prendra un bateau espagnol pour fuir.
Un matin, face à lui, New York !… Pas couchée, ouverte, comme nos villes à nous, non : " . celle-là, l’Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur. ". Il y entrera et connaîtra les rues grouillantes de gens courant partout et nulle part, mais pressés. Il y crève de faim, verra les w.c. publics (à se tordre de rire), les hôtels minables, vue et son sur métro aérien. Il retrouvera son infirmière de la Croix-Rouge qui lui donnera quelques dollars et, surtout, toutes ces belles Américaines qui font qu’il peut pas ne pas penser " au derrière ", Ferdinand.
Une tentative comme ouvrier chez Ford puis il rencontre Molly. Une brave putain qui l'aimera et lui donnera du bel argent de son dur labeur pour qu'il puisse mieux vivre. A peine s’il se retrouvait pas mac, notre Ferdinand ! Une fois de plus il tombera sur Léon Robinson… Un grand passage du livre, l’Amérique !.
Retour Paris et il fait ses études de médecine. Celles-là finies, il s’installe toubib dans la gaie banlieue parisienne, Rancy…Il y crèvera la dalle, car trop de toubibs, il est pas assez cher, on le croit mauvais, on ne le paie pas… Juste bon pour les avortements clandestins, des belles qui font ça tous les deux ans, et toutes les autres petites cachotteries humaines, pas mieux les unes que les autres. Un détour par Toulouse (la scène de la pâtisserie et la constipation, drôle !) et le voilà de retour à Paris, plus jamais Rancy, mais cinéma Tarapout et figurations sur scène pour survivre. Ha !.Et l’abbé Protiste qui partagera avec Ferdinand les trois mille francs, prix de leur silence pour un meurtre connu d’eux !…Pas triste non plus, celle-là !… Un peu " de derrière " avec une belle polonaise et il est engagé dans un asile de fous. Robinson viendra une fois de plus l'y retrouver, mais ce sera la dernière fois car il se fera assassiner par sa belle, dans les bras de Ferdinand.
Dans " Le Voyage " Louis Ferdinand hurle la souffrance de la guerre, la méchanceté des hommes, l’hypocrisie bourgeoise et le sort ignoble des pauvres. Il dit " En tue-t-on assez des pauvres ? C'est pas sûr.C'est une question ? Peut-être faudrait-il égorger tous ceux qui ne comprennent pas ? Et qu'il en naisse d’autres, des nouveaux pauvres et toujours ainsi jusqu'à ce qu'il en vienne qui saisissent bien la plaisanterie, toute la plaisanterie. Comme on fauche les pelouses, jusqu’au moment où l'herbe est vraiment la bonne, la tendre. "
Dans ce premier livre, Louis Ferdinand ne joue pas encore avec les points d’exclamations trois points, comme il le fera par la suite. Il se limite à tordre un rien la syntaxe pour donner un rythme à sa phrase qui lui plaît davantage, à inventer des mots qui pour lui sonnent mieux, comme " rouspignolles ", " un agonique " et bien d'autres…
A peine son bouquin sorti, que Céline déclenche, bien involontairement, son premier scandale. Toute la presse et les milieux " autorisés " sont fermement convaincus que le Goncourt 1932 c’est lui. Et bien non !. Ce sera un illustre inconnu et lui, il devra se contenter du Renaudot. Il n’empêche : aujourd’hui plus personne ne sait quel est le nom du gagnant de cette année-là, mais tout le monde sait que Louis Ferdinand, avec Proust, est considéré comme le plus grand auteur français du XXe siècle !…
J’ai été long, je sais ! J'ai tenté plus court, mais avec Louis Ferdinand, je peux pas !. Je m'emballe !. Je m'emballe !. Déjà que c'est comme si j’avais rien dit !.
Les éditions
-
Voyage au bout de la nuit [Texte imprimé], roman Louis-Ferdinand Céline
de Céline, Louis-Ferdinand
Gallimard
ISBN : 9782070213047 ; 29,50 € ; 28/03/1952 ; 505 p. ; Broché -
Voyage au bout de la nuit [Texte imprimé] Louis-Ferdinand Céline
de Céline, Louis-Ferdinand
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070360284 ; 5,00 € ; 16/02/1972 ; 505 p. ; Poche -
Voyage au bout de la nuit [Texte imprimé] Louis-Ferdinand Céline [dossier par Philippe Destruel]
de Céline, Louis-Ferdinand Destruel, Philippe (Editeur scientifique)
Gallimard / Folio plus (Paris).
ISBN : 9782070394319 ; 7,98 € ; 05/09/1996 ; 557 p. ; Poche -
Voyage au bout de la nuit [Texte imprimé] Céline dossier et notes réalisés par Stéfan Ferrari lecture d'image par Agnès Verlet
de Céline, Louis-Ferdinand Verlet, Agnès (Collaborateur) Ferrari, Stéphan (Editeur scientifique)
Gallimard / Folioplus classiques
ISBN : 9782070336869 ; 10,30 € ; 30/03/2006 ; 614 p. ; Poche -
Voyage au bout de la nuit [Texte imprimé], roman Louis-Ferdinand Céline
de Céline, Louis-Ferdinand
Éd. France loisirs
ISBN : 9782724231762 ; 24,98 € ; 01/01/1986 ; 505 p. ; Relié
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Les critiques éclairs (68)
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Inoubliable
Critique de Kabuto (Craponne, Inscrit le 10 août 2010, 64 ans) - 3 avril 2022
Le théâtre de la vie !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 22 février 2022
Des années que je repoussais le moment de me lancer dans l'oeuvre du philosophe maudit.
Vilipendé par les uns, encensé par les autres, il semble que Céline soit - toutefois- reconnu comme un très Grand écrivain .
Que Fabrice Luchini lui ait consacré des spectacles entiers, récitant à l'envie des chapitres entiers de romans, ne pouvait me laisser indifférent.
L'histoire de Ferdinand Bardamu, jeune étudiant en médecine, qui s'engage dans l'armée française à l'orée de la Grande Guerre.Un "voyage" qui le mène en Afrique (les Colonies) , en Amérique (les villes verticales) et retour en France pour exercer la médecine.
Au delà du voyage géographique, Céline entraine le lecteur dans un "Voyage initiatique au coeur de la réalité du Monde" .
Un voyage, une descente aux enfers pendant laquelle toutes les médiocrités de la nature humaine sont recensées. L'ignorance, la lâcheté, l'avarice, le mensonge, l'hypocrisie, la haine et enfin... le meurtre.
Même l'Amour ne mérite pas son respect ; "L'Amour est l'infini mis à la portée des caniches"...
La seule vérité est la Mort !
Une oeuvre dense qu'il faut lire en prenant son temps car l'oeil misanthrope de Céline est partout.
Comme le dit justement Luchini : " Voyage au bout de la nuit, c'est de la poésie en prose".
J'arrive à comprendre que ce roman ait fait sensation et déstabilisé l'ordre établi.
Voilà à quoi sert la littérature !
Une oeuvre qu'il faut assurément avoir lu .
Un long voyage.
Critique de Maranatha (, Inscrit le 17 janvier 2019, 52 ans) - 20 octobre 2019
Le Voyage... semble être celui par lequel il faut commencer semble-t-il.
Allons-y gaiement.
Si l'on replace le livre dans son contexte et son époque effectivement il a dû faire l'effet d'une bombe.
Le style, les idées, la franchise des propos ont sans doute déstabiliser les lecteurs et les critiques.
Aujourd'hui qu'en reste-t-il ? Un point de mire, un repère dans la littérature française et surtout un personnage Céline qui a défrayé la chronique par d'autres écrits.
Pour autant faut-il lire Le Voyage... je dis oui, c'est un passage obligé , un livre qui a dû changer la donne même si pour nous actuellement il est difficile de se rendre compte de son impact et de ses répercussions.
Je vais être provocateur mais ce livre est un véritable moulin à tourner les pages, le style est fluide, parsemé de phrases qui font réfléchir, imposent une relecture qui fait dire Ah! ouais, pas mal.
Ce n'est pas nécessaire que je m'étale davantage, tout a été dit sur ce livre et Céline, je ne peux que donner mon humble sentiment qui est que ce livre de 550 pages se lit d'une traite et permet de faire connaissance avec le Monstre Céline.
Une fin grandiose
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 21 septembre 2017
Le style de Céline était révolutionnaire à l’époque mais ma foi, depuis le temps, les styles originaux se sont multipliés et nous en avons lu bien d’autres. Il reste que c’est une écriture parfois irritante en raison des tournures de phrases incongrues mais aussi bien sympathique car elle donne un souffle romanesque fort vivant et attachant au roman. Certaines réflexions sur la vie et la mort sont remarquables de justesse et vont droit au cœur.
Une œuvre exceptionnelle qui change de toutes les insipidités tellement décevantes qu’on nous propose aujourd’hui à coup d’encensoir et de critiques dithyrambiques comme si on ne pouvait pas se rendre compte de la nullité de leur contenu.
Un bon début.
Critique de Obriansp2 (, Inscrit le 28 mars 2010, 54 ans) - 22 novembre 2015
Il l'a écrit autour de 1920, mais dans l'histoire, il explique son hospitalisation dans les faubourgs de Paris, ses amours au bord de la Seine, mais ne voit pas les blessés et les morts de la grande guerre, sachant qu'en été 1814, 25000 français mouraient par mois.
Pis il part en Afrique, il fuit la guerre, là-bas il ne voit pas les locaux, il les décrit comme des êtres à part qui ont peur d'utiliser la route et qui ont peur des blancs. Il passe son temps à l'apéro avec d'autres blancs.
Il part pour l’Amérique, là il explique la différence de technologie, l'automate à billets dans les bus. Pis les vendeurs de hot-dogs, qu'il compare avec des femmes qui sortent et rentrent dans les grands hôtels, oui bien sûr que c'est mieux de sortir avec des jolie femmes que de manger des hot-dogs dans la rue Monsieur Céline.
La moitié du livre, il la consacre à son retour dans les faubourgs de Paris, quand la guerre est terminée. Il se moque des personnages qu'il crée lui-même. Ce couple qui achète un cabanon de banlieue alors qui lui-même fera pareil vingt ans plus tard. Il se moque aussi des personnages qui racontent des histoires, 'Moi aussi j'ai des choses à raconter', l'histoire de soldats français durant la retraite de Russie qui profitent de passer par Varsovie pour aller tirer leurs coups; certes cette histoire il l'a entendue, mais il n'élabore pas. Mais Céline a écrit d'autres livres après la seconde guerre mondiale, quant il a quitté le château en Allemagne pour fuir au Danemark, il a passé par Hambourg, il en a fait des choses là bas, il a aussi des choses à raconter, non pas une. Certes, bien sûr, les soldats après la Berezina ils avaient que cela en tête arrivés à Varsovie.
Il faut lire le début et s'arrêter à la moitié du pamphlet.
Un livre qu’on ne peut pas ne pas avoir lu !
Critique de Chakili (Floreffe, Inscrit le 30 décembre 2010, 76 ans) - 1 avril 2015
L'issue est toujours dans la fuite, vers l'Amérique cette fois, avec la découverte du capitalisme: Ford, "le dieu Dollar", les miséreux. Une lueur blanche, la seule du récit: l'amour sincère de Molly qu'il rejette comme tout le reste.
Retour en France à la recherche de fantômes, reprise des études de médecine sans pour autant sortir du gouffre: c'est dans la banlieue parisienne populeuse qu'il exerce. Cynique amoral et lâche, il fuit encore pour retrouver un emploi en asile psychiatrique et sa vie végétative, sans issue.
"On ne monte pas dans la vie, on descend (..) Elle ne pouvait plus descendre jusque là où j'étais moi… y avait trop de nuit autour de moi".
Déroutant dès les premières lignes de lecture, par le ton et le style, le récit débute par une critique décapante de "La" guerre, de la société parisienne riche et planquée, mais aussi des miséreux sans espoir. L'antimilitarisme est virulent mais étouffant de véracité. L'anticolonialisme suit dans la même veine: colons et soldats sont manipulés et sacrifiés jusque dans l'absurde au gré des intérêts hiérarchiques.
Le salut ne se trouve ni à New York, ni à Détroit où le capitalisme broie les individus.
Le retour en France permet d'évoquer l'image désespérée de la misère populaire: ivrognerie, avortements, maltraitante familiale, cupidité …
Le ton direct et une syntaxe bousculée qui rejoint l'expression populaire, côtoient un style travaillé et complexe. Bardamu, principal protagoniste, affiche un cynisme omnidirectionnel, un pessimisme létal et une lâcheté assumée. Il ne connaît aucun idéal, refuse les sentiments. Son errance est nihiliste, la vie est vide, la vérité c'est la mort, la pourriture.
Chef d'oeuvre du désespoir.
Un récit vieillissant
Critique de Spit (, Inscrit le 25 juillet 2014, 50 ans) - 30 juillet 2014
Une des plus grosses claques littéraires de ma vie
Critique de Monde imaginaire (Bourg La Reine, Inscrite le 6 octobre 2011, 51 ans) - 14 février 2014
J’ai découvert Céline en 2ème année de Fac de Lettres et ce fut un tel choc que 24 ans après je me revois penchée au dessus de Voyage au bout de la nuit, scotchée par ce roman qui m’a pris aux tripes. Je l’ai terminé pantelante, mais surtout éblouie.
Chaque phrase, chaque paragraphe s’ancraient en moi comme pour ne plus jamais en sortir.
On peut s’amuser à ouvrir le livre à n’importe quelle page, à chaque fois on a droit à une citation formidable et criante de vérité, de lucidité sur la nature humaine.
Après avoir découvert ce livre, j’ai découvert l’homme, re-claque : il faut dire qu’il se tape de sacrées casseroles le Céline ! Raciste, xénophobe, homophobe il a également à son actif des écrits accablants d'antisémitisme.
Mais, je vous en conjure ne vous arrêtez pas à la réputation sulfureuse de Céline car vous passeriez vraiment à côté d’un chef d’œuvre.
Pour en revenir au livre, il m’a laissé un souvenir indélébile : un mélange de verve incroyable, de puissance, une plume incisive qui n’épargne rien, ni personne. Mais je pense que pour cela, il faut être prêt, prêt pour se lancer dans ce voyage au bout de la nuit, au bout de l’absurdité de la vie.
Plus qu'impressionnant !
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 28 janvier 2014
Mais au fond : on ne sait pas grand-chose sur Bardamu…. Juste qu’il a une mère qui viendra d’ailleurs lui rendre visite quand il sera dans un sanatorium, en 14. Et puis c’est à peu près tout. Mince !
Quelques personnages et quelques nœuds de ce récit hallucinant (comme dirait Fabrice Luchini).
- Robinson : Léon pour ces dames. L’ami de Bardamu, rencontré pendant la guerre, puis à Détroit (Usa). Il est en mauvaise santé (estomac, poumons) rapport aux acides de l’usine où il « trime » (le mot est de lui).
- Lola : infirmière américaine qui aime la patrie, l’honneur et le devoir. Se disputera avec Bardamu à New York.
- Muzyne : jolie jeune fille et tout et tout, mais décidément trop courtisée.
- Molly : prostituée de Détroit, le grand amour de Bardamu et vice-versa. Mais ils devront se quitter …
- Mr et Mme Hemrouille : toute leur vie obsédés par l’acquisition d’une maison. Vivent avec la mère de monsieur qui s’est cloîtrée (dans un premier temps) dans sa chambre et ne veut voir personne….
- Bébert : un jeune voisin de 9 ans qui a ramassé la typhoïde. Et la tante de Bébert, concierge …
Une bonne part de ce récit – hallucinant – nous conte la vie à La Garenne –Rancy parmi des personnes d’une très grande pauvreté physique et morale –
Bardamu exerce également la médecine dans un asile pour aliénés à Vigny avec Parapine et leur directeur Baryton – Quelques jours à Toulouse avec Robinson, Madelon, madame Hemrouille – dernière promenade tragique à Montmartre avec Bardamu, Robinson, Madelon et Sophie.
De courts mais nombreux extraits ici :
http://catinus.blogspot.be/2014/01/…
Voyage au coeur du vingtième siècle
Critique de Vladivostok (, Inscrit le 14 mars 2013, 38 ans) - 26 mars 2013
C'est un livre noir certes, mais qui ne manque pas d'humour.
C'est un roman qui rompt avec le style classique, notamment par l'écriture et la ponctuation, mais je crois que tout le monde le sait même s'il n'a jamais lu une ligne de Céline.
Céline nous emmène en voyage avec lui. L'on est convié à suivre son expérience de la guerre (1ère Guerre mondiale), son voyage en Amérique, en Afrique, puis retour en France où l'on suit le quotidien d'un mèdecin dans son cabinet, puis dans un asile.
Je retiens de ce roman la critique de la guerre vue comme une absurdité, la critique du colonialisme, la critique de l'industrialisme, la cruauté des gens. Il y a aussi une critique de la psychanalyse (paroles de Baryton dans l'asile).
Aussi, en toile de fond, l'histoire de Bardamu et de ses compagnons de route : Robinson, Lola, Bébert, les Henrouille, Madelon, Parapine, Baryton, Sophie et plein d'autres...
Des personnages hauts en couleur qui ne cessent de nous subjuguer. Les plus importants de ces compagnons de route sont Robinson et Madelon, qui à eux deux forment un couple explosif. Entre l'un qui ne cesse de se plaindre de son sort, véritable boulet que tire Bardamu, et l'autre, une femme qui n'a pas confiance en elle, qui aime Robinson à en mourir. Enfin bref, je ne vais point trop en dire mais c'est une histoire qui mérite les heures de lecture.
Le syndrome du mouton
Critique de AE73 (, Inscrite le 25 janvier 2013, 57 ans) - 26 janvier 2013
Pas sûr qu'un éditeur ne s'enthousiasme aujourd'hui sur un tel livre, on a fait tellement mieux avant et après.
Alors, pourquoi l'ai-je lu jusqu'au bout ? Pour vérifier qu'il était aussi insipide sur autant de pages, qu'il n'y avait pas une lueur d'espoir qui s'élève à un moment, un sens caché à tout cela ? Je n'ai rien trouvé.
Pour moi, ne perdez pas votre temps à suivre le troupeau...
Une imposture
Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 18 août 2012
Disons le d'entrée, je fais partie de la minorité qui n'a pas aimé ce livre.
Quand je vois certaines critiques si élogieuses : « monumental, un sommet, un chef d’œuvre, ma bible (carrément!) »,ah bon ? C'est à se demander si nous avons lu le même livre ?
Certes l'histoire de Bardamu qui n'est autre qu'un avatar de Céline vaut la peine d'être lue, du moins culturellement parlant, mais alors le style... Et c'est sur ce point là que je bloque, vraiment c'est médiocre, je ne trouve pas d'autres mots.
Il est vrai qu'il y a des passages agréables, des réflexions intéressantes, mais son style ne me plaît pas, tout simplement.
Et pourtant Céline est mondialement reconnu, d'ailleurs cela a peut être une influence sur la pensée de masse où dire que l'on a lu le voyage au bout de la nuit et qu'on l'a adoré, trouvé magnifique, poignant, génial, sonne bien.
Après il est vrai qu'il faut le retranscrire en son époque, qu'il était novateur, qu'il évoque une certaine noirceur de la nature humaine, mais dans ce domaine je préfère un Bukowski par exemple, plus vulgaire j'en conviens, mais ô combien plus accrocheur.
Voyage époustouflant
Critique de Opalescente (, Inscrite le 8 novembre 2005, 42 ans) - 20 juillet 2012
Un autre avatar de Tartuffe
Critique de Radetsky (, Inscrit le 13 août 2009, 81 ans) - 27 septembre 2011
un monument..
Critique de Vincent430 (, Inscrit le 25 août 2010, 41 ans) - 9 septembre 2011
premièrement, je m'étais fait une idée de "voyage au bout de la nuit" et plus généralement de Céline une idée radicalement différente de ce que j'ai trouvé en ouvrant le livre
Bardamu, notre héros, qui nous rappelle étrangement l'auteur lui-même, nous raconte ses pérégrination à travers la guerre mondiale, ses voyages en Afrique puis aux Etats Unis, où il vagabonde enveloppé par l'ombre d'une noirceur empreinte d'un cynisme acide...
Bardamu méprise, exècre, vomit la terre entière, à commencer par lui-même
mais cette noirceur nous enveloppe, nous berce, nous emporte, au gré d'un style à la fois cru et brillant, à la façon des dialogues d'Audiard, qu'il a d'ailleurs beaucoup inspiré...
ouah!
Critique de Oreip75 (, Inscrit le 23 août 2011, 45 ans) - 23 août 2011
Ce livre, c’est la quadrature du cercle, bien glauque "qu’il est" , le cercle – avec si possible plein d’asticots dedans- mais au milieu il y a une telle lumière qui éclaire nos petites existences !
C’est du jus d’humain concentré, et on sait pas si vaut mieux s’en servir de poison ou de vaccin.
Ca y est, lui, il se la raconte, il se prend pour Céline vous allez dire, mais désolé, c’est l’enthousiasme !
N’y a-t-il pas d’espoir ?
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 24 juillet 2011
Découvrant aujourd’hui Voyage au bout de la nuit, j’ai été moins surpris et l’impression créée par le style a été moins forte. Mon esprit en a été d’autant plus libre pour suivre ce voyage initiatique à l’envers, cette anti-odyssée, des champs de bataille de la première guerre mondiale à l’Afrique, puis l’Amérique pour finir dans une banlieue pauvre de l’Ile de France. Là, le médecin Céline/Bardamu doit affronter la maladie mais surtout la peur, la pauvreté, la lâcheté, le vice. A part la tendre et généreuse Molly, pas un personnage qui ne trouve grâce sous la plume de l’écrivain, tous sont vus sous le filtre du pessimisme le plus noir. Et c’est d’autant plus désespérant qu’on sent que la vérité n’est jamais très loin...
Une lecture terrible et inoubliable
Lecture rebelle
Critique de Neovir (Lyon, Inscrit le 14 juin 2010, 47 ans) - 3 juillet 2011
Mais là... en apprenant qu'on faisait une croix sur la commémoration du cinquantenaire de la mort de cet écrivain (que tant de gens considèrent comme un génie), j'avoue que j'ai eu une nette envie d'en savoir plus.
Eh oui, je suis comme ça. Je n'aime pas qu'on me dise quoi penser, quoi lire, quoi croire ou quoi dire. D'autant plus quand je méprise au plus haut point ceux qui ont le culot de vouloir m'imposer leur vision du monde.
Bref, j'ai voulu en avoir le cœur net. Je me suis payé un exemplaire de poche du Voyage au bout la nuit. Résultat ? Ce n'est pas une lecture qui me laissera un grand souvenir.
Le style qu'on dit si fabuleux ne m'a pas renversé. Je m'attendais à une grande baffe en plein visage, je n'ai eu qu'un petit soufflet très discret. Il y a en effet quelques passages d'anthologie, mais sur l'ensemble du roman, j'ai trouvé l'écriture bien en dessous de ce que j'attendais (on me parlait de génie, j'attendais du génie !).
Quant à l'histoire... là encore, tout le monde parle d'exploration sans concessions des ténèbres et de l'horreur du monde... tandis que pour moi tout cela semble bien banal.
Alors de deux choses l'une, soit je suis un grand pessimiste totalement dénué d'illusions sur la nature humaine (ce qui est fort probable), soit les amateurs de Céline sont de gentils naïfs peu conscients du monde dans lequel ils vivent (ce qui me rassurerait un peu).
Remuer la crasse
Critique de Ngc111 (, Inscrit le 9 mai 2008, 38 ans) - 8 mai 2011
Voilà ce que Céline semble exprimer avec Voyage au bout de la nuit. Sombre et tortueux, ce périple d'un narrateur exécrant nombreux penchants de la race humaine semble vouloir remuer la crasse dans laquelle se trouve l'être humain. Remuer la crasse, ne pas l'en sortir, notez bien !
Pour cela l'auteur fustige le comportement finalement volontaire et inné de tuer (à la guerre ou non). L'être humain est fait pour procréer ? Céline voit plutôt en lui une volonté inconsciente de tuer l'autre ; et la guerre est un prétexte idéal, pour les soldats comme pour les civils, de donner libre cours à ses désirs enfouis les plus sordides. La première moitié du roman est pour cela parfaite, s'acharnant à détruire tout principe, à dénaturer la vie elle-même, à en extraire le jus purulent. En Europe comme en Afrique, il n'y a rien de beau, seulement la folie, la survie et cette inexorable échappée de la mort.
Le style adopté est efficace, mélange de langage parler populaire et de considérations plus littéraires. Cela renforce le côté autobiographique de ce qui est une œuvre de fiction.
Et le lecteur de s'enfoncer dans la nuit, dans la détresse humaine...
La deuxième moitié est un peu plus ennuyeuse, entre redites sans inspirations (quand la première est une mine d'or à citations) et rythme poussif. Malgré tout elle n'est pas inintéressante, loin de là, et apporte quand même quelques thèmes propre à elle. Ainsi l'être humain ne semble pas non plus fait pour aimer ; l'amour ne sert à rien, la place des femmes pour le narrateur devient celle d'un objet sexuel, la satisfaction d'un désir primaire. Après la construction de la "fonction" meurtrière, Céline enchaîne avec la déconstruction de l'idée d'amour.
Quant au narrateur, il ne s'enfonce finalement guère plus dans la nuit, laissant ce rôle à son compagnon (son double ?) Robinson, qui, lui ira de plus en plus au-delà des limites. Dans la folie ? Pas sûr, en tout cas dans une inconscience de certains de ses actes et de leur portée.
Inégal et un petit peu plombé par une fin poussive, Voyage au bout de la nuit reste un grand roman, que l'on se doit d'avoir lu, avec à l'esprit que c'est un livre très sombre, pessimiste et cru tant dans son vocabulaire que dans ses idées. Et ce même si l'auteur joue parfois dans un registre burlesque aux confins de la mort.
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Critique de Corentin (, Inscrit le 24 janvier 2011, 29 ans) - 16 avril 2011
Stupéfié devant un style incroyablement novateur et poétique, bouleversé devant cette affreuse vision d'un monde de brutes et fasciné par la manière dont se mélangent les deux et d'où ressort ce qui fait toute la force du livre: le mélange entre cruauté jamais gratuite, amour des autres et burlesque.
Céline déchire les règles de la société que ce soient ses valeurs (l'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches) ou son langage puritain
Céline a ainsi réussi sans détours à faire voir l'horreur de la vérité et de la vie avec au bout la mort.
Quel chef-d'oeuvre !
Critique de Francesca (, Inscrite le 20 juillet 2010, 70 ans) - 13 avril 2011
Une vision de l'homme, du monde, de l'amour, de la guerre, des colonies, de l'Amérique absolument unique !
La première moitié - sublime - est constituée de trois épisodes dont chacun est un chef d'oeuvre en soi : le "héros" Bardamu participe à la guerre 14/18, découvre l'Afrique coloniale, puis l'Amérique du Nord !
La seconde partie ne démérite en rien mais je ne peux citer tous les épisodes qui vont jalonner le parcours de Bardamu, abîmé par la guerre, déçu par l'amour, médecin plein d'humanité mais tellement lucide devant la pauvreté, la maladie, le mensonge, les "entourloupes" en tous genres !
L'écriture célinienne... la poésie célinienne ! déclenche autant le rire que l'émotion. Chaque page vous assène une vérité sur l'homme, sur le monde, et de quelle manière !... on a envie de souligner, d'apprendre par coeur. L'émotion est à toutes les lignes ! Et dans un style à aucun autre pareil !
A tous ceux qui ne connaissent pas encore ce chef-d'oeuvre, je veux dire "lisez le Voyage, lisez Céline !" C'est vraiment le plus grand !
Dans mon panthéon personnel, Céline est en tête sans aucun doute, et aussi Yourcenar, et Cohen et Giono. Quand on lit ces écrivains, on se sent grandir en humanité !
une lecture difficile, mais est-ce un défaut?
Critique de Killeur.extreme (Genève, Inscrit le 17 février 2003, 43 ans) - 1 mars 2011
Disons que ma lecture a été un peu en dent de scie, j'ai trouvé certains passages grandioses et je me suis ennuyé sur d'autres, peut-être que ce livre se lit à petite dose ou que l'image que Céline donne de la société de son époque, et de la nôtre car les similitude sont trop nombreuses, est si négative, et en même temps réaliste, qu'au bout d'un moment je me suis senti saturé et en même temps je n'ai pas interrompu ma lecture, même si j'ai lu d'autre livres pour sortir un peu ce voyage.
Alors verdict: une lecture difficile où j'ai dû insister, j'ai eu la même impression avec "Madame Bovary" la lecture n'a pas été facile, mais je ne regrette pas. J'essayerai "Mort à crédit" pour voir.
Un sommet littéraire
Critique de Zagreus (, Inscrit le 16 novembre 2010, 40 ans) - 8 décembre 2010
P.S : maintenant tu peux nous le dire Fenitra...Tu n'as pas lu le "Voyage", pas vrai ? 5 étoiles pour ta mauvaise foi...
De la M... (terme qui revient souvent dans le livre)
Critique de Fenitra (, Inscrit le 12 novembre 2010, 35 ans) - 8 décembre 2010
Incontournable
Critique de Nowhereboy (Rennes, Inscrit le 7 décembre 2010, 45 ans) - 7 décembre 2010
S'il n'en fallait qu'un...
Critique de Chameau (, Inscrit le 10 novembre 2010, 44 ans) - 5 décembre 2010
Cherche talent, désespérément
Critique de Gnome (Paris, Inscrit le 4 décembre 2010, 53 ans) - 5 décembre 2010
Style : affligeant
Histoire : pénible
Talent : inexistant
Empreinte : nulle
Voyage au bout de la nuit fait partie des impostures littéraires. J'éprouve plus de "plaisir" à lire du Marc Levy. C'est peu dire.
Un grand livre
Critique de Fabulan1968 (montpellier, Inscrit le 4 août 2010, 56 ans) - 23 novembre 2010
J'avais beaucoup d'appréhension avant d'ouvrir le "voyage", ça tenait de tout ce qui a été écrit sur Céline (son antisémitisme...).
Plongez-vous dans le livre vous ne serez pas déçu.
Un chef d'oeuvre absolu
Critique de Bartleby (Piré sur seiche, Inscrit le 14 octobre 2010, 48 ans) - 14 octobre 2010
Pierre Angulaire
Critique de Eviradnus (LYON, Inscrit le 14 février 2010, 39 ans) - 19 juillet 2010
Une écriture qui va aux confins du langage et bascule dans l'oralité...
Pour toutes ces raisons, "Voyage au bout de la nuit" fait partie de cette catégorie des "élus", ces livres qui auront tout changé et constitué une base sur laquelle s'appuie la littérature pour évoluer...
A lire à tout prix.
Un très long voyage
Critique de Coutal (, Inscrit le 11 juin 2007, 37 ans) - 6 juin 2010
Et pourtant quand on creuse un peu, l'absence de but de Ferdinand Bardamu peut s'apparenter à l'absurdité des choses qu'il traverse, qui elles-mêmes ne semblent pas avoir de but : la guerre, l'Afrique coloniale, l'industrie américaine, sa routine de docteur en banlieue.
Ce roman est parsemé de nombreuses réflexions qui font tout l'intérêt du livre.
Je pense qu'il faut quand même une certaine maturité pour commencer ce livre (et surtout, ne pas être en dépression).
Ah! On remet le voyage en route?
Critique de Adrien34 (, Inscrit le 18 janvier 2009, 34 ans) - 16 mai 2010
"La religion drapeautique remplaça promptement la céleste, vieux nuage déjà dégonflé par la Réforme et condensé depuis longtemps en tirelires épiscopales. Autrefois, la mode fanatique, c'était "Vive Jésus! Au bûcher les hérétiques", mais rares et volontaires après tout les hérétiques... Tandis que désormais, ou nous voici, c'est par hordes immenses que les cris " Au poteau les salsifis sans fibres! Les citrons sans jus! Les innocents lecteurs! Par millions face à droite!" provoquent les vocations. Les hommes qui ne veulent ni découdre, ni assassiner personne, les Pacifiques puants, qu'on s'en empare et qu'on les écartèle"
Voyage miséreux dans la pauvreté de l'âme humaine à travers les bassesses quotidiennes. Qu'on emporte ce monde lourd d'ahuris heureux, au loin, très loin, et qu'on n'en parle plus...
5 étoiles pour "Voyage au bout de la nuit".
Critique de Auster69 (, Inscrit le 24 avril 2010, 64 ans) - 24 avril 2010
Révolutionnaire
Critique de Parasite (Paris, Inscrit le 16 janvier 2010, 34 ans) - 31 janvier 2010
A noter le passage à New-York qui est absolument fascinant de par ses critiques, son atmosphère mais aussi de par les personnages qui y évoluent.
Quel voyage.
Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 5 janvier 2010
Comment ne pas citer un des nombreux sublimes passages qui jalonnent ce livre et donne un bel exemple du style et de l'ambiance du livre :
"Il y a les boyaux. Vous avez vu à la campagne chez nous jouer le tour au chemineau ? On bourre un vieux porte-monnaie avec les boyaux pourris d'un poulet. Eh bien, un homme, moi je vous le dis, c'est tout comme, en plus gros et mobile, et vorace, et puis dedans, un rêve. "
Ma lecture du voyage s'est passée avec une fluidité extraordinaire, le débit des mots est très maîtrisé. J'ai consulté les vidéos disponibles sur le ouèb pour m'imprégner de l'auteur. Quel délice d'entendre cette voix d'outre-tombe, cette provocation teintée d'espièglerie. Son père était correspondancier, sa mère dentelière, qualités très présentes dans l'ouvrage écrit dans un style très soigné et aussi dense et aérien qu'une dentelle. Je crois que je suis en train de devenir un grand fan de Céline.
Une grande oeuvre
Critique de Leroymarko (Toronto, Inscrit le 19 septembre 2008, 51 ans) - 28 juillet 2009
Il va sans dire que Céline a beaucoup fait parler en publiant cet ouvrage au début des années 30. Il va sans dire aussi que malgré son âge, ce livre reste d’actualité.
Ouvrage écrit d’un style vif, fougueux, cinglant. Céline y va souvent de superbes envolées littéraires. Il se veut un excellent conteur. On ne referme pas facilement ce livre une fois qu’on a entrepris notre propre voyage. J’ai déjà hâte de le relire!
Une grande oeuvre
Critique de Lolita (Bormes les mimosas, Inscrite le 11 décembre 2001, 38 ans) - 9 juillet 2009
Différence.
Critique de Smokey (Zone 51, Lille, Inscrite le 12 août 2008, 38 ans) - 12 avril 2009
"Des mots, il y en a des cachés parmi les autres, comme des cailloux. On les reconnaît pas spécialement et puis les voilà qui vous font trembler pourtant toute la vie qu'on possède, et toute entière, et dans son faible et dans son fort... C'est la panique alors... Une avalanche... On reste là comme un pendu, au-dessus des émotions..." (p.487).
Kaléidoscope
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 2 mars 2009
Car si l'ouvrage est incontournable, magistral, chef-'oeuvresque, ce n'est pas par sa construction qu'il brille de mille feux.
Presque Céline nous ferait une simili-invention du roman à épisodes tant les premières parties pourraient être disjointes les unes des autres : Bardamu à la guerre, Bardamu à l'arrière, Bardamu en psychiatrie, Bardamu en Afrique, Bardamu à New York puis, et ça devient plus lié, Bardamu à Rancy. Non, Céline n'a pas, sur ce coup-là, maîtrisé la conception de son roman ! Ce côté « Tintin au Congo », « Tintin en Amérique », déjà évoqué par d'autres, me paraît, à moi, un peu curieux.
Cette réserve mise à part, reste l'énorme talent d'écriture de Céline. Ce souffle qu'il fait passer en permanence, une véhémence mise au service de son scepticisme quant aux qualités de l'être humain. C'est sûr que son postulat de base n'est pas que, livré à lui-même, l'homme serait naturellement bon. On est loin de Rousseau !
J'ai l'impression que Céline voudrait avoir foi en l'homme mais que, définitivement, par nature ou expériences successives, il n'a pu que constater la chiennerie (comme il dirait) de la nature humaine, et se résoudre à n'y voir que cela.
« Et quand je serai mort, est-ce l'honneur de ma famille qui me fera ressusciter ? … Tenez, je la vois d'ici, ma famille, les choses de la guerre passées … Comme tout passe … Joyeusement alors gambadante ma famille sur les gazons de l'été revenu, je la vois d'ici par les beaux dimanches … Cependant qu'à trois pieds dessous, moi papa, ruisselant d'asticots et bien plus infect qu'un kilo d'étrons de 14 juillet pourrira fantastiquement de toute sa viande déçue … Engraisser les sillons du laboureur anonyme c'est le véritable avenir du véritable soldat ! Ah ! Camarade ! Ce monde n'est je vous l'assure qu'une immense entreprise à se foutre du monde ! Vous êtes jeune. Que ces minutes sagaces vous comptent pour des années ! Ecoutez-moi bien, camarade, ...
.../...
Je vous le dis, petits bonshommes, couillons de la vie, battus, rançonnés, transpirants de toujours, je vous préviens, quand les grands de ce monde se mettent à vous aimer, c'est qu'ils vont vous tourner en saucissons de bataille … C'est le signe … Il est infaillible. »
Ce qui est fascinant chez Céline, c'est sa philosophie de la vie et son art oratoire véhément, qui bouscule tout, qui emporte tout. Cet homme était entier, c'est une évidence. Et bon choix fait, ou mauvais choix, capable d'assumer jusqu'au bout ses convictions ancrées sur le socle de ses certitudes. Certainement pas un misanthrope, plutôt un grand blessé de la vie qui ne voyait plus que la petitesse de la vie. Et c'est vrai qu'elle peut être petite. Parfois et par certains côtés.
Pourquoi n'ai-je pu m'empêcher, le lisant, de songer à « La Belle du seigneur » d'Albert Cohen ? La même évidence, sans pouvoir clairement l'expliquer, d'être face à un monument. D'en agripper des pans pour progresser, sans jamais tout saisir, sans pouvoir vraiment se l'approprier. Mais, comme au sommet d'une falaise, d'être parvenu au sommet en utilisant une voie. Une voie à côté d'infinies d'autres possibles.
Ah! Céline...
Critique de Kikiliberte (, Inscrite le 10 avril 2008, 70 ans) - 1 août 2008
Et, malgré tout ce qui a pu être dit, écrit sur l'auteur lui-même, ses idées, il reste mon auteur préféré...
J'ai découvert UN GENIE, un talent exceptionnel.. même si ses idées sont tout à fait contestables, évidemment... et même si je me fais traiter de "facho" par des ignares ne l'ayant pas lu...
Indispensable
Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 28 mars 2008
Un auteur détestable pour ses idées, mais remarquable pour son style et sa force de conviction : ce livre, violemment anti-militariste, nous entraîne dans un tourbillon d'émotions. Un joyau noir de la littérature, un livre difficile à digérer, mais sensationnel.
Immense...
Critique de Roi Lear (, Inscrit le 17 août 2007, 41 ans) - 18 août 2007
Céline crache sur l'humanité avec un cynisme, une drôlerie, une beauté inégalées. L'écriture est géniale, les sentiments d'impuissance, d'horreur, d'épouvante ressentis à la lecture sont d'une profondeur extrême.
Personne ou presque n'a dépeint avec autant de génie la misère de la condition humaine. Il faut de la colère, de la souffrance; une culture et une intelligence extrêmes pour écrire une oeuvre comme celle-ci.
Bardamu, type intelligent et singulier, va traverser, souvent impavide, les horreurs de la vie des hommes et nous la montrer avec une élégance inouie. Modestie, impuissance, gravité, tout y est... je ne trouve pas les mots. A lire absolument.
Dis-moi, Céline, les années ont passé…
Critique de Jean Meurtrier (Tilff, Inscrit le 19 janvier 2005, 49 ans) - 7 mai 2007
Heureusement, notre voyageur nocturne a le don de tourner certaines situations dramatiques en ridicule, surtout dans la première partie de l’œuvre, délicieusement chaotique, où s’enchaînent les mésaventures, à la manière de Tintin (au Congo et en Amérique bien entendu), l’héroïsme en moins. Dans cette histoire sans structure apparente, seul Léon Robinson semble être récurrent, fil rouge parallèle au destin de Ferdinand.
A son retour des Etats-Unis, Ferdinand perd de son mordant, et l’histoire de son entrain. A partir de ce moment le livre s’arrêterait au bout de n’importe quel chapitre que ça ne choquerait pas. Les petites anecdotes du docteur Bardamu ne sont plus que des dénonciations de la mesquinerie humaine. Céline a clairement puisé ses personnages dans son environnement direct (sa clientèle?) tant ils paraissent réels. Il en a ensuite appuyé les traits de caractères les plus nauséabonds afin de maintenir la médiocrité ambiante. D’abord acteur, Ferdinand devient spectateur. L’intérêt glisse progressivement de Ferdinand vers Robinson, son compagnon de route, pour qui le terminus est imminent.
Le style, proche du langage parlé, n’est pas aussi vulgaire que je le redoutais. L’écriture est même carrément remarquable, quelle que soit la misère décrite. Les dialogues volent parfois bas mais sonnent toujours juste. La répétition du sujet ou du complément en fin de phrase heurte un peu la lecture, mais a le mérite de dynamiser la narration.
L’auteur est un personnage très controversé, à raison. Toutefois je dois reconnaître, sur base de ce premier roman, que Louis-Ferdinand Céline est un conteur extraordinaire!
Sacré style
Critique de Soili (, Inscrit le 28 mars 2005, 52 ans) - 20 septembre 2006
Ce livre est un chef d'oeuvre effectivement mais non pas pour l'histoire somme toute relativement banale mais par le style développé par l'auteur. Ses envolées qu'il peut avoir sur certains sujets parfois assez peu ragoûtants , sont tout simplement grandioses, de la grande littérature , un style percutant , de la verve, à coté de ça on pourra regretter parfois quelques lourdeurs .
Un grand talent , un style hors norme, cela mérite le détour malgré la complexité.
Indispensable
Critique de Kotetsu (, Inscrit le 26 décembre 2005, 39 ans) - 26 décembre 2005
UN MONUMENT!
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 4 décembre 2005
Rien sans doute... alors laissons l'auteur parler... voici donc la très fameuse arrivée en Amérique :
"Figurez-vous qu'elle était debout leur ville, absolument droite. New York c'est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux même. Mais chez nous, n'est-ce-pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s'allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là l'Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur."
CÉLINE on aime, ou on n'aime pas, mais au moins à sa décharge, il ne laisse personne indifférent...
A lire, pour se faire sa propre idée...
Voyage au bout de la nuit
Critique de Neithan (, Inscrit le 19 juin 2005, 37 ans) - 21 juin 2005
C'est donc l'histoire de Ferdinand Bardamu, qui va se retrouver projeté en pleine guerre 14-18, et qui en gardera des séquelles à vie et dans tout ce qu'il entreprendra par la suite: durant son voyage en Afrique en plein coeur des colonisations, son voyage en Amérique, sa carrière de médecin et enfin celle de directeur d 'asile psychiatrique... En cela, le livre m'a fait énormément penser à ce film, Forrest Gump, l'histoire d'un type qui a fait la guerre, qui voyage, c'est le récit de ce type un peu paumé aussi, et tout comme dans le Voyage, il fait la connaissance de personnes qu'il croisera et recroisera dans toute les étapes de son existence... Même si il contient beaucoup plus d'espoir que le livre... Enfin bref, revenons au Voyage!
Lorsqu'il écrit, Céline vit avec le langage, en fait une écriture aussi vivante que la parole, et c'est grâce à cela qu'il nous décrit si bien l'horreur de la guerre, le colonialisme, la médiocrité, la société... Le langage de Bardamu, le héros, est justement là pour exprimer ce que les misérables du monde entier ne sauraient exprimer, leurs sombres et atroces vies... Ici, Céline leur donne une voix. Ce livre est le témoignage de l'auteur, homme broyé par la guerre et l'après guerre, et qui nous balance son mal en pleine figure... C'est beau, c'est terriblement beau et poétique, notamment la fin, où Bardamu se retrouve seul au bord du canal. Un remorqueur siffle au loin comme s'il souhaitait emmener tout ce qui existe: « tout, qu'on en parle plus ».
Ce livre est marquant, troublant, on n'en sort plus... Il m'a juste fallu quelques pages pour m'habituer et bien m'imprégner du langage et du manque de virgule... Mais il reste peut-être le meilleur voyage littéraire qu'il m'ait été donné d'accomplir...
Quelques passages:
« On n'est jamais trop mécontent qu'un adulte s'en aille, ça fait toujours une vache de moins sur la terre, qu'on se dit, tandis que pour un enfant, c'est tout de même moins sûr. Il y a de l'avenir. »
« Là-bas tout au loin, c’était la mer. Mais j’avais plus rien à imaginer moi sur elle la mer à présent. J’avais autre chose à faire. J’avais beau essayer de me perdre pour ne plus me retrouver devant ma vie, je la retrouvais partout simplement. Je revenais sur moi-même. Mon trimbalage à moi, il était bien fini. A d’autres !… Le monde était refermé ! Au bout qu’on était arrivés nous autres !…
Certainement le + grand livre de tous les temps
Critique de Rcapdeco (Paris, Inscrit le 19 mai 2005, 46 ans) - 19 mai 2005
Tout d'abord pour le style, révolutionnaire. C'est l'entrée fracassante du langage parlé dans la littérature française. Un livre où l'argot cotoie le sentencieux, sans jamais déparer.
Un cri de désespoir immense. Céline est résolu de cracher sur l'humanité, d'accord. Mais il crache le Niagara tout entier.
Ne vous arrêtez pas au début, on est tellement habitué à lire des phrases bien formulées. Céline bâtit des parthénons avec des excréments, et c'est bien plus compliqué qu'avec du marbre
La partie sur la guerre est extraordinaire. Ce roman vaut pourtant plus pour son style que pour ses idées, comme toute l'oeuvre de Céline.
A ne pas louper
Profession de foi empoisonnée
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 8 mai 2005
Ce serait une oeuvre véritablement géniale s'il ne s'agissait pas d'une profession de foi personnelle. Je n'ai pas pu m'en défaire, si bien que j'ai plus été attaché au fond qu'à la forme, si bien que j'ai trouvé cela horrible, presque abject.
Avec recul, je met 1,5/5, car je perçois bien le bon côté de l'oeuvre et son aspect didactique, mais, de manière très subjective, j'avoue avoir été tenté de mettre 0,5. 1,5, c'est le prix du scandale...
...
Critique de NimReplica (Jumet, Inscrit le 24 février 2005, 45 ans) - 11 avril 2005
J'ai trouvé ce livre extrêmement ennuyeux. Le style est vraiment trop familier (pour ne pas dire abrutissant de vulgarité). Les descriptions sont ennuyeuses et répétitives, ...
Au niveau du style, je trouve ce livre déplorable. On m'avais parlé des changement de registre propres au style de Céline, mais je trouve que passer du "pompeux" au plus bas que médiocre c'est un peu exagéré.
En ce qui concerne la fond, je dirais que je suis prêt à accepter l'idée que cela a été écrit dans ce but, mais je ne peux qu'éprouver le plus grand dégoût vis à vis des personnage et de la société dans laquelle il évolue.
Je ne peux m’empêcher de penser que Céline a péché par excès et a fait de cette histoire le livre le plus ennuyeux et le moins intéressant qu'il m'ait été donné de lire.
L'oeuvre et l'écrivain
Critique de Maria-rosa (Liège, Inscrite le 18 mai 2004, 69 ans) - 28 mars 2005
Une oeuvre à part dans la littérature
Critique de Le chat Bébert (Paris, Inscrit le 28 mars 2005, 48 ans) - 28 mars 2005
Un trait trop souvent (et injustement) passé sous silence à mon goût : son ironie délicieusement cruelle, et tellement lucide. La description de la tuerie de 14-18 (le fameux "manque d'imagination" des hommes) et l'épisode de la croisière africaine sont pour moi absolument irremplaçables.
Un livre tout à fait à part, insaisissable, rétif à toute récupération idéologique et dont les ambiguïtés renforcent le mystère et l'attrait.
Excellent
Critique de Manu55 (João Pessoa, Inscrit le 21 janvier 2004, 51 ans) - 25 mars 2005
"Tant qu'à s'ennuyer, le moins fatiguant, c'est encore de le faire avec des habitudes bien régulières."
"Céline, c'est un tout."
Critique de Rotko (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans) - 12 mars 2005
Par la suite, des gens qui avaient admiré le voyage en 1932 ont vu clair en 1936 avec "Mort à crédit". Nizan par exemple dit sa déception de s'être laissé berner : "c'est assez la philosophie de Ravachol : elle ne va pas loin. Il y avait dans le Voyage une inoubliable dénonciation de la guerre, des colonies. Céline ne dénonce plus aujourd'hui que les pauvres et les vaincus [...] M Céline est comme tant d'autres : il fait seulement semblant de dire la vérité. Mais il ment".
je préfère remettre ici le post que j'avais mis dans le forum général et qu'il faudrait détruire.
j'ai lu
Emile Brami, "Céline" aux éditions Ecriture.
9009240533.
Emile Brami se présente comme un admirateur de Céline, un "amour de jeunesse", pour ainsi dire. La "promenade" de Brami va à reculons : il part du 4 juillet 1961, date de l'enterrement et remonte étape par étape le cours de sa vie et de sa production.
Cet ouvrage est bien fait avec de nombreuses références aux textes de Céline, à ses lettres, à ses ouvrages, aux témoignages de ses amis et aux considérations des critiques. A la fin du livre, une bibliographie très complète, et un index très pratique.
On parle de l'homme bien sûr, un fieffé menteur, un lâche qui renie contre toute évidence ce qu'il a pu dire ou écrire, toujours à se plaindre, hargneux, haineux, à la fois cupide et d'une grande pingrerie. Avec des qualités, aussi, plus discrètes, et qu'il revendique moins que ses défauts ! Quant à son rôle politique, disons-le brièvement : on le sait xénophobe, raciste, antisémite, et des écrits regorgeant d'injures comme "bagatelle pour un massacre" 1937 ne sont pas innocents. On y voit la politique du personnage. Céline pendant l'Occupation encourageait Allemands et Vychissois à plus de sévérité envers les Juifs, notamment dans l'hebdomadaire "le pilori" . Il appelait au meurtre . Il a effectué aussi des dénonciations nominales, et même écrit des lettres personnelles de dénonciation à Doriot.
Parlons pour l'instant de son écriture : Céline la définit comme "une langue orale qui met de l'émotion dans l'écrit". Pour Brami, la phrase célinienne est inimitable :
"l'emploi massif des points d'exclamation et de suspension vaporise les mots qui prennent dans un rythme différent, d'autres sens plus changeants ou plus subtils que ceux qui leur sont ordinairement attachés. Ils acquièrent par la modification des contextes et le nouveau tempo que l'auteur leur imprime, une forme d'abstraction chantante".
Encore faut-il voir l'évolution du style de "Voyage au bout de la nuit", à "Mort à crédit" et dans les oeuvres ultérieures, notamment les pamphlets.
Y aurait-il un bon Céline, celui du "Voyage" et celui des oeuvres ultérieures ?
Pol Vandromme in Céline, éditions universitaires de France, 1963, voit dans cette distinction un "jeu ridicule". "Tous les livres d'un grand écrivain comptent : ce sont les maillons d'une chaîne. Briser la chaîne, c'est briser le charme. Cette stupidité est d'autant plus impardonnable qu'il s'agit de Céline. Il y a deux catégories d'écrivains : ceux qui se contredisent et ceux qui se répètent. Céline est de la seconde catégorie. Il écrit toujours le même livre ; mais il ne l'écrit jamais de la même manière. Tout est dans la différence d'accent. L'accent grave, Céline l'a placé dans ses romans ; l'accent aigu sur ses pamphlets [...]
Les pamphlets "vérifient" l'oeuvre romanesque. Sur cet univers, ils posent la grille qui l'explique et qui restitue sa société secrète".
Telle semble être la position de Philippe Roussin, chargé de recherches au CNRS, et auteur de Misère de la littérature, terreur de l'histoire.essais gallimard qui voit en Céline une sorte de référent symptomatique de cette tendance à l'outrance, qui est une caractéristique de la langue pratiquée par l'extrême droite... Différents points particuliers sont abordés sur http://liensutiles.forumactif.com/forum19_CyberLiv…
ma bible
Critique de Gab (bruxelles, Inscrite le 31 décembre 2004, 50 ans) - 3 février 2005
Comment survivre à l'absurdité
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 17 juin 2004
Heureusement, au milieu de ces miasmes, Ferdinand Bardamu est encore capable, au creux de ses désillusions, de faire preuve de naïveté. « Ca serait pourtant pas si bête s’il y avait quelque chose pour distinguer les bons des méchants. » C’est ainsi qu’une certaine fraîcheur se dégage, envers et contre tout, notamment grâce au langage qu’il utilise, un langage direct, simple, « tout droit dehors ». Et puis Bardamu est parfois confronté au cocasse, lorsque les vilaines intentions sont punies et que les bombes n’explosent pas là où elles devraient !
L’espoir qui persiste à se lover au sein du désespoir : « C’est peut-être ça qu’on cherche à travers la vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir. » Néanmoins, le désenchantement domine, ou peut-être me suis-je laissé toucher davantage par cet aspect.
Visionnaire
Critique de Benoit (Rouen, Inscrit le 10 mai 2004, 43 ans) - 17 mai 2004
Une réussite totale!
J'ai lu, relu et je relirai
Critique de Ocenebres (Liège, Inscrit le 12 avril 2004, 68 ans) - 12 avril 2004
pompant à force d'avoir été pompé
Critique de B1p (, Inscrit le 4 janvier 2004, 51 ans) - 15 mars 2004
Malheureusement, j'ai lu ce monument de Louis-Ferdinand Céline après avoir déjà épuisé bon nombre de récits qui s'attachent à décrire la médiocrité de l'homme moderne, d'où mon regard blasé sur la prose de Louis-Ferdinand. Reste tout de même la beauté de la langue (bien naïvement je pensais que le langage "à la Queneau" avait été inventé par ce cher Raymond avant de me rendre compte de "Voyage ..." était sorti avant) et quelques fulgurances qui font toujours mouche septante ans plus tard ("On échappe pas au commerce américain")
l'exception qui confirme la règle
Critique de Ada (, Inscrite le 9 mars 2004, 48 ans) - 9 mars 2004
Voyage au bout de nulle part
Critique de Vigno (, Inscrit le 30 mai 2001, - ans) - 26 décembre 2003
Mais quel désespoir, tout de même! Rien ne résiste à l'oeil cynique de Céline. Les humains ne sont que monstres de perversion que les asticots attendent patiemment, les femmes sont toutes plus ou moins sottes, l'amour est un sentiment ennuyeux. Français, Américains ou Africains, tous des tordus, de la racaille, peu importe le niveau dans l'échelle sociale! Lâches, peureux, exploiteurs, égoïstes, assassins, pédérastes, batteurs de femmes, manipulateurs et manipulatrices, trompeurs, tricheurs et tricheuses, misanthropes, démissionnaires, complaisants de touts acabits, mesquins et mesquines, petitesses, bref tout y passe. Quant aux rapaces qui dirigent les armées, ce sont des fous furieux, des tortionnaires qui assouvissent leurs instincts belliqueux par le biais de pauvres idiots comme Bardamu ! Il n'y a que l'enfant Bébert qui illumine un peu ce livre de lumière, seulement "un peu", car il meurt assez vite. La nature est sinistre et les villes sont sales, puantes. Que ce monde est désolant!
A vrai dire, j'ai lu ce livre et, malgré ce que je viens d'écrire, j'ai souvent ri. La charge est tellement forte; le nihilisme, tellement total! Mais l'écriture, tellement géniale!
On a sans doute besoin d'auteurs comme Céline! Heureusement tous les auteurs ne sont pas des Céline!
Livres à lire à haute voix
Critique de Popol (Uccle, Inscrit le 14 février 2001, 67 ans) - 23 novembre 2002
Un cantique du pessimisme et de la misère humaine.
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 9 juin 2002
Voyage au bout de l'ennui
Critique de Virgile (Spy, Inscrit le 12 février 2001, 45 ans) - 26 mai 2002
Et bien alors je dois dire que personnellement je trouve cette "considération" usurpée, en tout cas si elle repose en tout ou partie sur ce roman.
J'ai commencé cette lecture en étant plutôt sceptique sur l'intérêt que j'y trouverais et puis les premières pages ont suffit à me dire qu'après tout ça n'était peut-être pas si mal, j'ai pensé à du Houellebecq (dont j'apprécie beaucoup les romans). J'ai donc poursuivi, mais comme un soufflé raté mon intérêt est vite retombé...
Comme ce livre ne raconte pas vraiment une histoire, qu'il est plutôt la rédaction d'une série d'anecdotes d'une vie, il est fort inégal. Certains passages (quand je dit passages c'est un peu faible, certains font plusieurs dizaines de pages...) sont terriblement ennuyeux, et ceux-ci sont bien plus nombreux que ceux que j'ai trouvé drôles ou vraiment "pertinents" ou "porteurs de réflexion".
Je n'ai pas trop apprécié le style de l'auteur, surtout il me semble dans les 100 premières pages où il y avait trop de phrases qui ressemblaient à des citations (dont "l'intensité dramatique" poussée en devenait un peu ridicule et construites de la même façon ou presque chaque fois, c'était lassant) servies toutes les 5 lignes.
Bref je ne recommande pas la lecture de ce livre, il m'a fallu des mois pour le lire (ça faisait un bail que ça ne m'était plus arrivé de passer autant de temps sur un livre...) pas parce que je manquais de temps pour lire mais tant j'avais du mal à surmonter l'ennui qu'a généré en moi la majeure partie de ce bouquin. Je conseillerais donc plutôt un Houellebecq (je compte attaquer plateforme bientôt).
En parlant de Houellebecq c'est amusant de voir que Jules qui se riait un peu de la tête des "bien-pensants" à la lecture de Céline fasse à mon sens la même tête en rejetant Houellebecq dans ses dernières critiques éclairs sur celui-ci.
Quand je compare les points qu'il fait valoir contre Houellebecq et ceux qu'il fait valoir pour Céline il y en a qui sont identiques, amusant non?
Il ne faut pas confondre commerce et art à mon avis, même si des oeuvres se vendent ça ne leur enlève pas leur caractère artistique, et voir des considérations mercantiles dans le chef des artistes ça ne concerne pas leur oeuvre, si on savait à coup sûr ce qui se vend toutes les oeuvres vendues seraient des best seller, on ne sortirait pas dans le commerce des choses invendables...
J'avoue !
Critique de Stéphanie (Chevreuse, Inscrite le 12 juillet 2001, 53 ans) - 10 janvier 2002
Un oubli...
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 8 janvier 2002
Ah, Lucchini !
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 8 janvier 2002
Mais le livre est un sommet de la littérature française ! Comme le disait le verso de l'édition originale en Poche: "Le plus grand cri de désespoir jamais poussé par un homme !"
Tout est énorme dans ce livre et j'y ai usé un crayon entier à souligner les phrases superbes, drôles, angoissées, ironiques, sadiques,cruelles, magiques, vraies, dures... Mais je peux comprendre que ce livre ne peut pas être apprécié de tout le monde et ce n'est pas une tare que de ne pas l'apprécier: une simple perte, comme moi avec Proust jusqu'à ce jour...
Et le théâtre dans tout ça ?
Critique de Jerome (Valdoie, Inscrit le 8 janvier 2002, 62 ans) - 8 janvier 2002
Jérôme
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