Faits d'hiver
de Cathy Ribeiro

critiqué par Shelton, le 22 avril 2013
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
A méditer, de toute évidence, et d'actualité !
La taille d’un ouvrage n’est jamais un critère de qualité, écrire fort en peu de lignes est souvent même signe d’une maitrise de l’écriture plus que dans le cas d’un roman volumineux et sans relief… Mais passons sur ces éléments généraux et peu pertinents pour préciser que l’ouvrage de Cathy Ribeiro est d’une qualité certaine probablement d’une façon inversement proportionnelle à la taille… En clair, un petit roman intense…

Il s’adresse à un public jeune, du moins sa place dans le catalogue Actes Sud Junior le laisse penser. En fait, il s’adresse à un très large public qui maitrise un tant soit peu la lecture et les fondements d’un humanisme de base – l’âge de raison pourrait largement suffire pour être précis.

Le titre, Faits d’hiver, entretient une certaine ambiguïté, et c’est vrai qu’il s’agit bien d’une histoire qui se déroule en hiver et qui relève indiscutablement de ce que les journalistes nomment les faits divers. Attention, il n’est pas dit de façon catégorique que tout se finira avec gendarmes et justice, certains faits de vie restent uniquement dans la mémoire de ceux qui les ont vécus, du moins dans leur globalité, intentions, actions et finalité…

Le récit qui est assez court – soixante-dix pages en format poche – est divisé en deux parties. On a le récit d’une personne âgée, un homme veuf, qui est dans sa maison, une nuit, et qui est en train d’observer une ombre lui voler du bois… Et, en parallèle, un jeune homme nous raconte comme sa famille est venue s’installer dans un village, loin de chez lui, avec une mère et des enfants. La mère avait un homme, là-bas, un mari violent, père des petits enfants, pas des deux grands, ceux qui tentent de faire survivre la famille dans son nouveau cadre de vie… On ne sait pas durant ce récit quel est le lien entre les deux parties, on ignore même si elles se déroulent à la même époque… Et je ne vais pas vous donner de pistes car ce serait détruire la construction de ce roman…

Le roman est bien écrit et, surtout, il est fort car les deux personnages se livrent en profondeur. Pas de superficialité, ici, juste l’humain qui vit devant nous. Vivre ? Oui, donc chacun pense devant nous et aborde les questions fondamentales de la vie, de la mort, de l’existence, des motivations profondes, de l’amour, de la haine… Aborder autant d’éléments graves en si peu de pages et le faire avec autant de forces et de convictions, je crois que c’est vraiment-là la qualité essentielle de ce roman !

Ce texte nous montre aussi qu’il ne faut jamais se fier aux apparences et que bien souvent les intentions – qui restent trop souvent dans l’ombre – ont plus d’importance que les aspects visibles des faits… Un fait divers, pour être compris et apprécié à sa juste valeur, doit être analysé entièrement… Belle illustration de cela avec ce roman Faits d’hiver !