Silas Corey, tome 2 : Le réseau Aquila 2/2
de Fabien Nury (Scénario), Pierre Alary (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 12 mai 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Aquí mai Aquila ! (Encore une fois Aquila !)
Les amateurs de BD d’aventures sans trop de connaissances historiques se réjouiront à la lecture de second tome qui ne complexifie pas plus la situation. On reste sur l’idée que l’ancien Président du conseil Caillaux (il ne l’est plus depuis cinq ans alors qu’il est présenté comme le chef du gouvernement en fonction à la mi-1917) a entretenu des pourparlers avec l’ennemi en vue d’une paix blanche (ce qui est approximativement vrai). Clemenceau et Caillaux se rencontrent assez souvent du cours du récit, leur rivalité étant le ressort principal de l'intrigue.

La densité de l’action ne nous permet d’en apprendre plus sur l’histoire et la personnalité du héros et de son domestique indochinois Nam, alors que des critiques de BD l’ont regretté cela ne nous a pas gêné. En effet il s’agit visiblement d’une série et les auteurs veulent certainement se laisser des marges pour la faire évoluer ; par ailleurs la dimension dominante est ici la résolution d’une affaire d’espionnage avec des personnalités portées par leur rôle d’espion, agent double, manipulateur, maître-chanteur, chef de service … Il est à noter que Marthe Richard (dite en 19145 "la veuve qui clôt" pour son action en matière de réglementation de la prostitution) continue à jouer un rôle primordial dans cette série et pas seulement lors d'un rendez-vous aux Galeries Lafayette puisqu'elle montre ses talents authentiques de pilote.

Si en 1917 l’empereur d’Autriche-Hongrie est prêt à proposer de faire rendre l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne contre l’annexion de la Pologne russe par Berlin, la même année dans "Silas Corey, le Réseau Aquila 2/2", le projet de certains Allemands est de rétrocéder l'ensemble allant d'Altkirch, Mulhouse, Strasbourg, Metz à Thionville au profit de l’incorporation de la Belgique à l’empire allemand.

On peut se féliciter du choix de faire paraître le second tome deux mois après le premier tome seulement. Avec un beau jeu de couleurs, ce graphisme dynamique avec un décor fouillé et des traits des personnages proche d’une caricature qui porte les éléments du caractère est bien agréable à (re)découvrir.
My name is Corey. Silas Corey. 8 étoiles

L’intérêt que j’avais ressenti dans la première partie est un peu retombé, mais ce premier diptyque est tout de même une réussite.

Le pari était risqué de greffer de la fiction à des faits historiques de la période 1914-18. A la façon de Silas Corey, qui se lance dans une course poursuite aérienne échevelée dans ce second tome, Fabien Nury s’est livré à des loopings scénaristiques osés, de façon à faire coïncider les événements. Néanmoins, ce sont les personnages qui m’ont davantage intéressé que le récit en lui-même. Le trait franco-belge est élégant, la mise en page originale et dynamique et les couleurs chatoyantes sont très agréables à l’œil.

On peut supposer que la série va continuer, tant le héros est doté d’une personnalité bien établie et assez attachante malgré l’ambiguïté qui le caractérise. Et puis il y a ces passages furtifs avec ce mystérieux matou nommé Henri qui semble être la cause des cauchemars du dandy espion, dont on s’attend à des approfondissements pour la suite… Si c’est le cas, Silas Corey risque bien de tailler des croupières à Largo Winch ou XIII dans les années à venir.

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 9 novembre 2013