La guerre d'Algérie des harkis
de Françoise Hautreux

critiqué par JulesRomans, le 10 mai 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
L' Algérie c'était un beau pays
Un vrai livre pour historiens avec notes en fin de volume, index des lieux et personnages cités et bibliographie intelligemment classée. Toutefois l’honnête lecteur appréciera de laisser porter par le récit sans pour autant aller chercher le contenu des notes ; il y trouvera des idées claires sur un sujet complexe.

Le mot "harka" désigne une expédition militaire, mais aussi des unités d’auxiliaires marocains encadrés par leur chef de tribu et des officiers des Affaires indigènes" ; ce terme de "harki" est attribué globalement à des gens recrutés sous différents statuts (dont celui de harki pour certains) comme on nous l’explique, les harkis sont opposés aux fellaghas (un mot qui signifie "coupeur de route"). L’ouvrage montre bien que c’est à la fois selon l’évolution des actes de rébellion en Algérie et de la prise en compte de théories et expériences de lutte contre les soulèvements révolutionnaires que les harkis sont recrutés (la guerre d’Indochine sert toujours de référence).

Leur nombre varie énormément et dès le début 1961, au départ pour renforcer la sécurité dans les villes, le nombre de postes de groupes d’autodéfenses est diminué de 40% de janvier à décembre 1961 ce qui signifie que des auxiliaires de l’armée française se voient retirés leurs armes.

Toutefois au moment des accords d’Évian il y a toujours 42 000 harkis employés par l’armée française. Près de 8 000 se sont engagés dans une unité militaire de mars 1962 à fin octobre 1963. Environ 1 000 harkis désertent avec leurs armes dans le mois qui suit le cessez-le-feu et le 1er mai 1962 tous les auxiliaires sont renvoyés. Depuis 1944 les indigènes d’Algérie sont libres de se rendre en métropole à condition toutefois de remplir un dossier, par ailleurs selon les accords d’Évian les indigènes peuvent choisir leur nationalité ; cet ouvrage convoque les textes pris durant le printemps et l’été 1962 destinés soit à limiter la venue en métropole, soit à compliquer les moyens d’accès à la nationalité française des ressortissants nord-africains.

L’auteur essaie aussi d’évaluer le nombre de harkis ou de membres de leur famille qui ont pu rejoindre la France et donne les noms de camps où certains furent accueillis pour de longues années. Par ailleurs il revisite le nombre possible de gens massacrés comme traître à la nation algérienne. Cet ouvrage permet de répondre à toutes les questions fondamentales autour d’un groupe de personnes au destin singulier.