Pauvre Pierrot
de Heinrich Heine, Peter Schossow

critiqué par JulesRomans, le 14 mai 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Heine au CP : Victor Hugo l'avait rêvé, la Joie de lire l'a fait !
Ce récit nous présente un groupe de jeunes se rendant tout d’abord avec leurs professeurs à un spectacle de théâtre puis s’installant dans la salle. Nous assistons à la préparation des acteurs dans les coulisses puis à des scènes la pièce.

Outre que d’introduire à l’univers théâtral (il s’agit toutefois d’imaginer que ce poème est adapté sur les planches) et à une vulgarisation de l’esprit du Romantisme, cet album amène à découvrir certains aspects de la vie au milieu du XIXe siècle.

Il est à noter que l’auteur Heinrich Heine vécut en France ses vingt-cinq dernières années, à savoir de 1831 à 1856. Il était né en 1797 et fut un des plus jeunes écrivains à être rattaché à l’école romantique. "Pauvre Pierrot" nous montre des scènes d’une histoire où un jeune homme meurt plus ou moins lentement de désespoir après le mariage de celle qu’il aime.

Cette adaptation du poème d’Heinrich Heine aurait sûrement gagné à être traduite dans cet album par "Pauvre Pierre", comme il est d’usage." Pierrot" renvoie dans l’imaginaire français à un personnage joyeux et bouffon du fait en particulier qu’il est un personnage de comédies et de pantomimes. Il est à noter que cet ouvrage est paru en version originale pour l’Allemagne sous le titre de "Der arme Peter" en février 2013.

Le problème de l’âge possible du lecteur se pose. En effet le support de l’album convient à des jeunes de moins de dix ans, au-delà ils ont tendance à le rejeter spontanément comme étant pour "les bébés". Or le contenu de la pièce vise des adolescents d’au moins quatorze ans. Cet album en présentant une intrigue où le héros meurt de désespoir questionnera beaucoup trop durement des jeunes enfants. Si l’on écarte cette dimension, les illustrations sont un très bon support pour travailler tout un vocabulaire autour du monde théâtral et approcher l’idée des angles de vue et du champ contre-champ.

Un habile adulte peut réussir à biaiser, quitte à ce que Pierrot se réveille dans le cercueil dans le quel on le voit entrer encore vivant, en interprétant très librement à l’enfant qui sait lire les deux dernières phrases qui accompagnent la dernière illustration :

« Il a perdu son seul trésor, son meilleur lit, c’est la tombe. Le voici qui s’y couche et qui dort jusqu’à la fin du monde ».

Et nombre d’adultes, voulant exploiter le riche univers sémantique de ce livre, face à des jeunes de cinq-six ans ne sachant pas lire, adapteront avec adresse la lecture que l’on peut faire des illustrations.