Sang mêlé
de Irina Egli

critiqué par Libris québécis, le 18 mai 2013
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
La Famille roumaine sous la dictature
Irina Egli nous emmène avec ce roman en Roumanie, où elle est née en 1972. Comme Gabriel Garcia Marquez, elle raconte les cent ans de solitude d'une famille de la région de Dobroudja, située en bordure de la mer Noire. De par sa situation géographique, cette partie sud du pays a été marquée par de nombreuses cultures, notamment par celle des Grecs et des Turcs. Pas surprenant que ces cultures étrangères aient façonné l'âme roumaine.

Inspiré en particulier de la mythologie, ce roman secrète le venin de l'orphisme qui soutient que tous portent le fardeau d'un crime originel. À ce chapitre, le christianisme n'a rien inventé. Héritiers d'une humanité déchue, les personnages tentent de s'évader sous des cieux plus cléments. Malheureusement, comme Prométhée, ils restent enchaînés à leurs malheurs, dont la mort seule peut les délivrer. Tous vivent un véritable enfer où fleurissent le meurtre, l'inceste, les amours tordues. Cette situation met en veilleuse la moralité au profit de la morosité, qui les lance dans un noir tunnel qu’ils parcourent à leurs dépens.

L'œuvre reflète la dureté de l'existence, accentuée en Roumanie par un régime politique qui a asservi ses commettants à la dictature. Si le contenu est pertinent, la forme, par contre, retient l'enthousiasme. L'écriture, lourde et sans originalité, décrit des protagonistes avec la raideur d'un rapport clinique. Elle ne parvient pas à éveiller l'empathie d'autant plus que la narration se pavane dans l'intimité des personnages avec froideur. C'est un survol, en somme, de tranches de vie douloureuses de la famille roumaine.