L'erreur de Descartes : La raison des émotions de Antonio R. Damasio
( Descartes'error : emotion, reason and the human brain)
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Philosophie
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La construction de la personne
Voici un livre de qualité, un livre de réflexion mis à notre disposition.
Quelle est l'erreur de Descartes ?
La formule "Je pense, donc je suis" exprimée dans la quatrième partie du "Discours de la Méthode" (1637)semble être, pour Antonio Damasio, neurologue,contraire à la vérité concernant l'origine de l'esprit et les rapports entre corps et esprit.
Contrairement à Descartes, nous ne pouvons plus admettre que la pensée soit une activité complètement séparée du corps (dualité). L'auteur affirme, preuves à l'appui, que le fait d'exister a précédé celui de penser.
Certes Descartes était à la recherche d'un fondement logique pour sa philosophie, mais l'erreur du savant, c'est qu'il a instauré une séparation catégorique entre le corps matériel et l'esprit (immatériel).
D'autres questions pour stimuler l'attention des lecteurs et de certain(e)s critiques :
"la passion peut-elle fonder la raison ?"
"Etre rationnel, est-ce se couper de ses émotions ?"
A vous de voir si le sujet développé par un spécialiste peut vous intéresser.
Bonne lecture.
La lecture de cet ouvrage peut être précédée par celle d'un livre très technique :
Gerald M. EDELMAN, Biologie de la conscience, Odile Jacob, 1992
et suivie par :
Antonio R. Damasio, Le sentiment même de soi, Odile Jacob, 1999.
Bonnes lectures.
Les éditions
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L'erreur de Descartes [Texte imprimé], la raison des émotions Antonio R. Damasio trad. de l'anglais... par Marcel Blanc
de Damasio, Antonio R. Blanc, Marcel (Traducteur)
Odile Jacob / Sciences
ISBN : 9782738103031 ; 3,09 € ; 20/03/1997 ; 368 p. ; Broché -
L'erreur de Descartes [Texte imprimé], la raison des émotions Antonio R. Damasio traduit de l'anglais (États-Unis) par Marcel Blanc
de Damasio, Antonio R. Blanc, Marcel (Traducteur)
Odile Jacob / Poches Odile Jacob
ISBN : 9782738124579 ; 11,50 € ; 05/01/2010 ; 396 p. ; Broché
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Raison affectée
Critique de Falto (, Inscrit le 24 août 2011, - ans) - 16 octobre 2012
On retrouve derrière ce courant de pensée, qui a basculé paradoxalement dans un matérialisme borné, tout un paradigme massivement mécaniste, réducteur (analyse réduisant la complexité) et, réductionniste.
L’argument sous-jacent pour justifier ce réductionnisme serait que, sous sa forme la plus basique, la pensée serait traduisible selon des règles formelles(algorithme).
Damasio ne critique pas l’idée de chercher une structure sous-jacente à la diversité des phénomènes mentaux. C’est d'ailleurs l’esprit du matérialisme biologique dans lequel il s'inscrit, et son métier en tant que neurologue.
Ce qu'il cherche à démonter, c'est d'une part, l'orientation logico-mecaniste de ce paradigme et, d’autre part l’extension à toute la pensée(rationnelle sans subjectivité). La généralisation abusive sans distance de cet aspect et, le rabattement sur la logique syntaxique en éliminant le sens, le pathos et le corps.
Il souhaite que les neurosciences se délivrent du réductionnisme - au demeurant très efficace techniquement ou dans d'autres disciplines scientifiques - pour que la recherche continue à chercher les clefs de la pensée humaine.
Tout un pan de la communauté scientifique a l'idée juste que dans l'affect, il y a quelque chose qui est de l'ordre du sujet. Plutôt que de faire face à cette difficulté, où effectivement la science est une discipline rationnelle, les phénomènes sont indépendants de l'existence des sujets. Ce sont tout de même des sujets selon Damasio, qui sont obligés de penser la chose. A défaut d'affronter cette contradiction, certains scientifiques préfèrent s'enfermer dans un discours paranoïaque.
En effet, chez Damasio, le corps et l'esprit ne font qu'un. Ils sont indissociables. Le cerveau comprend le corps et vice versa. Les émotions tiennent une place importantes dans les processus de raisonnement et de décisions.
Il essaye de déjouer le piège créé par la catégorie de « pensée-cerveau », qui laisse présager quelque chose d'unifié et de substantiel. L'être humain et son cerveau ne sont pas selon lui, des ordinateurs logiques, mais des « machines biologiques » d'une extraordinaire complexité, issues de l’évolution.
La pensée résulte du rapport adaptatif d'une espèce ou d'un individu à son milieu. Il y a une évolution de ce rapport adaptatif qui, chez les vertébrés a pris une très grande complexité, le cerveau jouant un rôle très fort, et qui chez l'Homme, est d'une richesse tout à fait infinie.
La pensée et les émotions ne sont pas des substances qui seraient déposées dans le cerveau, elles ont aussi une histoire évolutive.
Ce livre retrace de manière passionnante les progrès en neurosciences, en rappelant leur parcours et leurs approches.
Le livre n'est certes pas des plus faciles à lire, j'avoue n'avoir pas tout compris. Mais sio Antonio Damasio réussit tout de même la gageure insensée, de nous faire vivre et partager aussi bien ses connaissances scientifiques que ses idées philosophiques.
On mesure et on comprend ainsi les immenses bouleversements conceptuels intervenus en neurosciences durant ces 30 dernière années.
Si vous aimez la science, vous vous intéressez aux neurosciences et, souhaitez aller plus loin que les phrases énigmatiques que l'on peut trouver dans les revues de vulgarisation, je vous conseille cet ouvrage très didactique et superbement référencé.
Magistral !
Les émotions sont impliquées dans les processus de raisonnement
Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 1 avril 2012
Le titre résume parfaitement la thèse de Damasio, comme il l’explique dans la post-face. Damasio pense précisément le contraire que ce que semble signifier le célèbre « cogito, ergo sum » de Descartes ; des organismes vivants ont existé bien avant l’avènement d’une conscience élémentaires puis dans un second temps de la faculté de penser. Le fait d’exister a précédé celui de penser, comme c’est le cas chez tout nouveau-né qui ne pense pas encore.
De plus, Descartes a instauré une séparation entre le corps et l’esprit qui serait non matériel. Damasio souhaite définitivement renouer avec une considération plus globale de l’ensemble du corps humain ; le corps et le cerveau fonctionnent comme une unité, qui interagit pleinement avec l’environnement physique et social.
Dans une première partie passionnante, Damasio part du célèbre cas de Phineas Cage, personnage du 19ème siècle ayant survécu après qu’une barre de fer lui ait transpercé une grande partie du cortex frontal, pour nous présenter les différents rôles attribués à cette partie frontale du cerveau.
La deuxième partie est beaucoup plus théorique, et moins illustrée d’exemples de patients atteints de pathologies neurologiques. Damasio définit les hypothèses des « représentations potentielles » et des « marqueurs somatiques » ; les émotions « marquent » certaines situations. Elles assistent donc le processus de raisonnement, et parfois se substituent à ce raisonnement, lors d’une frayeur qui provoque une fuite par exemple. Ceci ne se déroule pas uniquement dans le système limbique comme on l’a souvent entendu, mais dans différentes régions du cerveau mais également du corps, via des voies neurales et chimiques.
La troisième partie illustre ces hypothèses à l’aide d’exemples passionnants empruntés à la clinique.
La lecture de ce livre est fructueuse mais nécessite une concentration importante. Il semble nécessaire d’être déjà familiarisé avec quelques notions de neurosciences. Les concepts expliqués et défendus sont parfois complexes, et il est difficile de synthétiser la pensée de Damasio.
Si vous avez aimé L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau d’Oliver Sacks, livre très accessible, vous aimerez sans doute ce livre de Damasio. Sinon, le livre précédemment cité semble une bonne initiation à cette captivante discipline, la neurologie.
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