Sciences et Pouvoirs, faut-il en avoir peur ?
de Isabelle Stengers

critiqué par Bolcho, le 7 mars 2003
(Bruxelles - 76 ans)


La note:  étoiles
« Il n’y a pas de réponse indépendamment de la question posée »
Le problème avec la philosophie des sciences, c'est qu’elle énerve les scientifiques purs et durs et n’intéresse pas le reste du monde. C'est un tort des deux côtés. Lorsque c'est Isabelle Stengers qui est aux commandes, on a droit à un voyage en politique pour le même prix. A travers des commentaires sur Galilée, Pasteur, Darwin et bien d'autres, Isabelle Stengers s'interroge sur les rapports des sciences et du pouvoir. J’ai trouvé cela parfois un peu fumeux mais jamais fumiste. On en sort avec la conviction que la science devrait plus poser de questions qu’apporter de réponses et surtout qu'elle devrait se défier des demandes d'expertise émanant du pouvoir. Et en tous les cas se demander alors : où sont mes co-experts, les représentants d’autres savoirs qui permettront de n’être ni partiel ni partial ? Surtout, il faudrait que la science pose sans cesse la question de la pertinence car : « (…) ce que nous appelons rationalité aussi bien que ce que nous appelons démocratie progressent chaque fois que se constitue un collectif rassemblant des citoyens jugés jusque-là incapables de faire valoir leurs intérêts, ou porteurs d’intérêts jugés indignes d’être pris en compte. » Ils peuvent se lever et dire : en quoi cette proposition est-elle pertinente pour nous ? en quoi nous laisse-t-elle ou non la possibilité d'être pleinement humains ?
Et c'est la vraie question. Les scientifiques savent comment intéresser ceux qui ont le pouvoir. Ils peuvent aussi apprendre comment intéresser les citoyens.