Les innocents coupables, Tome 2 : La Trahison
de Laurent Galandon (Scénario), Anlor (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 26 mai 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Enfants de la misère qui en bavent sur la terre
Nous voici dans une maison de correction, telle que Prévert les a immortalisées dans " La Chasse à l'enfant" :

« C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant (…)
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant ».

Toutefois ici nous ne sommes pas en Bretagne insulaire mais plutôt vu, les paysages dessinés et la proximité de Paris, dans la Brie. Il est à noter qu'à la limite du Poitou et du Saumurois, ainsi qu'en Touraine existait aussi cet univers de colonie agricole. On se rappelle encore localement de Saint-Hilaire, sur la commune de Roiffé, une colonie considérée comme la propédeutique à la prison de Fontevrault voisine et Mettray (où Jean Genet séjourne).

Ils ont été quatre à arriver dans ce lieu sinistre le même jour et si dans le premier tome on découvre comment fonctionne ce bagne pour enfants, il n’y a que sur Jean Marguin (en fait Jean Thébaud) le frère cadet d’un colon Germain dont on ne sait ce qu’il est devenu jusqu’à l’avant-dernière page où Valentin le coauteur d’une évasion ne nous apprenne que Germain est mort sous les sabots d’un cheval.

Le second volume nous montre aux premières pages comme pour le tome précédent une tentative d’évasion qui foire ; les acteurs en sont trois des quatre jeunes arrivés le même jour à savoir Adrien, Honoré et Miguel. Du passé de ce dernier nous recevons quelques éclaircissements. Jean Marguin doit faire face à des déceptions. Maintenant qu’il sait que rien ne pourra être fait pour faire connaître à l’extérieur la vie de la colonie (dont la mort de son frère), il est prêt à monter une évasion mais qui soit finement préparée :

« Nous devons nous organiser. Unis pour contourner les obstacles. Pour réussir, il nous fait être ensemble. Tous les quatre ».

L’illustration au graphisme dynamique dans un décor fouillé quand c’est utile et très sobre pour certaines vignettes de l’univers carcéral joue intelligemment sur les cadrages et les angles de vue pour ajouter du sens. Il est à noter que les deux tomes du "Fils de l’officier" évoquent dans quelques pages à chaque fois la colonie pénitentiaire pour les jeunes d’Aniane dans l’Hérault au pied des Causses, ceci dans les dernières années avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale comme dans "Les innocents coupables".
Un espoir qui n'aboutit pas 8 étoiles

Le scénario se maintient dans l'intérêt et ajoute même une dimension de suspens avec l'intervention d'un élément extérieur pouvant permettre la dénonciation du fonctionnement de ce type d'établissement.

Le graphisme n'évolue ni en mal ni en bien et garde donc ses qualités et défauts : un univers carcéral bien évoqué, des personnages stylisés exprimant très (trop ?) les ressentis mais manquant de constance dans les traits et rendant donc l'identification des personnages difficiles.
J'ai eu le sentiment que la couleur était davantage présente, plus lumineuse, probablement de par l'introduction du monde extérieur à cet univers.

L'intérêt de cette BD reste toujours aussi présent et confirme le fait qu'elle devrait devenir un incontournable, essentiellement de par son thème.

Mimi62 - Plaisance-du-Touch (31) - 71 ans - 21 août 2021