Diane, Henri, Catherine : le triangle royal
de André Castelot

critiqué par Shelton, le 25 mai 2013
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Pour découvrir Diane de Poitiers et Henri II
Diane de Poitiers, puisque c’est le nom sous lequel elle est la plus connue, fut certainement une des maitresses royales les plus célèbres. Sa notoriété est telle que certains finissent par oublier de quel roi elle fut la maitresse ! Pourtant, son histoire n’est pas banale car elle fut la maitresse de Henri II, le roi marié à Catherine de Médicis, et elle avait presque vingt ans de plus que son amant royal… Généralement, les rois cherchaient plutôt à se distraire avec des jeunettes. Y aurait-il eu dans ce cas un véritable amour ? Une relation stable et longue, vingt-trois ans d’amour passionnel ou presque, alors que dans le même temps, Catherine de Médicis était, elle-aussi, amoureuse de son époux royal… Entrons, si vous le voulez bien dans ce triangle royal peu ordinaire.

Pour comprendre cette triple relation, il est capital de mesurer les relations amoureuses que l’on imposait aux princes et aux rois. Plus exactement, parlons de relations matrimoniales car l’amour n’était que très secondaire. André Castelot prend le temps de montrer qu’Henri II n’était pas destiné à devenir roi. C’est la mort de son frère ainé qui le pousse vers la couronne. François 1er, son père, ne cherche donc pas un mariage royal pour son fils mais un mariage d’affaire. Catherine n’est pas de sang de haut lignage mais elle peut rapporter gros. De plus, elle incarne l’Italie dont il rêve depuis longtemps dans ses guerres de conquêtes dans la Péninsule. Catherine est particulièrement moche, ce qui ne pousse pas Henri dans ses bras avec une énergie incroyable… Mais il est prêt à faire son devoir…

Et Diane ? Diane est dans la cour une personne que respecte beaucoup François 1er, il lui confie son fils Henri quand il rentre de sa captivité forcée en Espagne. Castelot raconte bien comment François 1er, fait prisonnier à Pavie par Charles Quint, va obtenir sa liberté contre l’emprisonnement de ses deux fils… Donc, Diane se retrouve à s’occuper de l’éducation du jeune Henri à son retour d’Espagne. Les deux ne vont pas devenir amants instantanément. Ils vont s’attacher l’un à l’autre puis, effectivement, se retrouveront dans le même lit. Ils s’aiment malgré la différence d’âge et question beauté, Diane, qui prend beaucoup soin d’elle-même, fera oublier cette différence d’âge…

Mais alors, est-ce que tout cela était acceptable pour cette pauvre Catherine ? Non, bien évidemment, mais pouvait-elle faire autrement que de se soumettre ? Une femme, même à la renaissance, ne pesait pas grand-chose dans la société. Une femme de roi devait engendrer au moins un mâle. Catherine eu bien du mal et elle frôla la correctionnelle. Heureusement, elle trouva en Diane une alliée. Diane se disait que Catherine ne serait jamais une ennemie et qu’il valait mieux qu’elle reste reine, donc il fallait qu’elle soit mère d’un garçon, au minimum. Diane poussera donc très régulièrement Henri dans le lit de Catherine, au moins deux heures à chaque fois, jusqu’à ce que l’enfant arrive…

Castelot explique que Henri souffrait d’une légère déformation anatomique et que tout allait s’arranger quand un médecin indiquerait au roi les positions conformes à l’enfantement. A partir de ce moment-là les enfants allaient se suivre et l’avenir de la royauté serait assuré…

J’ai beaucoup apprécié la façon de présenter ces trois personnages sans porter de jugement de valeur qui seraient faux car imprégnés de nos règles, préjugés et non ceux de cette époque lointaine qui avait ses grandeurs et ses bassesses…

Diane est très humaine et à la lecture de cet ouvrage certains seront pris d’envie d’aller visiter le château d’Anet. Je ne peux que les encourager car, personnellement, j’adore ce lieu…

Une très bonne biographie qui permet de découvrir ces trois personnages. L’écriture de Castelot permet une approche populaire au bon sens du terme et pour ceux qui voudront aller plus loin, il ne leur restera plus qu’à se lancer dans la lecture des trois magistraux ouvrages d’Ivan Cloulas qui sont la référence dans ce domaine triangulaire et royal, Henri II, Catherine de Médicis et Diane de Poitiers !