Le serpent
de Mircea Eliade

critiqué par Pucksimberg, le 2 juin 2013
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Un roman déconcertant
Le roman s'ouvre sur des discussions et occupations bourgeoises. Les personnages sont empêtrés dans les codes liés à leur classe sociale, la gêne parasite certains dialogues et les arrangements secrets sont un moyen de rapprocher les jeunes gens afin de les marier. Une escapade est organisée aux environs d'un monastère des Carpathes. Sur le chemin, les personnages croisent un jeune homme dont la joie de vivre, le caractère sportif et la beauté fascinent le petit groupe, surtout les jeunes filles, bien évidemment. Il s'appelle Andronic. Son charisme bouleversera l'existence du groupe. Qui est-il vraiment ? Il divertit tout le monde, organise des jeux en pleine nuit dans la forêt avoisinante, connaît des légendes inquiétantes ...

Ce court roman est déconcertant car Mircea Eliade a une façon assez particulière de glisser dans le fantastique. La rupture avec le réel n'est pas nette. Il introduit parcimonieusement quelques éléments qui ne bouleversent pas complètement les personnages. Les épisodes surnaturels s'allient au réel avec un certain naturel pour engendrer une autre réalité acceptée par les personnages principaux. Il n'y a pas véritablement de frontière entre le réel et l'irréel.

Mircea Eliade joue avec les symboles et les croyances. Chaque lecteur pourrait interpréter certaines scènes à sa manière. L'auteur joue avec l'imaginaire du lecteur tout en utilisant des codes assez simples : le lac, la forêt, l'obscurité. La rencontre avec Andronic libère tous ces bourgeois qui renaissent grâce à ce personnage énigmatique.

Un roman qui ne ressemble à aucun autre. Erotisme discret, fantastique, monde onirique, réalité floue, temps maltraité ... Un univers qui nous absorbe sans délivrer totalement son sens.