Ce que je voulais vous dire aujourd'hui
de Jacques Chardonne

critiqué par AmauryWatremez, le 5 juin 2013
(Evreux - 55 ans)


La note:  étoiles
Lettres d'un vieux insupportable
Chardonne est insupportable, non seulement il s'est trompé de camp pendant la deuxième guerre mondiale, mais en plus il a le courage de le reconnaître dans une lettre à sa biographe, contrairement à la majorité des français de cette période, tous pétainistes de 40 à 44, tous gaullistes et résistants après le débarquement du 6 juin, un peu à la manière de "nos" intellectuels de gauche, staliniens jusqu'en 54, tous maoïstes en 68, inconscients des dérives du "grand bond en avant" et l'ayant tous oublié en 2001, pour la plupart supporters de Bush, fascinés par les armes de destruction massive, la guerre et les uniformes de parade.

Ce recueil ne livre qu'une petite partie de la volumineuse correspondance de Chardonne, il manque en particulier, et surtout, les lettres à Roger Nimier, les vraies. Il avait plusieurs papiers à lettres selon son désir de dire ou non la vérité, on ne sait pas si toutes ces missives ont été rédigées sur le fameux papier à lettres quadrillé, mais cela n'a guère d'importance, car l'auteur est le digne représentant d'une morale au-dessus de la morale commune qui puise ses forces à partir de Montaigne. Chardonne laisse à leur juste place tout les pédants imbéciles qui n'auront jamais aucune idée personnelle du fait de leur frilosité intellectuelle.

Le seul bémol que j'apporterai à ce recueil de lettres est la condescendance, certes brillante, avec laquelle Chardonne parle de ceux qu'il considère comme "inférieurs", à la manière de Morand dans son journal, et qui fait la préface de ces lettres.