Rahan, fils des âges farouches. L'Intégrale, tome 7 : Les chasseurs de foudre
de Roger Lécureux (Scénario), André Chéret (Dessin)

critiqué par Kalie, le 8 juin 2013
(Sarthe - 54 ans)


La note:  étoiles
Un héros altruiste, observateur et réfléchi
Mes premières lectures de Rahan remontent au magazine Pif Gadget de mon enfance. Mais, je me suis vraiment intéressé que plus tard aux aventures du fils de Craô dans un magazine qui lui était dédié (avec là aussi un gadget à chaque numéro). Ainsi, j’ai été l’heureux possesseur du collier de Rahan. N’ayant conservé aucun album de la série, j’ai acheté cette intégrale qui reprend des histoires de cette époque. D’ailleurs, l’album à peine ouvert, je me suis immédiatement rappelé de certains dessins.

Rappelons qu’il s’agit d’une BD aux dessins « réalistes » dont l’action se déroule pendant la préhistoire (« Il y a environ 500 000 saisons à l’aube des temps obscurs »). Rahan est le seul survivant de la horde de Craô-le-sage. Ce qui caractérise le personnage, c’est sa soif de connaissance (« Pourquoi le jour ? », « Pourquoi la nuit ? », « Dans quelle tanière se réfugiait le Dieu-Soleil ? », « Pourquoi la lune ronde ? », « Pourquoi la lune pointue ? », « Pourquoi le vent et pourquoi la pluie ? » etc.). Rahan rencontre de nombreuses tribus sans jamais se fixer. Il traverse des territoires hostiles tout en restant fondamentalement pacifique. En effet, fidèle au serment fait à son père, il n’affronte jamais « Ceux-qui-marchent-debout » : ses semblables. Tout en respectant leurs coutumes, Rahan apporte aux hommes ses connaissances nées de son sens aigu de l’observation. Rationaliste, il met à mal les croyances superstitieuses des hordes qu’il croise à force de démonstrations et d’explications. Il finit toujours par convaincre les cupides et les peureux. Ce qui lui vaut souvent la haine des détenteurs du pouvoir : les chefs de clans et les sorciers. Son fidèle coutelas d’ivoire permet à notre héros de sortir vainqueur de ses combats contre les animaux féroces : les « peaux-de-bois » (les crocodiles), les tigres-aux-dents-de-sabre, les « longs-nez » (les rhinocéros), les « longues-crinières » (les lions), les « peaux-tachetées » (les guépards), les « quatre-mains » (les singes), les ours, les buffles etc. Cette arme lui sert également de boussole. En la faisant tourner sur une pierre, elle lui indique la direction à prendre, son destin…

L’album comprend huit histoires qui mettent à l’épreuve l’intelligence, le courage et la force de Rahan. Dans « Les chasseurs de foudre », il enseigne aux membres d’une tribu comment faire du feu avec des silex. Il évite à ces hommes de prélever le feu directement au pied des volcans en éruption ou des arbres foudroyés au péril de leur vie. Dans la même histoire, Rahan invente le système du levier pour sortir de la « prison » où l'a jeté le sorcier de la tribu. Dans « Le retour des Goraks », grâce à un écureuil transpercé par une flèche qui est restée coincée entre deux branches ; notre chasseur invente le… grappin. Découverte qui va révolutionner la vie d’une tribu menacée par des tigres-aux-dents-de-sabre géants. Dans l’histoire suivante, c’est une « poudre-qui-lave » (l’ancêtre du savon) avec ses « larmes-qui-volent » (les bulles) que notre héros découvre par hasard. Il apprend à une tribu terrifiée par l’élément liquide à « ramper-sur-l’eau » (nager). Dans « Les coquillages bleus », en bouchant un lagon infesté de « peaux-bleues » (requins), il rend une matière précieuse, source de conflits entre clans, facilement accessible donc sans valeur. Dans une autre histoire, après avoir frappé d’énervement sa lance contre le fond d’une rivière et l’avoir abimée, Rahan crée involontairement une lance à trois pointes triplement efficace pour pêcher le poisson etc.

A travers ces aventures, les auteurs mettent en avant la tolérance, le respect d'autrui. Cependant, elles n'en demeurent pas moins fantaisistes, éloignées de toute vérité historique.

Les traits et les couleurs sont d'une qualité très variable selon les histoires. Certaines cases d’une grande précision sont magnifiques. D’autres sont plus brouillonnes. Graphiquement, « Les larmes-qui-volent » est mon histoire préférée. Dans l’ensemble, je trouve les dessins de cette intégrale supérieurs à ceux des autres tomes de la série.