Love Hotel
de Christine Montalbetti

critiqué par Anonyme3, le 14 juin 2013
( - - ans)


La note:  étoiles
Un roman très Japonisant façon "Lost in Translation", ou l'Hotel devient Love. Bravo à Christine Montalbetti!.
Biographie de l'auteur:

Voir onglet biographie.

Quatrième de couverture:

«Je marche le long de la rivière Kamogawa vers le Love Hotel, où j'ai rendez-vous avec Natsumi. Ce sont les derniers jours de l'hiver, les bourgeons cloquent à peine aux branches des arbres sous la lumière laiteuse de mars. Quelles émotions m'étreignent, que je ne reconnais pas ? Quel trouble, qui m'accompagne jusque dans la chambre aveugle du Love Hotel ?»

Mon avis:

+: Roman court, bien écrit, avec un français impeccable et lisible par tous. Histoire à la "Lost in Translation", loufoque, enivrante, captivante et passionnante de bout en bout. En un mot, très Japonisante.

-: Première et Quatrième de couverture, totalement insipide et sans saveur (Ce qui n'est pas rare chez P.O.L). Roman qui peut dérouter certains lecteurs de par son atmosphère Japonisante à la "Lost in Translation".

En conclusion:

Christine Montalbetti avec "Love Hotel", un court roman, passionnel, charnel et japonisant façon "Lost in Translation" version "Love Hotel" qui serait écrit par David Lynch, nous enivre et nous captive de bout en bout de l'histoire, grâce à sa qualité de conteuse, son écriture impeccable, contrastée (Sobre/Énergique et Classique/Moderne) et lisible par tous.

Un Grand Merci à Christine Montalbetti pour ce "Love Hotel", qui se dévore d'une traite et de préférence "Two Love".
Temps supend ton vol ! 8 étoiles

A Kyoto, un Français a rendez-vous, dans un hôtel d’amour, avec Natsumi, une Japonaise mariée, pour un instant d’ébats loin de toutes les indiscrétions possibles. La jeune femme lui rapporte des histoires que son père lui racontait quand elle était plus jeune. Mais, l’amant a peu de considération pour celle qui partage son étreinte, il pense à beaucoup d’autres choses. Cette aventure érotique semble plutôt être un prétexte à un exercice d’écriture, de descriptions, notamment, précises, méticuleuses, soulignant le moindre détail, dans une langue épurée, étudiée qui sent cependant un peu l’atelier d’écriture. Un bel exercice de style même si l’auteur use abondamment des parenthèses qui lui servent, surtout, à interpeller le lecteur et d’autres effets de ponctuation comme s’il en avait un stock à épuiser impérativement. Le jeune homme décrit sa promenade dans la ville, les lieux qu’il traverse, les endroits où il séjourne, les personnages qu’il rencontre habituellement et les souvenirs d’autres aventures qui lui reviennent en mémoire.

Ce texte se présente comme une suite de récits courts, de petites nouvelles, mis bout à bout pour constituer un roman froid dégageant très peu d’émotion, loin de la sensualité dont Kawabata usait dans ses descriptions de Kyoto et encore plus loin de l’érotisme avec lequel le maître décrivait les scènes d’amour qu'il y situait. L’auteur accorde toute son attention aux mots, aux adverbes notamment dont il nourrit copieusement son texte.

Le couple s’incruste dans un monde figé, clos, loin de tout, loin de l’agitation extérieure, loin de la civilisation : « Nous sommes englués dans un milieu stable, permanent, dont le décor demeure semblable à lui-même, immuable et constant. » Un monde qui semble n’avoir qu’un présent, aucun avenir et peut-être même pas de passé, une forme de désespoir qui explique peut-être la froideur du texte et son manque d’émotion. Un monde qui réunit, à travers les histoires racontées par la jeune femme, trois générations de femmes en un même temps, en un même lieu. « Elles sont là toutes les trois, la grand-mère, Natsumi adulte, Natsumi enfant, trois générations qui cohabitent fondues dans un même corps, logées dans l’apparence d’une seule, créature triple, et insaisissable,... ». Une volonté de posséder le passé, le présent et peut-être même l’avenir dans un monde qui n’en aurait pas, un monde qui évoque celui que Volodine précipite dans son chaos.

Débézed - Besançon - 77 ans - 29 juin 2013