Repris de justesse de Yazid Kherfi, Véronique Le Goaziou

Repris de justesse de Yazid Kherfi, Véronique Le Goaziou

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Darius, le 21 mars 2003 (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 754ème position).
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Bravo à Libé !

On ne pouvait trouver mieux comme titre : il a été emprunté à Olivier Bertrand dans son article sur Yazid Kherfi paru dans Libération le 11/03/2000.
Yazid Kherfi, après avoir été voleur, délinquant, taulard et exilé est devenu licencié en sciences de l'éducation, directeur d’un centre de jeunes durant 10 ans et fait partie de l’équipe de Transformations Thérapies sociales depuis 1999.
Qu’est ce qui pousse les jeunes Maghébins à la délinquance ? Les réponses sont multiples. D'abord, ils ont souvent des idées fausses dès le départ, des idées qui faussent le jeu. Ils pensent que tous les Français ne les aiment pas; donc, ils sont agressifs, ils se sentent discriminés quoiqu'ils fassent.
Puis, ils ont honte de leur mère qui s’habillent mal, enfin que ne s’habillent pas comme les Françaises, elles ne communiquent pas avec eux au sujet de l'école, au sujet des vols, au sujet de la prison. Les mères voient des objets volés dans la maison, mais elles ne posent pas de questions. Lorsqu’ils sortent de prison, la famille fait la fête et ne pose toujours pas de questions… Il y a un manque cruel de communication dans la famille et le jeune ne s’y retrouve plus. Alors, la vraie famille, c’est la bande. On est vite entraîné dans la délinquance, on commence très jeune, d’abord à faire le guet, puis on en vient à remplacer quelqu'un qui manque et ensuite on se retrouve dans la peau d’un vrai délinquant.
Le parcours des jeunes des quartiers, c'est la violence, la bande, la délinquance, les affaires, la prison, les cavales..
Et la justice ? Elle est terriblement injuste. Un homicide involontaire perpétré par un Arabe : 10 ans de prison et 500.000 FF d'amende. Un homicide volontaire commis par un policier : muté dans un autre commissariat, pas un seul jour de prison, porte toujours son arme..
Malheureusement, les jeunes militants ne sont pas ou plus écoutés. Les plus jeunes se mettent à devenir violents et c'est le paradoxe : ils obtiennent plus de choses que les militants. Pourquoi ? Parce que le pouvoir ne se remet en cause que lorsqu’il y a de la violence, et uniquement dans ce cas..
Yazid Kherfi distingue trois niveaux de générations : 1)celle qui s’est battue et a milité tout au long des années 80 2)la génération suivante : celle de la violence collective des années 90 3)la génération de jeunes farouchement individualistes des années 2000
Une autre raison à la délinquance, c’est l’habitat. Des animaux mis ensemble dans des endroits clos peuvent devenir violents. Faisons le parallèle avec les jeunes du quartier qui restent enfermés dans des espaces limités, sans rien faire et qui finissent par s’entretuer..
Yazid Kherfi est tombé dans la violence parce qu’elle était une ligne de force et une tendance de son environnement. On est violent parce que d'autres le sont déjà, d’autres que l'on va imiter ou suivre, ces autres n’étant eux-mêmes que les suivants ou les suiveurs de violents précédents. Ils sont violents contre ceux qu’ils considèrent comme leurs ennemis. L'art ou la faculté de se fabriquer des ennemis est une propension fréquente dans les quartiers.
Et pour finir, une conclusion qui ne parait pas encourageante ! "la démission, la passivité ou l’indifférence dont font preuve les habitants des quartiers ne sont pas dues à l'ignorance, mais à l'impuissance".
Un livre à mettre dans toutes les mains de ceux et celles qui veulent tenter de comprendre un peu mieux ce phénomène de plus en plus d'actualité.

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Un livre qui fait avancer

9 étoiles

Critique de Le café de... (Perpignan - Bordeaux, Inscrite le 17 août 2008, 40 ans) - 21 avril 2009

Quel plaisir qu’un livre qui cherche à comprendre, sans prendre de parti a priori et aveugle pour un « camp » ou un autre. C’était ce que je venais chercher en me plongeant dans ce livre et c’est bien ce que j’y ai trouvé : des pistes me permettant de chercher un peu plus loin, d’oser poser des questions aux jeunes que je peux avoir en face et qui s’engluent dans la violence. Leur dire que « c’est mal » ou que « ça va mal finir » ne sert à rien. Ils le savent en le voyant autour d’eux et pourtant, ils continuent… Merci à l’auteur d’avoir regardé sans concession son parcours, d’avoir analysé ce qu’il a pu vivre et ressentir. Et de s’en être sorti ! D’avoir fait de ses erreurs des expériences lui permettant d’être plus près des autres et de leur montrer qu’on peut faire autrement et trouver son bonheur tout en respectant ses valeurs.

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