Le marquis des Saffras
de Jules de La Madelène

critiqué par JulesRomans, le 10 juillet 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Drôle de Sorgue d'idée que d'abreuver le peuple de culture non loin de Fontaine de Vaucluse
Sous la Monarchie de juillet en 1844, un paysan Espérit désire monter dans son village du Vaucluse une pièce de théâtre "La mort de César" écrite par Voltaire en trois actes. Pour cela il lui faut l’accord du curé, ce dernier y consent car tous les personnages (donc les acteurs) sont des hommes ; il s’y serait opposé si des filles avaient eu un rôle ou si un garçon s’était travesti en fille. Par contre tout imbu de la culture qu’il est censé posséder, le maître d’école le décourage.

Non sans mal Espérit monte la pièce mais le désir bien quarante-huitard et soixante-huitard d’amener la culture au peuple tourne à l’émeute spontanée … Certes une farandole suit cette représentation tragique d’une tragédie mais il y a encore bien d’émotions après celle-ci. Une magnifique représentation des émotions populaires !

Le récit est l’occasion d’allusions, particulièrement aux pages 269 et 236, aux soubresauts locaux de la période 1789-1815 avec la mention entre autre d’un mouvement pour l’indépendance du Comtat venaissin (et donc d’opposition au rattachement à la République française) et à la Compagnie de Jéhu.

Henri de La Madelène préface l’ouvrage que son frère ne vit paraître que peu avant sa mort, ceci permet d’en connaître un peu plus sur l’auteur qui semble avoir été un acteur de la Révolution de 1848 et un farouche opposant au coup d’état de Napoléon III. Par ailleurs ce livre avait été remarqué par Jules Barbey d'Aurevilly qui disait que « Le livre du Marquis des Saffras a donc sur Les Paysans de Balzac, auxquels nous ne nous permettrons pas de le comparer pour la manière, qui est essentiellement différente, la supériorité d’une peinture sans exagération et sans outrance, prise dans la mesure juste de son cadre et dans la réalité ».