Contes, diableries et autres merveilles du Moyen Age
de Claude Lecouteux, Corinne Lecouteux

critiqué par JulesRomans, le 23 août 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Traversée d’une mer de contes du Moyen Âge
Dans l’introduction, l’auteur rappelle que pour le Moyen Âge, il est vain de vouloir distinguer légende et conte selon nos critères actuels. En effet le conte, contrairement à la légende, se termine par une fin heureuse et il est hors du temps et de l’espace. De même il serait facile de montrer que les légendes religieuses ont bien des points communs avec les récits qui évoquent des laïcs. L’ouvrage ne le rappelle pas mais on sait que l’on dispose au XVe siècle des Nouvelles de Sens qui sont considérées comme le premier recueil de contes de notre littérature ; on aura un vif intérêt à mettre en regard ce titre avec Contes, diableries et autres merveilles du Moyen Âge.

Sont présentés plus de cinquante contes, adaptés à la langue du XXIe siècle mais écrits à l’époque médiévale. Ils sont tirés de textes latins et des langues françaises ainsi qu’allemands de l’époque en compagnie d’un récit venant de l’italien ("Liombruno"), un du norrois ("Wieland et le forgeron") et un de l’anglais ("Alexandre et le roi des nains"). Ces textes sont regroupés en chapitre : "contes d’animaux", "étrangetés et merveilles", "diableries, sortilèges et magie", "le conjoint surnaturel", "amours licites et illicites", "sagesse, ruse, sottise", "légendes héroïques". Dans le chapitre "Survie et transformation des récits", l’auteur montre comment, soit déchristianisé, soit adapté avec une dimension de christianisme orthodoxe, des histoires médiévales ont intégré le folklore de divers pays (Albanie, Bulgarie, Espagne, Autriche, Égypte copte).

Cet ouvrage permettra de trouver des contes de même motif que ceux traditionnels de la région qui intéresse le lecteur, on pense par exemple aux régions ou la présence de Mélusine (femme-serpent la nuit) reste vivace comme le Poitou ou le Luxembourg (aujourd’hui indépendant, belge et partie de la région Lorraine). Dans ce cas, on se reportera au chapitre du "conjoint surnaturel" où six contes à savoir : "Liombruno", Seyfried d’Ardemont, Frédéric de Souabe, Énée le chevalier au cygne, Hélias le chevalier au cygne.

L’on voit que parfois des personnages de fiction mis en scène tels que Frédéric de Souabe qui se trouvent remplacé dans une autre tradition par un autre, en l’occurrence ici par le forgeron mythique Wieland. Les notes d’une grande qualité d’érudition et au contenu très clair pour tous, intéresseront particulièrement celui qui cherche à en savoir plus sur les êtres, ainsi que les lieux et les motifs rencontrés dans le conte qui sont présents dans la classification des exempla établie par Tubach dans "Index exemplorum : a handbook of medieval religious tales" (un ouvrage de référence, paru en 1969).