Terra australis
de Laurent-Frédéric Bollée (Scénario), Philippe Nicloux (Dessin)

critiqué par Hervé28, le 14 juillet 2013
(Chartres - 55 ans)


La note:  étoiles
Une nouvelle Odyssée
Mais quelle épopée que cette aventure où nous entrainent LF Bollée et Philippe Nicoux.
Je ne m'attendais pas à une telle lecture en commençant ce pavé. Littéralement, nous sommes proches d'un récit digne de l'Odyssée avec des personnages emblématiques comme le colosse Caesar ou le freluquet John Hudson,sans oublier le gouverneur Phillip et le romantique lieutenant Ralph Clark .
Ce récit qui m'a vraiment surpris est mené de main de maître. Au cours des premières pages nous découvrons les principaux protagonistes de cette fantastique aventure: les déportés constitués de bagnards et forçats dans un Londres du XVIII ème parfaitement reconstitué par le dessin sublime de Philippe Nicoux,-avec de magnifiques planches consacrées aux fameux pontons et à la prison de Londres- et les marins de sa royale Majesté, le Roi Georges.
Cette aventure sur plus de 500 pages nous retrace non seulement le voyage maritime vers la future Sydney mais aussi un reportage sur ces futurs colons, condamné(e)s à des peines diverses et qui peupleront le nouveau continent.
En composant des pleines planches superbes, Philippe Nicloux nous offre un récit en noir et blanc d'une beauté à couper le souffle, le tout servi sur un scénario en béton de LF Bollée, dont je suis la carrière depuis plusieurs années.

Ouvrage imposant s'il le faut, assez cher également, mais qui a su, aux dires de l'éditeur, conquérir un public assez large.

Pour le moment, il s'agit pour moi, d'une des meilleures bande dessinées que j'ai lues depuis ce début d'année.
Dépaysant, instructif, intéressant et surtout bien dessiné.

Que demander de mieux ?
Une odyssée passionnante 8 étoiles

Voilà déjà un moment que je me réjouissais à l’idée d’entreprendre la lecture de cet « album fleuve » (ou devrais-je dire « océan » dans le cas présent ?). Le projet est ambitieux, indéniablement. Et on saura gré à Glénat d’avoir publié l’ouvrage en une seule fois malgré ses quelque 500 pages, nous épargnant ainsi une série à rallonge de plus. La scénarisation, basée sur un travail impressionnant de recherches historiques, est menée de main de maître et avec beaucoup d’honnêteté. La narration glisse sereinement tel un puissant trois-mâts vers le vaste océan, sans donner l’impression de chercher à tout prix l’effet de manche XXL. Le côté docu-fiction de cette épopée extrêmement immersive sur les débuts de la colonisation de l’Australie réconciliera les tenants de la vérité historique et les amateurs d’aventure. En outre, la qualité littéraire des textes confère un supplément d’âme à ce récit passionnant.

Quant au dessin au style réaliste, il révèle le talent et l’endurance de Philippe Nicloux dans ce projet au long cours (cinq ans tout de même). Néanmoins, je l’ai trouvé parfois inégal dans le sens où le dessinateur semble avoir mis plus de soin à représenter certaines choses que d’autres. Autant les paysages (ciel, océans et forêts) sont magnifiques à regarder (je serais curieux de connaître la technique utilisée par Nicloux, sorte de combinaison entre pochoir, encre de chine et Photoshop), autant les scènes d’intérieur sont frustrantes de par l’absence de détails, ce qui produit un contraste gênant d’après moi. De même, si les visages sont expressifs, j’ai eu du mal à identifier certains protagonistes récurrents, relativement nombreux il faut bien le dire. Heureusement, la mise en page efficace vient compenser ces quelques défauts. Pour en finir avec l’aspect graphique, il me semble que la couleur aurait été plus pertinente que le noir et blanc pour ce type de récit, qui se veut tout de même une invitation à voyager vers les grands espaces azurés et les mers turquoise du Pacifique.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur cette œuvre imposante. Globalement, c’est un ouvrage de qualité, un bon gros pavé dans lequel on se plonge avec bonheur et qui nous propose une vision humaniste et équilibrée d’un chapitre de la colonisation occidentale au XVIIIème siècle. Il y est raconté comment cette colonisation atypique, qui s’est faite de façon assez pacifique vis-à-vis des « naturels » (les Aborigènes), consistait à trouver un lieu inhabité et suffisamment éloigné de l’Angleterre pour y déporter des bagnards, alors que se posait le problème de la saturation des prisons. Un bel hommage à ce pays et à ces hommes, qui ne savaient pas en partant s’ils arriveraient à bon port. L’Australie reste, encore aujourd’hui, assez méconnue vu d’Europe et fait office de « dernière frontière », dernière machine à rêves des candidats au dépaysement, où parviennent à se rejoindre modernité et mythes ancestraux.

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 26 octobre 2014


DEJA UN CLASSIQUE !! 10 étoiles

voila un ouvrage qui fera date pour moi , en effet libraire spécialisé bd depuis 15 ans j'en ai lu des bd.... et bien au moment où j'écris ces lignes terra australis est ma préférée en effet tenir en haleine le lecteur durant plus de 500 pages relève du grand art !!
le pitch en fait c'est l'histoire de la colonisation de l'Australie par le biais de personnages issus des différent milieux sociaux de l'époque avec un plus fort pourcentage pour les locataires des prisons londoniennes dont les anglais voulaient se débarrasser , beaucoup de registres sont abordés avec subtilité dénonçant les pratiques de l'époque sans pour autant tomber dans le cliché ou le poncif .
j'espère que le grand prix d Angoulême pour une fois fera preuve de goût cette année en primant cet ouvrage majeur pour moi dans l'univers de la bd
bonne lecture à vous, mais je ne m'en fais pas !!

Bedeland la reunion - - 60 ans - 12 septembre 2013