Eldorado et Terre sauvage

Far – West. Comment ne pas rêver à un tel énoncé ? Christian Vérot ne s’est pas contenté de rêver, il nous explique en texte de présentation sa passion des voyages, facilitée du fait qu’à 23 ans il se retrouve travaillant comme électronicien à Kourou, en Guyane, au cœur du continent américain.

« Pendant sept cents jours je vais parcourir les Amériques en prenant le temps ; le temps de voir, de sentir, d’écouter, de goûter, de rencontrer, de comprendre et même parfois de me tromper. Le temps d’aimer ou de détester, mais surtout de savoir pourquoi. Le temps de comprendre que le Voyage, le vrai, est aussi éloigné des pitreries du « Paris-Dakar » que Pinochet d’un démocrate.
…/…
Des fleuves amazoniens aux forêts du Mato-Grosso, en compagnie des vaqueiros du Sertao ou des gauchos de la Pampa, dans la froide solitude des steppes de Patagonie ou des glaciers andins, je ne sais pas ce que je cherche.
…/…
Soixante mille kilomètres et quarante-six crevaisons plus tard, je m’apprête à quitter l’Amérique latine mais sans enthousiasme. Ce qui m’attend au nord du Mexique ne m’attire guère. Je vais revenir à la civilisation, celle du hamburger, qui plus est ! Seule une idée folle me pousse à continuer : rallier le cap Sud au cap Nord.
…/…
Contaminé par la fièvre du voyage, je n’ai pas cherché à me soigner. Je suis retourné quelques fois en Amérique latine et treize fois en Amérique du Nord. C’est ce pays dont j’attendais le moins qui a exercé sur moi l’attraction la plus forte. Ne me demandez pas pourquoi ! Parfois vous partez avec le projet d’emballer une belle brune, et vous revenez au bras d’une blonde … »

C’est vrai que c’est paradoxal. C’est vrai aussi que l’Ouest américain, le Far West, a une capacité d’attraction peu commune. Des espaces démesurés aux configurations toujours changeantes. Un petit d’air d’éternité – à la mesure du pays, une éternité de 200 ans, allez ! – et un sentiment à la fois de plénitude et de quiétude.
Et donc Christian Vérot nous fait partager des photos. Des photos d’espaces, des photos de phénomènes naturels, des photos d’une faune d’une folle richesse. Je dirais que, quelque part, il n’a pas de mérite : pour rater des photos dans l’Ouest américain il faut au moins oublier de mettre une pellicule dans l’appareil !
Des photos et de ses considérations, par chapitres, sur l’histoire, sur des lieux, des faits précis. Il revient sur des choses très désagréables comme le génocide des peuples amérindiens perpétrés par les immigrants, dont on n’a jamais beaucoup parlé, ou qu’on n’a pas toujours pris vraiment au sérieux. Il y a de longs développements sur « L’indien ». Ce qu’il était, ce qu’il en reste. Christian Vérot n’est pas dupe. Il nous demande de ne pas l’être également :

« Ainsi certains voyaient-ils l’Indien comme une bête sauvage à éradiquer. Plus tard, d’autres le présentèrent comme le bon sauvage cher à Jean-Jacques Rousseau ; les gens instruits adorent parler de ce qu’ils ignorent. Pour ma part, j’ai rencontré des Indiens se montrant parfois sages et réfléchis, accueillants et passionnants. Parfois aussi, ils furent violents et alcooliques, voire racistes et obtus. Soyons francs, les Indiens d’Amérique nous ressemblent comme deux gouttes d’eau !
L’Indien nous intrigue, mais, pour une fois, ne parlons pas de l’Indien, écoutons-le … »

Et puis d’autres développements sur l’Homo Americanus actuel …

• 

  Far West [Texte imprimé], Eldorado et terre sauvage Christian Vérot

  de Vérot, Christian
  Anako éd. / Collection Horizons d'aventures
  ISBN : 9782907754576 ; EUR 24,75 ; 16/10/2000 ; 119 p. ; Relié

  Go Amazon