Une encyclique à quatre mains sur la foi

Une encyclique à quatre mains. Une grande première dans l'Histoire de la papauté !
Mais est-ce vraiment une encyclique à quatre mains comme on nous l'a annoncé à cor et à cri ? Maintenant on nous dit que ce serait Benoît XVI qui l'aurait écrite et que François l'aurait simplement relue puis signée. On nous dit aussi que François aurait demandé à Benoît de simplifier un peu son texte pour que tout le monde puisse le comprendre. A mon humble avis c'est Benoît qui l'a écrite et, si François l'a relue et a demandé qu'elle soit simplifiée, il n'a pas été écouté parce que c'est trop souvent incompréhensible pour le commun des mortels – parmi lesquels je me range volontiers.

Mais pour le peu que j'en ai compris je l'ai trouvée très édifiante.
Le Pape commence par une longue démonstration pour prouver que la foi est tout le contraire de l'obscurantisme : c'est le chemin vers la liberté, nous dit-il, qui éclaire toute notre existence.
Puis il nous montre ce qu'est la foi à travers les grands personnages de la Bible : pour Abraham c'est la foi qui a entendu, pour Moïse c'est la foi qui a vu, pour le peuple d'Israël c'est la foi qui porte un peuple vers la liberté.

Le Pape dans son encyclique réaffirme avec force le rôle essentiel de l’Église dans la transmission de la vraie foi, il y consacre un chapitre entier. Il condamne les idolâtries du monde moderne qui mènent à la servitude et à la destruction des valeurs. Il passe en revue la plupart des philosophes nihilistes et matérialistes pour démontrer qu'ils se trompent. Ce sont de très belles démonstrations mais qui sont extrêmement difficiles à comprendre. Le Pape cite encore beaucoup d'écrivains et des penseurs que, hélas ! beaucoup de lecteurs n'auront pas lus. Il fait souvent appel à saint Paul qui est loin d'être un théologien facile d'accès. Mais je crois que saint Paul s'adressait à un public de culture grecque intellectuellement plus développé que nous qui avons sombré dans une culture matérialiste et sans credo. Quoi qu'il en soit, cette encyclique plane décidément un peu trop haut pour moi et pourtant elle s'adresse à l'ensemble des fidèles.

Déjà avant sa démission, Benoît XVI s'enfermait souvent dans la prière et dans ses livres : il nous livre le fruit de ses méditations et on ne devrait pas s'étonner de son élévation de pensée : c'est un des meilleurs théologiens du christianisme et ses écrits resteront des références absolues. Mais, si j'ose me permettre une réflexion, notre nouveau Pape François est l'homme de terrain dont l’Église a tant besoin et que d'aucuns appellent de tous leurs vœux. Aussi c'est avec impatience que les fidèles attendent la première encyclique écrite de ses propres mains.

La foi de Benoît XVI est la foi des élites et de certains saints qui ont fait de leur vie une méditation permanente. Mais il existe des types de foi plus accessibles : la plupart des fidèles sont à la recherche permanente de la Vérité ; d'autres ont la foi du charbonnier qui est peut-être la plus belle : c'est la foi du Moyen-Age qui ne doute de rien ; d'autres encore, comme Bernadette Soubirous et Julienne de Cornillon, sont tout à fait incultes et ont une foi à renverser les montagnes ; et, dans l’Évangile selon saint Luc, Jésus dit à la pécheresse : va, ta foi t'a sauvée ! (Lc 7, -50). La foi reste et restera toujours un grand mystère et je crois qu'aucune encyclique ne pourra jamais l'élucider entièrement.

Évidemment, la lecture d'une encyclique est rarement une partie de plaisir. Il y a les redondances et les explications multiples qui sont la loi du genre et qui plaisent particulièrement à Benoît XVI qui est de culture germanique (on sait que les Germains s'y reprennent toujours à deux ou trois fois pour définir un concept, là où un langage précis pourrait le définir d'un seul coup).

Néanmoins, cette encyclique donne un éclairage sur la foi, difficile d'accès, certes, mais qui vaut la peine d'être lu par tous ceux qui s'interrogent sur le sens que la foi chrétienne peut donner à la vie.

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  La lumière de la foi [Texte imprimé], LUMEN FIDEI

  de Francois, Pape
  Bayard, Cerf, Fleurus-Mame / Documents d'Église
  ISBN : 9782204101622 ; 3,00 € ; 08/07/2013 ; 94 p. ; Broché

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