Madame Seyerling de Didier Decoin
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Pemquide House, New York
Je ne connais pas très bien Didier Decoin. J’ai lu un seul autre livre de lui « La femme de chambre du Titanic » dont il me reste très peu de souvenirs sinon aucun. « Madame Seyerling » raconte le voyage d’un écrivain français dont la volonté de ne plus écrire risque de bouleverser sa femme et son éditeur. Il a donc soigneusement caché cette décision à ceux-ci pour s’enfoncer dans le monde du mensonge et de la tromperie. Il consacre désormais ses journées à épier les gens, ses « après » comme il dit. Il se rend donc à New York dans le but d’épier madame Seyerling, une dame noire dans la jeune cinquantaine, et de constater de visu la façon dont elle organise sa vie depuis le terrible drame qui l’a frappée de plein fouet il y a quelques temps.
Malgré une jolie écriture agréable et un cadre bien décrit (New York en hiver), le sujet m’a semblé tiré par le cheveux et bien peu vraisemblable. Le personnage de madame Seyerling ne m’a nullement bouleversée ni touchée, il est resté abstrait, confus et irréel. Les autres personnages non plus d’ailleurs. Le narrateur se rapproche de l’auteur au point de se confondre avec lui. Il n’était pas utile de faire allusion à Didier Decoin, j’ai trouvé cela un brin prétentieux et narcissique.
Bien que l'atmosphère soit réussie, le thème intéressant bien que peu crédible, l'écriture de qualité, quelque chose d’indéfinissable m’a profondément agacée du début à la fin, surtout vers la fin ou mon exaspération était à son comble mais je ne saurais dire ce qui m’a irrité à ce point. Je pense que c’est une certaine complaisance perçue à travers les lignes, un contentement de soi comme si l’auteur voulait absolument nous montrer à quel point il est bon et comme il sait trouver des sujets originaux etc. Mais c’est tout personnel comme opinion, peut-être d’autres lecteurs ne percevront aucunement cela et apprécieront le récit sans éprouver ce malaise indéfinissable qui m’a gâché mon plaisir. Car il demeure que le livre de Didier Decoin ne manque pas d’un certain charme et l’histoire se laisse lire. J’ai bien aimé les quelques références à Kawabata et à quelques autres écrivains comme Auster et Fante ainsi que les belles descriptions de scènes hivernales et de personnages pittoresques. L’auteur a aussi un talent certain pour décrire les odeurs et les perceptions olfactives perçues par le narrateur qui est fort sympathique en passant.
« Elle est venue au matin, madame Seyerling. À peine s’il faisait jour. La camionnette électrique du laitier avait tout juste disparu au bout de l’avenue. Madame Seyerling avait jeté un manteau usé sur ses épaules. Sous le manteau, elle portait sa robe de chambre rose, et sous la robe de chambre rose un pyjama blanc. Tout ça très seyant sur sa peau sombre, lui donnant vaguement l’air d’une grosse pivoine au cœur noir. Elle a ouvert sa porte, froncé son nez pour humer l’air comme font les écureuils quand ils ne se rappellent plus où ils ont caché leurs noisettes, il n’y a rien de plus étourdi qu’un écureuil. Regardant à droite, regardant à gauche, regardant aussi en l’air – le réflexe de quelqu’un qui a longtemps travaillé sur un aérodrome -, elle a traversé la rue en trottinant, grimpé prudemment les marches pourries de mon perron, et elle a sonné. »
Les éditions
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Madame Seyerling [Texte imprimé], roman Didier Decoin,...
de Decoin, Didier
Seuil
ISBN : 9782702869581 ; 20,30 € ; 23/01/2002 ; 294 p. ; Broché
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