Lays de Martin L. Gore, Klaus Voormann (Dessin)
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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"It won't be long until you'll do/ Exactly what they want you to !..¤"
Le bouquin des lyrics du groupe des yuppies consacrés le plus populaire au monde, et depuis un moment! J'ai nommé Depeche Mode: même si leur popularité était beaucoup plus vivace durant les années 80/90's reconnaissons à ces successeurs de Kraftwerk un certain talent, d'autre part s'agissant de l'innovation et enfin concernant l'écriture des chansons, le plus souvent signées par Martin Gore...
Même si on est loin du culte sulfureux d'autres auteurs beaucoup plus mythiques, il faut néanmoins constater que Depeche Mode a été à l'origine l'une des premières formations à miser sur le son synthétique avec différents samplers avant d'ailleurs d'être imité par une multitude de groupes, dont nous dirons quelques gratteux reconnus. Bien sûr, leur plus gros succès (Violator) est un peu éloigné dans le temps maintenant, ils ont dû perdre une certaine dose d'innocence, et la dark pop a depuis donnée naissance à un florilège de bands moins connus des masses - ceux-là les supplantant d'ailleurs parfois avec brio - mais certains titres de DM sont en réalité très ambigus ainsi qu'à double-sens, et mériteraient qu'on se penche dessus avec davantage d'écoute. Je pense bien sûr, en désordre, aux hits "Enjoy the Silence", "A Question of Time", "Little 15", ou plus récemment "I Want it All" ou alors le très roots "Fragile Tension."
D'aucuns fanatiques du groupe retrouveront aussi à l'intérieur du livre l'esthétique de départ du groupe, utilisant parfois une imagerie martiale ainsi que des sonorités contemporaines. Il paraîtrait que M-L Gore à ses débuts (avant que DM ne déménage aux USA et ne soit désormais si mainstream dans sa pop) se réclamait de Kafka et était communiste sinon farouchement égalitaire; preuve en est les divers accessoires et costumes de femme qu'il utilisait sur scène ou lors des shoots ! Peu importe de toute façon, DM a également travaillé aux cotés de ces artistes subversifs et ultra-renommés du rockdom, dont David Bowie et Brian Eno, et nul doute que les gens se souviendront à l'avenir de plusieurs de leurs titres*...
*A noter entre autre, la cover de Personal Jesus interprétée par l'immense Johnny Cash.
résumé
Ce volume réunit, pour la première fois sous la forme d'un livre, l'essentiel des textes écrits par Martin Gore pour Depeche Mode. Une sélection de 87 chansons accompagnées de six illustrations originales du légendaire Klaus Voormann. Chaque texte est présenté en anglais, puis fait l'objet d'une traduction fine, permettant de découvrir ces chansons sous un jour inhabituel. Les classiques Walking in My Shoes, Enjoy the Silence, Everything Counts, Strangelove, et Fly on the Windscreen ont connu un succès commercial si massif qu'il est facile d'oublier la délicatesse de langage, l'intemporalité et souvent l'humour pince-sans-rire dont ces textes témoignent. Le présent recueil constitue la célébration d'un des auteurs-compositeurs les plus talentueux et les plus originaux de la musique pop de ces 25 dernières années. À l'occasion de la sortie mondiale de leur nouvel album en avril 2013, il importait de donner la possibilité à ceux déjà conquis par ce répertoire et aux autres, de voir les chansons enfin inscrites noir sur blanc. Ainsi Martin Gore : Lays nous donne pour la première fois l'opportunité de reconsidérer dans son ensemble l'oeuvre écrite de Gore - sans sono, sans lumières et de prendre conscience de sa place importante parmi les grands paroliers de notre temps. Un livre indispensable pour tout passionné de musique. Fan de Depeche Mode ou non, chacun sera sensible à cette rétrospective qui parcourt un fragment singulier et incontournable de l'aventure rock.
¤"Ce ne sera pas long avant que tu ne fasses/Exactement ce qu'ils veulent"
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Les éditions
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Lays
de Gore, Martin L. Voormann, Klaus (Illustrateur) Harchaoui, Jugurtha (Autre) Corbijn, Anton (Photographe)
Normant
ISBN : 9782915685411 ; 138,42 € ; 13/04/2009 ; 216 p. ; Broché
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Un autre éclairage sur Dépêche Mode
Critique de Eric Eliès (, Inscrit le 22 décembre 2011, 50 ans) - 15 juin 2019
Le premier mérite de ce livre, qui présente en édition bilingue presque cent chansons du groupe Dépêche Mode, est de dénoncer les préjugés de genre musical. Les textes de Martin Gore, principal auteur-compositeur d’un groupe qui s’est peu à peu imposé, à partir des années 80, comme l’un des plus grands groupes modernes, avec une palette musicale allant de la cold wave au rock électro, ont une tenue littéraire assez stupéfiante. Comme l’écrit Jugurtha Harchaoui dans sa préface : Contre toute attente, ces chansons, réduites au silence et éloignées de leur médium originel, tenaient toujours debout. Derrière une apparente simplicité d’écriture, on ressent dans les textes une sensibilité teintée de mélancolie morbide et d’ironie amère. Les chansons, ressassant les mêmes thèmes où dominent la solitude, la hantise de la mort et de la fuite du temps, les espoirs et les désirs inassouvis, la frustration des rêves déçus, etc. composent un ensemble d’une grande cohérence. Les textes semblent se faire écho et se répondre en déclinant les nuances d’un état d’âme qui correspond presque exactement au « spleen » qui hante la poésie depuis Poe et Baudelaire.
Enjoy the silence
Les mots, comme la violence,
Brisent le silence,
Viennent se heurter
Contre mon petit monde.
Ils me sont douloureux
me percent de part en part
Ne peux-tu donc comprendre ?
O ma petite femme
Tout ce que j’ai pu désirer
Tout ce qui a pu me manquer
Est ici, dans mes bras,
Les mots, c’est si inutile,
Ca ne sert qu’à faire mal.
Les serments sont dits
Pour être rompus.
Les sentiments sont intenses,
Les mots sont creux.
Les jouissances demeurent,
La souffrance aussi.
Les mots sont vides de sens
Et s’oublient.
Goûte le silence.
La traduction est souvent remarquable et suscite un réel plaisir de lecture. Même si elle a parfois tendance à enjoliver le texte brut, la version française reste très fidèle au texte, mais sans tomber dans le mot à mot, et parvient à conserver la tension et la densité du texte ainsi que sa musicalité intrinsèque, même si la voix du chanteur (Dave Gahan) est ici remplacée par la voix intérieure propre à chaque lecteur. La préface est également intéressante. Elle contient une brève analyse des textes et de l’univers musical de Dépêche Mode, fondé sur le ressenti du traducteur. A noter la pique finale, à la fin des remerciements, envers JD Fanger, l’agent de Martin Gore : j’aurais été curieux de savoir si c’est parce que l’agent a tenté de monnayer le copyright des textes ou s’il s’agit d’autre chose. En effet, à la fin de l’ouvrage, il est écrit (en petits caractères) que la préface contenait initialement une présentation et une biographie de Martin Gore qui n’ont pas été approuvées par l’entourage du chanteur.
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