Smilla et l'amour de la neige
de Peter Høeg

critiqué par Folfaerie, le 12 avril 2003
( - 55 ans)


La note:  étoiles
Une heroïne qui vient du froid...
Je ne sais pas grand-chose des auteurs scandinaves, à part quelques classiques, et rien en tout cas des contemporains, et si je me suis décidée à lire ce roman, c'est parce que j'ai d'abord vu l'adaptation cinématographique qui m'avait enthousiasmée. C'est amusant, depuis quelques temps le cinéma me fait découvrir de très bons auteurs ! Et puis, comme toujours, le roman est infiniment meilleur que le film, une bonne surprise donc.
Ce gros roman, riche et dense, nous entraîne à Copenhague où un jeune garçon Groenlandais se tue en tombant du toit d'un immeuble. Persuadée qu'il ne s'agit pas d'un accident, l'une de ses voisines et amie, Smilla Jaspersen, décide de mener son enquête. Elle découvre rapidement qu'une compagnie danoise de cryolithe, dont les desseins sont obscurs, est étroitement liée à la mort de l'enfant... Smilla la métisse, de père Danois et de mère Groenlandaise, est une femme riche et solitaire. Ses relations avec les autres sont complexes, que ce soit avec le dangereux professeur Tork, son propre père, ou son voisin le Mécanicien, aux motivations troubles. Et bien que ce ne soit pas une héroïne au véritable sens du terme, car ses mobiles sont égoïstes, Hoeg nous fait partager la quête de Smilla avec passion.
A travers Smilla, Hoeg nous assène quelques vérités sur nos comportements occidentaux et nos valeurs. De sa mère, Smilla a hérité l'amour de la neige et de la glace. Ellle en a la froideur et la solidité. Avec cette lucidité et cette fatalité propres aux peuples autochtones, elle recherche la vérité, animée d'une passion et d'une conviction inébranlables. Et c'est bien la seule qui tente de savoir, qui ose demander : pourquoi ? Smilla personnifie également Copenhague, avec ses contradictions et ses certitudes, balançant entre tradition et modernité. Mais par dessus-tout, le personnage central de ce très beau roman est sans nul doute la neige, pour qui les Groenlandais ont inventé plus de 30 mots. Le Danemark, les Groenlandais, Smilla ne peuvent vivre sans la neige et ce froid qui a façonné leur identité...
Et puis avec quelle facilité l'auteur s'est glissé dans la peau d'une femme ! Il s'est pris d'affection pour son personnage, cela se sent à chaque page, sans jamais tomber dans le sentimentalisme ou la mièvrerie. Un grand auteur donc, à surveiller, et un excellent roman que je recommande vraiment à tous ceux qui veulent découvrir la littérature contemporaine scandinave.
La glace et son univers 9 étoiles

Smilla est Esquimaude par sa mère, Danoise par son père. A 11 ans, sa mère disparaît dans les glaces du Groënland et Smilla se voit contrainte de venir vivre auprès de son père au Danemark. Son parcours sera atypique, scientifique. A 37 ans, son jeune voisin décède, tombé du toit. Smilla refuse de croire à l'accident, et débute sa propre enquête, qui la mènera très loin.

Un très beau roman, où l'interêt du suspens n'a pas la première place. D'ailleurs toute la seconde partie, dans le bateau, m'a parue compliquée, technique et assez rébarbative. Par contre les constantes références au Groënland, et les explications de leurs moeurs et de la politique menée m'ont énormément interessée. L'héroîne est elle aussi très atypique et pleine de charme. Mais bon sang faut arrêter dans les romans de considérer 37 ans comme quasi l'âge de la retraite !
C'est dépaysant, et le monde de la glace est certainement à mieux connaître !
Une très belle découverte.

Cuné - - 57 ans - 12 septembre 2004


Un coeur chaud sous la glace 9 étoiles

À la belle critique de Folfaerie, je voudrais souligner la lourde atmosphère, voire fantastique dans laquelle baigne l'oeuvre. Il y a des personnages sortis de nulle part qui semblent détenir des clefs qui ne peuvent libérer le mystère. Les images créées pour appuyer cette impression deviennent magistrales quand le bateau qui se rend au Groînland est pris dans les glaces. Venant d'un pays de froidure et ayant été prisonnier des glaces, j'ai vécu alors des moments palpitants imprégnés de fantastique quand on voit le soleil rouge miroiter sur la glace et, le soir, le ciel devenir aussi noir que de l'encre.
J'ai quand même coté cette oeuvre à 4.5 pour les aspects que l'auteur a laissés un peu obscurs même si la symbolique réussit à s'élever au niveau de la mythologie boréale.

Libris québécis - Montréal - 82 ans - 14 avril 2003


Smilla's sense of snow 8 étoiles

Voilà de nouveau un livre dont je parle sans l'avoir encore lu mais en ayant simplement vu son adaptation cinématographique, qui m'a aussi donné l'envie de le découvrir.
"Smilla's sense of snow", titre original du roman, encore plus adéquat, je pense. C'est vraiment de ça qu'il s'agit, ce sens de la neige, cette relation intime avec elle, cette intégration de la neige à sa raison d'être. Comme le dit bien Folfaerie, Smilla est une femme dure et froide, amère. Elle repousse, refuse, rejette. Ce petit garçon, même, enfant livré à lui-même qui l'agace mais qu'elle finit par accepter dans son cadre de vie pourtant si restreint. Et lorsqu'il en sort, brutalement, elle se bat pour comprendre, avec elle-même, avec les autres.
L'atmopshère sobre et étouffée de ce film n'en contenant pas moins des âmes fortes et passionnées, reste vraiment un atout majeur de cette histoire qui mérite très probablement d'être lue.

Bluewitch - Charleroi - 45 ans - 13 avril 2003