Le Bouquiniste Mendel
de Stefan Zweig

critiqué par JEANLEBLEU, le 4 août 2013
(Orange - 56 ans)


La note:  étoiles
Splendide évocation d'une monomanie
Dans cette nouvelle, Stefan Zweig présente un monomaniaque splendide : le bouquiniste Mendel qui est un passionné de bibliophilie. Aucune information relative à des livres anciens (date d'édition, éditeur, prix, ...) ne lui est inconnue. Son "bureau" est une table d'un café viennois où ses clients (des bibliophiles exigeants et fortunés pour certains) viennent le consulter et lui passer commande. Il ne vit que pour sa passion des livres, ne prenant que de très faibles commissions sur ses ventes. Mendel n'a aucune conscience du monde extérieur. Le monde ne se résume pour lui qu'aux livres (dont le contenu ne l’intéresse pas vraiment, seules l'intéressent les informations de bibliophilie). Il ne se rend même pas compte que la guerre 14 vient de commencer et sa correspondance avec l'ennemi (courriers vers des éditeurs français puis anglais) vont le perdre sans qu'il réalise pourquoi.
Et c'est là que cette nouvelle prend aussi un caractère politique avec la dénonciation des camps de concentration (qui existaient déjà dans tous les pays en 1914 : en Angleterre, en France, en Autriche, en Allemagne, ...).
Pour Zweig, l'Europe a commencé à basculer dans la barbarie avec la première guerre mondiale.
Quant au style, l'univers de Zweig est toujours aussi riche au niveau psychologique.
A lire.
Un bijou dans le genre 9 étoiles

Surpris par une averse, un homme se souvient d’un bouquiniste qu’il a connu jadis - mais qu’il a honteusement occulté de sa mémoire-. Son nom était Mendel qui officiait dans ce café. Il était doué d’une mémoire encyclopédique entièrement dévoué à sa profession, faisant référence parmi les sommités des intellectuels de son temps. Jusqu’à un jour, durant la guerre 14-18, Mendel est arrêté : il sans doute, Juif, en tout cas Russe, donc ennemi de l’Autriche. Il est même soupçonné d’être un espion ce qui est bien entendu archi-faux. Notre homme ne survivra pas aux sévices subis dans les camps de concentration.

Un bijou dans son genre !

Extraits :

- A quoi bon vivre, si le vent sur nos talons efface toute trace de notre passage ?

- J’avais oublié le bouquiniste Mendel pendant des années, moi qui sais bien, pourtant, qu’on ne fait les livres que pour unir les hommes par-delà la mort et nous défendre aussi contre les adversaires les plus implacables de toute vie : l’évanescence et l’oubli.

Catinus - Liège - 73 ans - 17 février 2018