D'Ocre et de Cendres Femmes en Algérie 1950 1962
de Michèle Perret

critiqué par Touloulou00, le 5 août 2013
( - 69 ans)


La note:  étoiles
Instantanés de guerre
L'auteure, spécialiste reconnue de l'histoire de la langue française, est née en Algérie du temps des colonies. Dans deux de ses ouvrages, elle a voulu restituer son expérience, assez nuancée, de ce qu'a pu être l'époque "pied-noir". Un premier livre ("Terre du vent") raconte la façon dont une jeune enfant avait pu ressentir les choses, celui-ci décrit la période de la guerre du point de vue de femmes non combattantes. Treize nouvelles donnent à voir une société où "on ne se mélange pas", où les amitiés possibles entre européens, juifs algériens et algériens musulmans restent pudiques, à peine esquissées, où les femmes de petite condition, même européennes, se font engrosser avec désinvolture par les heureux de ce monde, où les pauvres laveuses de linge triment pour gagner leur pitance et celle de leurs enfants et où, cependant, flotte un air de bonheur, le bonheur des sociétés en voie de disparition.
Avec les derniers temps de la guerre, on sent de plus en plus l'horreur, la violence, la cruauté : c'est une vieille femme dont le compagnon colon et l'ami musulman sont assassinés à quelques jours de distance par des fanatiques, c'est une petite fille kabyle orpheline dans les rues, après une manifestation sanglante, ce sont les morts des massacres d'Oran qui accueillent la dernière d'entre eux, c'est une institutrice algérienne survivante, victime quelques années plus tard de l'intolérance et de l'ignorantisme.
Le livre se termine par une image de pardon que je vous laisse à découvrir.
Une jolie écriture et une douce émotion qui, de nouvelle en nouvelle, font regretter de terminer si vite ce trop petit livre.