Insomnie et autres poèmes
de Marina Tsvétaïeva

critiqué par Provisette1, le 9 août 2013
( - 12 ans)


La note:  étoiles
L'"Amour fou de la vie, soif fébrile, convulsive de vivre"!
...Et c'est tout cet amour fou, intense, pénétrant et cet amour tout aussi fou des mots, cette "soif de toutes les routes" de cette grande dame, "Danseuse de l'âme" qui, tel un chant du monde, nous emporte, nous envoûte...!

"Jamais tu ne sauras ce que je brûle, je perds
(Syncope des coeurs!)
Sur ton sein tendre, ardent et creux,
Mon adorable fier.

Jamais tu ne sauras quels orages
Non-nôtres- tu as baisé les pas!
Ni montagne ni ravin, ni mur ni remblai:
Pour l'âme- un passage!
...............................................

Couche-toi- moi aussi.Oh, c'est bien!Oui, très
bien!
.........................................................."

...ou la magie de l'éclatant- "L'heure de l'âme"-:

"Il est l'heure de l'âme comme une heure de Lune,
De hibou, heure des ténèbres, des brumes-
Heure de l'Âme comme heure de la corde
De David dans le sommeil

De Saül...Tremble en cette heure,
Vanité, ôte ta pourpre!
Heure de l'âme comme heure d'orage,
Enfant, cette heure est mienne.

Heure des notes les plus secrètes
Du coeur.Déversoir!
Toutes les choses désassemblées,
Tous les secrets des lèvres

Tombés.

......................"

Et avec Marina, poétesse d'infini, passionnée d'Hölderlin, de Pouchkine ou de Goethe, celle qui correspondra avec Rilke et Pasternak, qui rencontra Mandelstam et Maïakovski, nous nous laissons porter par le souffle des mots et le son lumineux de ses vers, semant en nous, une musique exaltant tous nos sens!

...Car Marina le sait, le chante:

"Il commence de loin son discours, le poète
Il emmène loin, son discours, le poète.

Planètes, marques, chemins détournés,
Ravins de paraboles...Entre oui et non.
Et même jeté du haut d'un clocher,
Il fera un détour...Car sa voie de poète

Est celle des comètes.Rompus les liens
D'effets, de causes-telles sont ses mailles.
Le front dressé- aucun espoir!Les éclipses
Des poètes ne sont pas des calendriers.

Il est celui qui brouille les cartes,
Mélange les poids, mêle les chiffres,
Il interroge le maître, lui- le disciple,
Et il bat Kant à plates coutures,

Dans le cercueil de la Bastille
Il s'épanouit: toute la splendeur
D'un arbre en fleurs...Il est celui
Dont on a tous perdu la trace,
Le train toujours manqué
-Car sa voie de poète-

Est celle des comètes: pour chauffer
il consume, pour pousser-il déchire!
Explosion, effraction- la route
Une courbe échevelée...
mais pas dans les calendriers!"

Ô combien difficile et,peut-être(?), chimérique est l'espoir de vous transmettre mon véritable amour pour cette poétesse!

Lisez!Lisez Marina!
Lumière, lumière!
Entendez la musique des mots!
Partez!Partez!
Laissez votre coeur, votre esprit s'envoler!