M'as-tu vu en cadavre ?
de Léo Malet (Scénario), Jacques Tardi (Dessin)

critiqué par Jules, le 19 janvier 2001
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Une ambiance et un style
Un nouveau Nestor Burma, détective imaginé par Léo Malet qui en a fait des livres, et que Tardi reprend pour en faire des BD des plus réussies.
Cette enquête va faire évoluer Burma dans les milieux de la chanson dans les années 1950. Il rencontrera un ex-impresario véreux, une vedette masculine de chansons " sirops ", qui sert de paravent à un trafic pour le moins ignoble et une ex-vedette féminine qui sombre dans l'alcool après avoir été plaquée par la jeune vedette " sirop ".
Tout cela dans un Paris loin des grands quartiers, plutôt autour des gares et le long du canal Saint Martin. J’aime bien Nestor Burma, j’adore Tardi et aussi Paris ! Alors.
Burma et le show-bizz 8 étoiles

Cette enquête de Nestor Burma débute un peu bizarrement. Un matin, il croise dans son agence un étrange zigue, prénommé Auguste Colin ou Nikolson, comédien de son état. Mais plutôt dans la dèche le comédien. Profitant d'être une connaissance de la secrétaire de Burma, Hélène, il vient lui soutirer une jolie somme pour subvenir à ses besoins. Au final, c'est Burma qui doit y aller un peu de sa poche et il trouve le gars un peu douteux. Soupçon confirmé quand ce dernier leur fait faux bond au moment de l'échange de la somme dans un café du XX arrondissement. Vaporisé, volatilisé le Nikolson. Une enquête potentielle s'envole pour Burma.
C'est alors qu'une imprésario, Mme Souvre, Mado pour les intimes, le contacte pour protéger le fleuron de ces artistes, le chanteur de guimauves, Gil Andréa. Et voilà Burma qui plonge les deux pied devant dans le milieu du strass et des paillettes. Quoi qu'avec Burma on ait plutôt droit aux coulisses pas très folichonnes.
Cette fois, Tardi nous emmène dans le Paris du XXe arrondissement: gare de l'Est, gare du Nord, le long du canal Saint Martin, le porte Saint-Denis. Toute l'intrique va se jouer dans ce quartier d'une dizaine de rues. Une fois de plus, le dessin de Tardi nous fait découvrir ces endroits du Paname des années 50. Pour ce qui est des dialogues, c'est également ce qui fait le charme de cette série. On passe allègrement du dialogue châtié des demeures bourgeoises à la gouaille des titis de Paris, du style Audiard en quelque sorte. Quant à l'enquête, elle est terriblement passionnante.

Nothingman - Marche-en- Famenne - 44 ans - 4 janvier 2011


Sévèrement Burma 7 étoiles

Malgré une présence assez touffue des albums de Tardi au sein de ma bibliothèque, j'avoue que je ne suis pas convaincu par les talents de scénariste de ce grand dessinateur (notamment la série des Adèle Blanc-Sec, parfois décevante). C'est donc avec plaisir que l'on se jette dans "M'as-tu vu en cadavre", nouvelle adaptation de Léo Malet (la quatrième, tout de même) qui permet de retrouver un Nestor Burma plus vrai que nature. Tardi n'est pas toujours très doué pour créer des histoires, mais il les adapte comme peu d'auteurs y parviennent. Relisez "120 rue de la gare", "Brouillard au pont de Tolbiac" ou "Jeux pour mourir" si vous avez besoin de vous rafraîchir la mémoire.
Ce nouvel épisode des aventures policières de Nestor Burma se passe dans le dixième arrondissement. Tardi jubile tellement à l'idée de faire revivre ce quartier de Paris dans les années 1950 qu'il stipule sur la couverture : "Nestor BURMA dans le 10ème arrondissement" ! Précision peu courante en BD, mais qui montre bien le souci particulier qu'a attaché l'auteur à ses décors. On s'y croirait, c'est sûr. On en oublierait presque les détails de l'intrigue touffue de "M'as-tu vu en cadavre", concentrée en 60 pages bien remplies. Je n'ai pas lu le roman, mais on peut faire confiance à Tardi pour sa fidélité à l'oeuvre originale. L'adaptation est réussie, mais cet épisode n'est vraiment pas le meilleur de Burma. Les personnages et l'ambiance sont intelligemment plantés, mais l'intrigue policière elle-même manque un peu de punch et de rebondissements.
Vous pouvez néanmoins investir dans ce Tardi si vous êtes fan du bonhomme ou de Nestor Burma. Mais si c'est pour une découverte, je recommanderais plutôt "120 rue de la gare", classique qui sera difficile à détrôner.

Jean Loup - Vaulx en Velin - 51 ans - 31 janvier 2002


DU BO, DU BON DU MOYEN 0 étoiles

Tardi restera toujours Tardi tant qu'on ne le colorisera pas pour des raisons purement marketing, son trait (de génie?), son graphisme et sa documentation restent excellents ( j'ai vécu 20 ans rue d'Hauteville). Malheureusement le scénario de cet opus m'a laissé un peu sur ma faim, espérons que la production future ne dérivera pas pour la même raison évoquée pour la polychromie... Jules Yenas

Jules Yenas - Grand-Lancy, Suisse - - ans - 18 février 2001