Attention fragiles
de Marie-Sabine Roger

critiqué par Cyclo, le 12 août 2013
(Bordeaux - 78 ans)


La note:  étoiles
le roman des dépossédés
L'hiver est rude. Plusieurs personnages vont se croiser : Laurence, que son compagnon battait a fui et, devenue SDF, elle squatte un grand carton de réfrigérateur abandonné sous la passerelle de la gare. Elle fait croire à son fils Nono qu'elle part travailler, et fait la manche. Lucas, le jeune employé du buffet de la gare, lui donne de temps en temps – quand le patron n'est pas là ("Il me regarde comme si j'étais une merde. J'ai pas d'autres mots pour le dire. Et tant pis si ça choque. La vraie vulgarité, elle n'est pas dans les mots. Elle est dans la crasse des âmes", pense Laurence), des croissants ou sandwiches qui auraient, sinon, été jetés à la poubelle, et lui offre à boire. Laurence craint tant qu'on lui enlève son bambin qu'elle lui recommande de ne pas bouger. Mais le gamin, qui parle toujours avec son panda Baluchon, repère sur la passerelle, en haut, un étrange jeune homme avec un chien : c'est Nel le lycéen, aveugle, qui va au lycée avec son chien. Là, Cécile, la jeune lycéenne mal dans sa peau, car elle est laide – un boudin – va le découvrir et ils vont se rencontrer tous deux : "Je suis paralysée par ce miracle : je t'ai rencontré. Tu existes. Tu es là", dit Cécile, tandis que Nel est stupéfait de trouver enfin quelqu'un qui lui parle vrai : "On fait comme si de rien n'était, on ne parle pas de ta cécité, on l'ignore. Du coup, c'est toi tout entier qu'on efface", dit-il. Il y a aussi le gardien de square, M. Barnouin, car presque chaque jour, Laurence amène Bruno au square, et qui les regarde avec commisération. Mais quand la pluie arrive et démolit leur cahute en carton, comment Laurence va-t-elle s'en sortir ? Elle a bien rencontré Geneviève qui lui a donné le nom d'une association où elle est bénévole, et qui recueille les sans-logis... Mais va-t-elle oser y aller ? Car ceux qu'on a effacés, pour reprendre le mot de Nel, ont du mal à faire comprendre qu'ils existent !
"Attention fragiles" est le roman des exclus, des dépossédés, un roman vibrant d'intensité, d'une beauté crue et nue. Heureusement, tout le monde n'est pas comme le patron du buffet de la gare dont la devise est : Propriété privée. "Privée, oui : d'humanité, de cœur, d'intelligence", nous dit l'auteur. "Attention fragiles" est tout bonnement superbe, et le fait que ce soit paru dans une collection pour adolescents ne doit pas nous dissuader de le lire. Empruntez-le à votre bibliothèque favorite, commandez-le à votre librairie préférée, offrez-le autour de vous à des jeunes ou à des anciens, c'est un livre qui professe la vie, la vraie, pas celle que la société de consommation nous enseigne, celle de la relation entre les gens, de la communication retrouvée. Et ceci sans aucun misérabilisme, à coups de notations concrètes, vues, senties.
Il plaira de douze à cent douze ans !
llivre à lire 8 étoiles

J'ai beaucoup aimé ce livre "attention fragile" , je trouve que le titre correspond parfaitement à l'histoire . Je dirai que le seul bémol est l'histoire de Nel qui je trouve pourrait peut être mieux , quant à celle de Laurence et Nono rien à dire elle est géniale j'ai tout de suite accroché ! Les personnages sont attachants et l'histoire émouvante . Ce livre est pour moi un livre à lire car il en vaut vraiment la peine .

Xjux - - 21 ans - 16 mai 2018


Destins croisés 7 étoiles

C'est d'abord celui de Nel, jeune homme de 20 ans, aveugle, qui ne supporte plus la pitié des autres, la présence surprotectrice de ses parents.
C'est aussi celui de Laurence, jeune SDF de 23 ans, qui se bat pour survivre avec son petit garçon de 3 ans et demi.
Des destins douloureux qui vont juste se croiser mais que des rencontres vont transformer.
"Ben moi, finalement, quand je serai grand, je ferai pas aveugle. C'est trop long pour les escaliers... Aveugle, c'est nul."

Un joli petit roman qui m'a rappelé la tendresse de Barbara Constantine. J'ai beaucoup aimé les trouvailles linguistiques du petit Nono qui seraient dignes de figurer dans la collections des mots d'enfants !
Et la douce fin de cette histoire qui fait du bien:
"S'il croit à l'avenir, c'est sûrement parce qu'il y en a un."
A noter que ce roman était aussi rangé dans la section ado de la bibliothèque.

Marvic - Normandie - 66 ans - 21 octobre 2013