Un début à Paris
de Philippe Labro

critiqué par Veneziano, le 17 août 2013
(Paris - 47 ans)


La note:  étoiles
Commencer dans la presse à la fin des années 1950
Le narrateur entre comme pigiste à Paris, avenue de l'Opéra, après deux ans d'échange universitaire aux Etats-Unis. Il découvre la profession comme la ville. Il désire percer dans ce métier, où le relationnel et l'apparence comptent beaucoup, souhaite travailler tout en filant encore un peu quelques mois d'insouciance avant que l'épée de Damoclès du service militaire tombe sur lui, ce qui n'est pas un horizon fort rieur, à l'heure de la guerre d'Algérie.
Il se plonge donc dans le journalisme à corps perdu, et plonge rétrospectivement un regard lucide, et un tantinet ému, sur sa force de volonté, empreinte de naïveté, qui lui joue quelques tours, quand il doit apprendre presque tout de ce petit monde dans lequel il s'engouffre comme dans un trou de souris. Il n'a pas froid aux yeux, et son audace juvénile a tendance à payer. Il apprend vite, et accepte de s'entendre spécifier ses erreurs.
Wenceslas, dit Wence, grand blond élégant et séducteur lui sert de mentor, et Lumière lui vaut un coup de foudre, par ses charmes mutins et discrets.

Si cette expérience est datée, elle a le mérite de témoigner d'une époque, d'un état d'esprit, qui n'est pas tendre, et qui ne semble pas s'être amélioré. Certes, l'auteur se penche, avec un peu de tendresse, sur son propre passé, mais il le fait de manière sincère, pédagogique, pour l'instruction, pour une leçon de vie, qui en vaut bien d'autres. Ce livre n'est doncpas conçu par un orgueil mal placé. Et il est inutile d'être superbe à vingt ans, ça ne sert pas à grand-chose : c'est la morale qui lui est servie, sur un ton docte par l'un des renards qu'il a à croiser.
Ce parcours de vie n'est pas inutile pour les jeunes, pour les principes généraux qu'il apporte.
L'abc de Paris 7 étoiles

J'ai lu ce livre il y a quelques années, mais son souvenir en ma mémoire demeure celui d'un récit plein d'exactitude: Labro décrit sa vie de jeune journaliste parisien à l'époque - pas encore celle de l'insouciance... - tout en expliquant ce qui a produit plus tard les événements de mai 68, du parc du Luxembourg à la Sorbonne en passant par Nanterre (mais sans oublier le VIIIème arrondissement et les quartiers "chauds".)

Contrairement à ce qu'on pourrait penser l'auteur ne construit pas là une glorification bourgeoise de la ville-lumière mais livre plutôt un portrait de Paris déja en proie aux clubs et aux lobbys, mais dans lequel l'aventure est néanmoins encore possible. Le ton global est naif sinon innocent, tandis que le célèbre homme de littérature/radio/etc. y va de ses nombreuses piques contre ces ploutocrates qui se réservent d'office la nourriture...
De plus un tableau réaliste, sanglant, est dressé de la guerre d'Algérie ou tout n'est pas noir/blanc, et que beaucoup des bien-pensants actuels devraient noter !

Charmant, vivifiant, l'ensemble est donc une suite de précis clichés qui détermine un temps qu'on imagine, d'autre part, aux lendemains difficilement envisageables.

Antihuman - Paris - 41 ans - 17 août 2013