Disons-le, pas le meilleur de Franz Bartelt. Pourtant les ingrédients habituels y sont. La médiocrité d’une petite vie sans souffle d’une petite vie de province. Ils sont ainsi les personnages de Franz Bartelt, indécrottablement petits et confits de conformisme et ils habitent toujours des endroits pas possibles, désespérants de gris, de petite pluie et de mesquinerie.
Bingo, tout y est dans « les bottes rouges » ! La mesquinerie, la médiocrité, c’est terrifiant de petitesse (tiens je réalise en écrivant ceci que c’est l’exacte antithèse de l’Amérique et des Américains où l’on sent toujours le souffle des grands espaces passés, ce qui n’empêche pas médiocrité et mesquinerie, hein !).
« J’ai toujours aimé éplucher les pommes de terre. C’est mon zen. Il y a un plaisir apaisant dans cet ensemble de gestes utiles qu’on définit trop vite comme une corvée. J’épluche, bien sûr, à heure fixe : les rituels ne se passent pas d’être strictement situés dans le temps quotidien, comme les prières pour les chrétiens, par exemple. »
Ca commence fort, hein ? Quand je vous disais … Lui, c’est le narrateur, correspondant local d’une feuille de chou très locale et accessoirement éplucheur de patates. Il a pour voisin d’en face et compagnon de bière Basile Matrin, magasinier et accessoirement époux de la belle ( ?) Rose.
(dément le pitch !)
Et voilà que survient un drame. Un drame dû à la sincérité de Basile. C’est que Basile, le magasinier, s’est laissé circonvenir par la belle, et jeune, Marise,
« …la petite Caillois, si tu préfères. Une choupinette de vingt ans, belle comme un lingot d’or. »
Celle-ci, engagée comme aide-magasinier « sous contrat renouvelable mensuellement avec possibilité d’embauche définitive au bout de trois mois », s’est dit qu’il fallait se mettre le chef, Basile, dans la poche (enfin pas dans la poche précisément, vous voyez ce que je veux dire ?) et elle fait ce qu’il faut pour faire tourner la tête à Basile et … Et Rose s’aperçoit de la trahison et entre en dépression. Oui, elle entre en dépression comme on entre dans les ordres. Il y a de la foi, du volontarisme, … elle y met le paquet.
Et Basile commence à expier. Grave. Le narrateur, qui assiste à tout ceci de chez lui, l’incite à plaquer la Rose mais non, la culpabilité est la plus forte et Basile ne va lâcher Rose comme ça …
Franz Bartelt a l’art d’aller très loin, « no limit », une fois ce genre de situation installé et il y va, loin. Très loin.
Faut lire. Je ne vous en dirai pas davantage. Il faut lire et en plus, ça se lit bien, Franz Bartelt.
Tistou - - 69 ans - 28 novembre 2016 |