Les Contes de Louis Blanc-Biquet
de Georges Roland

critiqué par Magero01, le 23 août 2013
( - 72 ans)


La note:  étoiles
LOUIS BLANC-BIQUET par Georges ROLAND
Georges Roland m’énerve ! Ce type est à l’aise dans tout : le traminot-polar zwansé, le roman grave, le roman humoristique, la chronique rurale, le roman historique, le roman rural, la chronique historique, la chronique romancée, le roman chroniqué. Y paraît que Môssieu excelle même dans la poésie, dixit Barbara Flamand, une épée dans le genre !
Tiens, je n’ai pas encore lu de Nouvelles de lui, mais, mais, mais… c’est prévu… car Môssieu Georges a aussi, tout récemment, «commis» un recueil de Nouvelles !
Bon, soit. J’ai lu «Louis Blanc-Biquet» et j’ai A-D-O-R-É ! Louis Blanc-Biquet, wie is dat ? C’est le grand-père du «génie littéraire». Louis de witten bikker est appelé comme ça à cause de la blancheur de sa chevelure et de la vie trépidante qu’il a menée dans les milieux bourgeois de la ville. Louis Blanc-Biquet ou la trajectoire d’un fils de bourgeois devenu paysan (fin du XIXème siècle).
Cela dit, chapeau ! Il faut une fameuse dose de courage pour quitter l’insouciance de la vie universitaire et retourner au village pour apprendre le dur métier de fermier. Je connais quelqu’un qui m’est très très proche, donc très très cher, qui a beaucoup guindaillé mais qui, après, a opté pour la profession nettement moins rude de fonctionnaire.
Louis rencontre son petit-fils (onze Georges) et raconte la trajectoire de chacun de ses gosses (11 au total !). Mais, attention ! Louis est un conteur né, difficile donc de dissocier la réalité de la fiction. Qualifions dès lors ce récit de réalité romancée.
Cette belle grande famille vit dans le village de Neerijse (Brabant flamand). Et, dans la première moitié du XXème siècle, il n’y a pas la télé, Internet ou les GSM. Un des plaisirs consiste à se rassembler à la veillée, après une dure journée de labeur, pour écouter le pater familias raconter des histoires ou des légendes comme celle du Lodder, ce grand chien noir qui hante notamment la côte du Rood Hoof.
A cette époque, les traditions sont rigoureusement respectées comme celle, par exemple, consistant à sacrifier un enfant à Dieu et un autre au pays. Louis n’y déroge point; l’une de ses filles entre au couvent et un de ses fils s’engage à l’armée. Ce dernier, le pauvre, va même se retrouver caserné au bout du monde… à Neufchâteau !
Et puis, une autre de ces demoiselles, Marie-Joséphine (Merée), monte à Bruxelles pour trouver un emploi de bonne chez un notaire. Quelle expédition, zeg ! La ville avec ses bruits, ses voitures, ses maisons collées les unes aux autres, sans jardin, sans vache, sans poule, sans cochon… Et quand, de temps à autre, elle revient au bercail faire un petit coucou, Madame «joue les fières» et s’habille comme une princesse !... c’est ce que pense sa sœur Justine, un chameau !
Merée sera bientôt rejointe à Bruxelles par son frère Miel (Emile, le futur père d’onze Georges).
Un livre divertissant à souhait avec ses passages cocasses (le vélo de Gust, l’incendie de Bram, la soupe trop chaude ou encore la mésaventure du curé sur la planche des toilettes) mais également un témoignage poignant sur la première guerre mondiale (la rencontre de Louis avec les Uhlans, l’invasion de Neerijse en 1914, la vie sous l’occupation… et puis ces soldats flamands obligés d’obéir aux ordres émis en français par leurs Supérieurs…).
De la première à la dernière page, ce fut un savoureux moment de lecture. Ce «Louis Blanc-Biquet», je le recommande prestement.
Merci Georges de m’énerver autant !
Alain Magerotte.