Ascensions en télescope
de Mark Twain

critiqué par Folfaerie, le 21 avril 2003
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Les tribulations d'un touriste américain en Europe
"L'idée m'est venue, un jour, qu'il y avait déjà pas mal de temps que le monde n'avait pas eu droit au spectacle d'un homme assez aventureux pour entreprendre un périple à pied à travers l'Europe. Convaincu, après mûre réflexion, d'être apte à offrir à l'humanité un tel spectacle, j'ai résolu de passer aux actes. Nous étions en mars 1878".
Volà, le ton est donné dès les premières lignes. Il n'y a pas que les écrivains Britanniques qui savent se moquer d'eux-mêmes, et Twain n'a pas toujours été le spécialiste du roman pour la jeunesse, le père de Tom Sawyer. La partie la plus intéressante de son oeuvre se trouve probablement dans ses récits de voyages. Et j'avoue que je n'avais pas autant ri depuis James Thurber, tant le récit est hilarant.
Twain, flanqué de son assistant souffre-douleur, M. Harris, part visiter la Suisse et la Savoie, lieux tout à fait appropriés pour celui qui est féru d'alpinisme. Rien n'échappe à son sens critique, le plus petit incident prend des proportions incroyables, et tout, absolument tout, est tourné en dérision : le tourisme, les montagnards, les américains, et... lui-même ! Déterminé à tenter les expériences les plus farfelues, Mark Twain nous entraîne donc à l'assaut des cimes, armé de son seul courage et de son indispensable guide. C'est ainsi qu'il testera la vitesse d'un glacier, tentera de descendre au fond d'un gouffre à l'aide d'un parapluie, fera bouillir un thermomètre afin de calculer la hauteur d'un sommet, et entreprendra une périlleuse ascension par téléscope... Le passage le plus hilarant à mes yeux (et qui déclencha une crise de fou rire dans le métro parisien !) se situe lorsque Twain décide d'escalader le Riffelberg. Après avoir mis 16 heures à préparer l'expédition, Twain mène l'équipée composée de 154 hommes, 51 animaux de bât et de je ne sais combien de kilos de matériel, à travers la montagne. Ils se perdent dès le lendemain, frôlent d'innombrables dangers, qui amènent Mark Twain à prendre de difficiles décisions, mais parviennent enfin à destination... Là où les touristes mettent trois heures, l'expédition a perdu 7 jours, s'est couverte de ridicule (Twain ayant effectué l'ascension en tenue de soirée, afin de célébrer dignement l'événement)et n'est même pas allée jusqu'au bout.
C'est donc avec enthousiasme que j'ai attribué 5 étoiles à ce très bon livre. Personnellement, Twain a toujours été un de mes écrivains américains préférés, et dans ce récit, outre son style inimitable, l'auteur fait preuve d'une intelligence très fine, et d'un grand sens de l'auto-dérision qui fait qu'on lui pardonne bien volontiers toutes ses piques assassines !
Pour tous ceux qui ont un petit coups de blues, à lire sans hésiter !