Demain la révolution
de Valérie Zenatti

critiqué par JulesRomans, le 23 août 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Sous les cahiers, la rage !
En ce début d’année scolaire 2013, en matière de rentrée littéraire que ce soit pour les adultes (Loïc Merle, Tristan Garcia et Yannick Haenel) ou en direction des jeunes, l’idée de révolte d’une frange de la population française. Dans "Demain, la révolution" un nouveau directeur arrive en cours d’année, très vieille école il veut imposer un retour aux vieilles méthodes qui auraient fait leurs preuves en leur temps, bref à l’école-caserne décrite par Fernand Oury.

Toutefois ce qui marchait avant les années 1970 avec les élèves, provoque chez ces derniers l’idée de faire quelque chose et l’influence des médias jouant parfaitement, ils ont retenu qu’une opposition active à plusieurs contre un homme de pouvoir s’appelle une révolution. Ceci permet accessoirement de faire mener une recherche infructueuse sur internet pour trouver le sens du mot, heureusement la définition est trouvée dans un bon vieux dictionnaire.

L’atmosphère de conspiration est très bien rendue et le jour J est fixé symboliquement au 2 mai (lendemain de la fête du travail). L’inspecteur est de manière inopinée présent ce jour-là, voilà justement un rôle de Saint-Louis attribué à ce dernier. Il est à noter que l’action de résistance (à l’ordre nouveau) des élèves se déroule dans l’école Jean Moulin et que le mauvais directeur se nomme Geld, ce qui renvoie au mot "argent" en allemand pour un personnage qui pense que l’école n’est pas un lieu de loisirs (page 29) où règne le relâchement dans la production des élèves.

Comme d’autres écrivains, l’auteure ignore que le personnage qu’elle fait venir dans l’école pour régler le conflit (et mettre fin à la période révolutionnaire) est un inspecteur de l’enseignement primaire en charge d’une circonscription et non un inspecteur d’académie. Ce mot de vocabulaire appartient d’ailleurs au passé puisque l’on parle depuis peu à la place de Directeur académique des services de l’éducation nationale (DASEN).

Le rôle de censeur pédagogique des enseignants de l’école qui est attribué au nouveau directeur relève pour l’hexagone d’un temps soit très ancien (avant 1900) soit d’un temps futur (changement de statut du directeur). Il permet dans cette fiction la constitution d’un front commun élèves-enseignants (pour reprendre un terme politique autrefois en usage dans les partis de gauche et non actuellement du côté bleu marine).