Le petit joueur d'échecs
de Yôko Ogawa

critiqué par Ndeprez, le 2 septembre 2013
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Le coup du berger
Un petit garçon nait avec des lèvres scellées , les médecins décident de lui ouvrir la bouche et lui greffent un peu de peau issue de sa jambe pour le cicatriser , ce qui lui donnera un "duvet buccal".
Un jour, rêvassant , il découvre le corps d'un homme noyé , c'est en cherchant son identité qu'il rencontre "le maitre" un homme obèse qui lui enseignera l'art caché des échecs.
Le petit garçon n'aura de cesse d'améliorer son jeu d'atteindre le sommet stratégique avec cette spécificité de ne jamais voir ni l'échiquier ...ni son adversaire.
Jouant en dessous de la table il se fie aux sons , aux odeurs...

Plein de poésie mais très très sombre , ce roman de Yoko Ogawa vous entrainera très loin sur votre capacité à réfléchir avec vos sens. C'est également un bel hommage à l'art des échecs.
J'ai vraiment apprécié ce moment de lecture même si je pense laisser un peu de temps avant de lire un autre texte de cette auteur , histoire de faire mariner ce beau roman.
noir et blanc 6 étoiles

Encore un roman étrange de Yôko Ogawa, qui en surprendra plus d’un(e), très certainement. Dans le monde très fermé des échecs, un très jeune garçon va révéler toute l’ampleur de ses talents, grâce à un apprentissage auprès d’un maître vivant enfermé dans un vieil autobus, dont il ne peut plus guère sortir en raison de sa corpulence. Par contraste notre héros va se faire le plus petit possible pour jouer, non pas assis en face de l’échiquier, mais par-dessous, suivant à l’oreille le déplacement des pièces. Cette méthode originale va l’amener à s’intégrer à un automate qui fera la joie des "vrais" joueurs d’échec, y compris le champion international en titre. Le merveilleux fait partie intégrante de l’art de l’auteure, et mérite d’être savouré comme il se doit. Mais ici la référence permanente aux mille et une subtilités du jeu d’échecs fait que l’on se sent totalement exclu dès lors qu’on ne fait pas partie des adeptes de ce jeu millénaire rassemblant chaque année des millions de personnes autour des fameux carrés de 64 cases noires et blanches. Dommage…

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 21 mars 2022


La beauté du jeu pour seul horizon 6 étoiles

Si ce roman est bien ancré dans un présent, l’aspect surréel provient de la visualisation du jeu avec son anticipation mentale. Les personnages sont dotés d’une sorte de ‘‘gentillesse’’ retenue, d’une pudeur qui fait qu’on n’ose pas expliquer les choses ni demander. Les sentiments sont à peine effleurés, devinés à demi-mot. D’où l’impression d’une certaine lenteur et de possibles incompréhensions.

L’auteure nous amène dans l’intériorité d’un jeune garçon, individu peu sociable et à la parole rare, qui apprend à jouer aux échecs, ce qui va devenir sa seule passion. Sa particularité est qu’il a volontairement arrêté sa croissance physique pour pouvoir entrer dans l’automate restauré qu’il actionne. Il est aidé par une jeune femme, fille de prestidigitateur, qui transcrit les coups pour offrir le récapitulatif à l’adversaire et masse ses muscles endoloris par son confinement prolongé. Et il fait de chaque partie un poème, étudiant le style et désirant créer de la beauté en jouant.

A noter que l’instrument dont il est question a bel et bien existé, inventé par un hongrois, Wolfgang von Kempelen, au XIXe siècle sous le l’apparence d’un turc mécanique.
IF-0314-4201

Isad - - - ans - 30 mars 2014