Waverly - Rob-Roy - La Fiancée de Lammermoor
de Walter Scott

critiqué par Poet75, le 3 septembre 2013
(Paris - 68 ans)


La note:  étoiles
Scott à (re)découvrir
Ce que j'ai lu: "Waverley" de Walter Scott.
"Waverley" est le premier roman "écossais" rédigé par Walter Scott. Il y est question de l'insurrection des clans écossais des Highlands qui défendaient les Stuart contre les Anglais qui se réclamaient de la maison de Hanovre, en 1745-1746. Ce contexte historique ne manque pas d'intérêt et il y a, dans ce roman, des pages très instructives. Malheureusement on s'ennuie tout de même quelque peu: les scènes sont trop étirées, les personnages n'ont pas su susciter mon empathie. Je n'ai pas retrouvé ici ce qui m'avait séduit l'an dernier tandis que je lisais "Ivanhoé", le roman le plus célèbre de Scott. Cela dit, je continuerai à lire cet auteur qui vaut mieux que la réputation qu'on lui a faite.
Walter Scott souffre (en France, car je suppose qu'il n'en est pas de même dans les pays anglo-saxons) des mêmes préjugés qui affectent Charles Dickens. Ces auteurs ne sont connus que soit par les éditions abrégées de leurs oeuvres faites pour les enfants ou les adolescents soit par les films ou les téléfilms qu'on a tirés de leurs oeuvres. Autrement dit, on ne se donne pas la peine de les lire et, sans les avoir lus, on les méprise quelque peu en les classant dans la catégorie des écrivains pour la jeunesse. C'est absurde! Même s'ils peuvent convenir à la jeunesse, ni Scott ni Dickens n'ont écrit exclusivement pour ce public-là! En vérité, si l'on est curieux, si l'on ouvre leurs romans, si l'on se donne la peine de les lire, on se rend vite compte que ces oeuvres d'une part sont faites pour tous les publics et d'autre part qu'elles valent bien mieux que la réputation qu'on leur prête.
Cela vaut, en premier lieu, pour Dickens qui est un bien meilleur écrivain que Walter Scott. Mais ce dernier n'a pas à être méprisé et il réserve parfois de bonnes surprises. Cela m'a frappé, l'an dernier, quand je lisais "Ivanhoé". Je me souvenais d'un critique de cinéma qui expliquait que le film de Richard Thorpe de 1952 (avec Robert Taylor et Elizabeth Taylor) était beaucoup plus passionnant que le roman dont il était tiré. Certes ce film est une belle réussite (je l'ai visionné bien des fois et toujours avec bonheur) mais il est faux, archi-faux, de prétendre que le roman de Scott est inférieur au film. Au contraire, il y a dans le roman des éléments qui ont été expurgés lorsqu'il s'est agi de réaliser le film (car dans l'Hollywood de 1952, la censure était encore très active et il y a des choses qu'il ne convenait pas de montrer sur un écran). Ainsi, dans le roman, Scott insiste beaucoup sur l'appartenance de Bois-Guilbert à l'ordre des Templiers. Autrement dit, Bois-Guilbert (le méchant du roman!) est un religieux et ce religieux se consume d'amour et de désir pour la belle juive Rébecca. Scandale qui est complétement absent du film (Bois-Guilbert y est présenté comme un simple chevalier et non pas comme un Templier) et qui donne au roman, en autres aspects, une force supplémentaire.
Méfions-nous des a priori, des préjugés, des idées toutes faites, dans tous les domaines, et également en littérature. Avant de répéter bêtement ce qui se dit à propos d'un auteur, allons-y, lisons et portons notre propre jugement! Il est plus que probable que le critique de cinéma qui méprisait le roman de Scott n'avait jamais pris la peine de le lire!