Le suaire de l'archevêque
de Peter Tremayne

critiqué par Shelton, le 5 septembre 2013
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Petit voyage à Rome mais en 664 de notre ère...
L’enquêtrice – pour ceux qui n’auraient pas suivi le début de ces chroniques sur les enquêtes de sœur Fidelma – est une femme, une religieuse de surcroît et elle vit dans un lointain Moyen-âge, au septième siècle. Elle est Irlandaise ce qui n’est pas rien à cette époque car il faut que je vous précise qu’elle est contemporaine de Vitalien qui fut pape entre 657 et 672. Ce souverain pontife avait plusieurs objectifs, réunir de nouveau Empire d’Orient et Empire d’Occident, mais aussi, mettre fin au particularisme celte. Il faut dire que ces Celtes, tout en étant chrétiens, prenaient quelques libertés vis à vis de Rome ce qui agaçait depuis longtemps le pape. L’enquête se déroule en 664, à Rome, c’est à dire qu’une fois de plus, sœur Fidelma est loin de son île, de sa terre, de chez elle…

Mais place à la fiction ! Sœur Fidelma de Kildare arrive à Rome au moment où Vitalien reçoit l’archevêque de Cantorbéry, un certain Wighard, avec l’envie de clore tous les différents entre celtes et romains. Fidelma vient pour faire approuver la règle de son couvent… Ce qui n’est pas évident car elle vit dans une communauté où les religieux vivent assez librement sans respecter la règle romaine de la séparation religieux/religieuses.

Dès son arrivée à Rome, voilà qu’un crime est commis. La sale affaire a lieu au Palais du Latran et la victime est justement le supérieur de frère Eadulf, l’archevêque de Cantorbéry… L’évêque romain Gelasius, qui pourtant n’est pas un fervent admirateur de Fidelma ni un soutien des femmes dans l’Eglise, fait néanmoins appel à Fidelma et Eadulf pour enquêter discrètement et trouver une solution qui permettrait à Rome de sauver la face, aux Celtes et Grands-Bretons de ne pas se lancer dans un massacre dans la ville du siège de Pierre… Ce sera donc la deuxième enquête du duo qui va finir par bien aimer travailler ensemble…

L’enquête est à mon avis passionnante surtout si vous appréciez vous mouvoir dans ces milieux romains pontificaux, avec les secrets, les sournoiseries, les trahisons et les fidélités, et, même, quelques promenades au plus profond des catacombes… Un roman très bien construit, très crédible une fois que l’on a bien compris comment fonctionnaient Celtes et Romains.

Et, retour avec la grande histoire, puisque l’archevêque de Cantorbéry est à remplacer, Vitalien consacre métropolitain de Canterbury, Théodore, un moine grec qui doit unir toute l’église de Grande Bretagne… et, clin d’œil du romancier, c’est Eadulf qui sera un de ses conseillers, de ses représentants ! On le retrouvera donc à l’œuvre, c’est sûr !

J’aime beaucoup le ton de cette enquête et le style de l’auteur que l’on connaît pour l’ensemble de son œuvre qui raconte l’Irlande sous toutes ses formes… Occasion, aussi, de rappeler qu’il existe dans cette collection Grands détectives de chez 10/18, un filon de très bons romans policiers historiques, avec possibilité de choisir son époque fétiche…