Pawnee
de Patrick Prugne

critiqué par Hervé28, le 8 septembre 2013
(Chartres - 55 ans)


La note:  étoiles
Frenchman face aux Pawnees
Après avoir relu "Frenchman" , je me suis plongé dans le dernier ouvrage de Patrick Prugne, "Pawnee". Car s'il est annoncé comme un one shot, cet opus n'est ni plus ni moins, la suite de "Frenchman", reprenant la destinée des principaux protagonistes huit ans plus tard.

Mais ce qui retient l'attention à première vue, c'est la beauté des planches de Prugne. J'ai pris beaucoup de temps à découvrir cet album, tant les paysages y sont magnifiques (et je ne vous parle pas des doubles pages, ni du cahier graphique imposant que nous offrent les éditions Daniel Maghen)
Par rapport à" Frenchman", le rythme est plus soutenu et le scénario plus dense, nous amenant parfois des surprises.
Peut-être un peu cousues de fil blanc, les dernières pages sont somptueuses, et teintées d'émotion. D'ailleurs, dans un de ses commentaires dans le cahier graphique, Patrick Prugne écrit "je crois bien que je voulais dessiner le silence", et bien le pari est réussi dans les dernières pages (pages 72 et 73) où tout est dit , presque sans dialogue.

Un album à lire mais surtout à relire, en prenant son temps.
Into the wild wild west… 7 étoiles

C’est un réel plaisir de se replonger dans les magnifiques aquarelles de Patrick Prugne qui fusionnent parfaitement avec la nature sauvage et luxuriante des Grandes plaines à l’époque de la Conquête de l’Ouest. On pourra également admirer dans les dernières pages les croquis et recherches préalables à la version finale.

Par comparaison avec "http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/28719" target="_blank">Frenchman", l’action est plus présente ici. En revanche, j’ai noté plus d’invraisemblances. En effet, on imagine difficilement Angèle, cette jeune paysanne volontaire mais plutôt réservée débarquer sept ans après son amant et son frère dans cette Amérique vaste et encore inconnue, conversant sans problème avec les habitants avec un aplomb étonnant alors qu’elle semble encore submergée par le chagrin. Et il n’y a pas que cela, mais je ne peux en parler au risque de révéler l’intrigue. C’est un peu comme si l’auteur avait voulu se rattraper après le scénario un peu indolent, contemplatif si l’on veut, de l’épisode précédent. Pour cela, il n’a pas hésité à accentuer le romanesque au détriment de la crédibilité. Alors effectivement, on est un peu plus captivé, mais il y a certains moments où on ne peut pas s’empêcher de lever les yeux au ciel… et on regrette la superficialité des personnages qui n’arrange rien à l’affaire…

Dans l’ensemble, c’est sûr, on ne boudera pas son plaisir. Cette suite reste agréable à lire, davantage pour les dessins admirables que pour l’histoire. Par ailleurs, si le rappel du contexte historique en avant-propos est judicieux, je trouve dommage que l’auteur n’ait pas jugé utile d’expliquer pour quelles raisons les Anglais imposaient un blocus maritime aux Etats-Unis à l’époque (1811)…

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 12 janvier 2014