Le dernier ami de Jaurès
de Tania Sollogoub

critiqué par JulesRomans, le 15 septembre 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Le dernier ami de Jaurès est un un bon petit gars et la fiction est pleine de bonnes intentions
On avait toutes les raisons de dire du bien de ce livre et on ne peut que regretter d’avoir à en dire du mal. Faire porter par une fiction, à l’adresse des adolescents, une connaissance à la fois de Jean Jaurès et des causes de la Première Guerre mondiale, était une bonne idée. Honnêtement l’auteure nous confie :

« je ne suis pas historienne (…) J’ai complété cette vision par (…) une intense consultation d’internet ».

Ceci amène deux remarques, tout d’abord l'auteur est si peu historienne qu’elle confond le fait d’avoir une culture historique avec la capacité de mener des recherches historiques et que, pour compenser ses lacunes, la seule chose qu’il ne fallait pas faire était de naviguer sur internet où elle allait trouver des informations qu’elle n’était pas capables de vérifier. De la vie de Jean Jaurès elle parle finalement si peu (elle signale ses impasses volontaires) que l’on n’a pas grand-chose à lui reprocher, par contre sur les raisons de la déclaration de la Première Guerre mondiale elle accumule tellement d’erreurs qu’on se demande comment elle a pu comprendre aussi peu les tenants et les aboutissements de l’embrasement. S’y ajoutent des problèmes de vocabulaire qui viennent prouver qu’elle est assez en dehors de l’affaire ; parler du Ministre de la Défense au lieu du Ministre de la Guerre en est l’exemple le plus frappant.

Page 92, il semblerait qu’à côté des allemanistes, broussistes, guesdistes et autres à la SFIO, existe une tendance les "nostradamistes" chez les anarchistes puisque fin juillet 1914, un personnage le typographe Louis déclare :

« La révolution commencera en Russie pendant que les bombes tomberont ici. Ensuite, elle se répandra sur le monde entier ».

Page 168, le 29 juillet le Kaiser viendrait de comprendre que l’Angleterre serait du côté de la France et de la Russie or c’est justement parce qu’il n’a pas saisi cela que quelques jours plus tard il envahit la Belgique, la seule chose qu’il ne fallait pas faire pour que l’Angleterre ne reste pas neutre. Régulièrement le comte Berchtold est présenté comme manipulant les Allemands et son empereur dans des limites largement fantaisistes surtout après avoir écrit page 121 que la Serbie a accepté toutes les conditions de l’ultimatum autrichien (si cela avait été le cas, il n'y aurait pas eu de guerre).

Le principe est de régulièrement fournir ponctuellement des informations en italiques sur la situation internationale. Au tiers de l’ouvrage le personnage principal Paul rencontre Jaurès à Paris. Paul a une mère (nommée Catherine) marchande de légumes dans un quartier de Paris et il veut poursuivre au-delà de quinze ans des études, possibilité que lui refuse sa mère, malgré la démarche de l’instituteur (comprendre professeur d’école primaire supérieure, une fois encore un problème de vocabulaire). Il est amoureux d’une jeune fille Madeleine présentée comme issue de la bourgeoisie et il a quatre amis à peine plus âgés que lui.
Si ce n'est toi, c'est donc ton frère 4 étoiles

On remarquera que les trois critiques positives proviennent de personnes qui, depuis ces cinq années passées, n'ont produites aucune autre présentation de livres.

On est libre d'en conclure ce que l'on veut, mais ceci mérite d'être remarqué.

Bref La Fontaine avec son "si ce n'est toi, c'est donc ton frère" mérite d'être rappelé... pour ces commentaires sur un ouvrage qui ne rencontre que très partiellement l’Histoire malgré les objectifs, au demeurant fort honorables qu'il se donne.

Nostradamus - - 33 ans - 27 juin 2018


A lire et à faire lire ! 9 étoiles

Le dernier ami de Jaurès est un livre qui se dévore. C'est aussi un livre qui élève l'esprit et l'intelligence, tant il décrypte avec finesse les premiers ressorts de la guerre de 14. L'auteure y met même plus que cela, s'y engage, et appelle les jeunes - et les moins jeunes - à ouvrir les yeux sur le monde, l'interroger, et ne jamais renoncer à la changer. Ce livre est un livre citoyen.

Les approximations historiques sont véritablement de l'ordre de l'infime détail pour un roman. Le livre donne justement très envie de se plonger plus encore dans la vie de Jaurès, tant l'auteure parvient à le décoller des innombrables rues, avenues, collèges et centres sportifs qui encombrent son nom. Une excellente entrée en matière pour faire connaissance avec ce grand Monsieur.

Lolaulaulo - - 36 ans - 15 octobre 2013


Un vrai bonheur ! 10 étoiles

"Le dernier ami de Jaurès" risque bien de devenir votre livre de chevet, un livre qui vous marquera pour longtemps et que vous aurez envie de partager, pas seulement avec le jeune public mais avec les gens que vous aimez. Il émane tellement d'intelligence dans les analyses, la façon de croquer cette époque, les relations entre la petite et la Grande histoire, tellement d'humanité aussi, que vous n'en sortirez pas indemne. L'auteure rappelle que c'est un roman, et quel roman ! Mais documenté et très juste dans ses analyses du mécanisme terrible de l'avancée inéluctable vers la guerre, le roman permet de redécouvrir cette belle figure historique qu'est Jaurès. Chéri par des générations entières, il retrouve grâce à Tania Sollogoub une place digne parmi les générations plus jeunes, une place tant méritée.
Alors lisez-le vite et partagez -le. C'est beau, juste, les personnages vous sembleront familiers, et vous ne pourrez que savourer la langue incroyablement bien maniée.

Sd - - 47 ans - 13 octobre 2013


Le dernier ami de Jaures redonne conscience 10 étoiles

J'ai dévoré le dernier ami de Jaurès: c'est un régal!
La petite histoire tout d'abord car elle est la plus importante
Elle réunit des gents simples, convaincus et formidables, qui nous touchent et nous bouleversent
Et puis, bien sur, il y a Jean Jaurès, qui inspire et soutient ce peuple plein d'humanité. Il s'en nourrit aussi sans doute.
L'Histoire est rappelée au fil des chapitres. Un travail fort documenté, vivant, léger, sans prétention, qui sert et magnifie l'histoire
Un grand moment de plaisir pour ado et adulte plus ou moins jeune
Mais surtout, un livre fort, particulièrement bienvenu, propre à éveiller ou réveiller les consciences
Merci Tania SOLLOGOUB

Jacquou le Croquant - - 61 ans - 11 octobre 2013