Méli-Mélo : les métiers
de Corinne Lemerle

critiqué par JulesRomans, le 21 septembre 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Faute d’être Queneau, éviter de faire partir une bonne idée en eau de quenelle
Cet ouvrage avait tout d’une grande publication en direction des petits lecteurs, pour mêler distraction et instruction adroitement. Le problème est que l’auteur méprise le découpage syllabique, et de ce fait nombre de solutions trouvées relèvent de l’imprononçable. Appeler les élèves à la création poétique en les mettant en échec en lecture n’est pas formidable.
"Cent mille milliards de poèmes" de Queneau est basé sur l’idée du sonnet, il doit donc s’y trouver quatorze vers donc autant de volets. Ici Corinne Lemerle découpe en trois bandes à gauche le nom d’un métier. D’autre part sur la même double-page le dessin d’un personnage animal habillé dans le costume symbolique de la profession en question est également divisé en trois (au-dessus du nez, du nez à la ceinture, en-dessous de la ceinture).

Allez donc vous-mêmes adultes lire certains résultats :
"cui-agi-se", "cui-irmi-ier", "pê-mpi-ur", "gar-cte-ier" …

Si pour des enfants de moins de six ans qui ne s’occuperont que des dessins (une des trois bandes leur est d’ailleurs heureusement offerte à colorier) l’outil est très séduisant, il devient rebutant pour les enfants du CP et CE 1 et ceci parce que l’auteure n’a pas fait le choix de mots pouvant être découpé en trois syllabes (même si ce découpage en trois est artificiel comme avec "danseuse" présent là) voire en quatre (rien n’interdit de mettre deux syllabes dans la partie centrale, cela peut donner "or-thopho-niste"). Bien décidée à compliquer la tâche des maîtresses de CP qui s’usent à faire passer dès février (et jusqu’en juin pour certains élèves) les sons nasaux, Corinne Lemerle a aussi réalisé un découpage comme "po-mpi-er".