Les Échappés, Tome 1 : Opération Tonga
de Philippe Zytka (Scénario), Laurent Seigneuret (Dessin)

critiqué par Shelton, le 23 septembre 2013
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Un autre regard sur le débarquement de Normandie...
Philippe Zytka est un scénariste de bandes dessinées spécialiste dans l’histoire de la seconde guerre mondiale et on le retrouve à la baguette pour une nouvelle série chez Soleil, Les échappés, histoire prévue en deux tomes avec Laurent Seigneuret au dessin. C’est parce qu’il est Normand d’origine qu’il s’est consacré aux questions liées au débarquement de juin 1944 dont on va bientôt fêter le soixante dixième anniversaire. Il ne faut pas toujours attendre ces dates clefs pour parler d’histoire, mais si ça peut aider à aborder des chapitres moins connus de cette grande bataille, pourquoi pas en accepter le fonctionnement…

Le dessinateur, Laurent Seigneuret, que l’on avait découvert avec deux autres séries, Carlisle et Le trésor du Temple, se lance ici dans une grande représentation réaliste avec une multitude de dessins de matériels sophistiqués ayant bien existé, à commencer par ces fameux gros planeurs en bois préparés pour préparer le grand débarquement sur les côtes françaises…

Il s’agit donc bien d’une bande dessinée historique avec une bonne dose d’aventures, de courage, d’amitié, de fidélité et de mort car nous sommes en pleine guerre. On va donc embarquer le 5 juin 1944 à bord d’un planeur avec des soldats qui ont une mission précise : « On livre ces jeeps aux paras canadiens à Varaville, on leur file un coup de main jusqu’au petit matin et on se retrouve sur Sword Beach en fin de journée ». Malheureusement, certains ne seront pas vivants quand le soleil de lèvera sur les côtes normandes…

Je me suis toujours demandé si les soldats avaient conscience de ce qui les attendait, d’avoir en face d’eux des défenseurs hyper bien installés qui allaient les faucher sans aucune hésitation ? Conscience qu’ils allaient pouvoir être largués, guidés, abandonnés loin de leurs objectifs ? Angoissés par tout ce qui pouvait leur arriver au cours de ces gros combats qui se profilaient pour les jours à venir ?

Dans la bande dessinée, on a le sentiment que chacun tente de dépasser ses propres craintes pour être plus disponible pour la mission, sa mission. Ceux que nous allons suivre plus précisément vont connaître, dans un premier temps, une arrivée à plus de vingt kilomètres de leur objectif. Et ce n’est que le début de leur malheur…

Les soldats qui se retrouvaient ainsi éloignés de leurs unités, perdus dans les troupes ennemies, qui faisaient appel à la résistance pour regagner leur camp étaient nommés « échappés », d’où le nom de la série…

Vous découvrirez dans cet album l’épisode du marais de Varaville, un point dont je n’avais jamais entendu parler : les fermes isolées sont évacuées et les marais de la région entièrement inondés pour ralentir les progressions alliées…

Une bonne bande dessinée historique avec un regard spécifique sur le débarquement et présentant de façon excellente un épisode peu connus de cette grandissime bataille… A faire lire !