La morale à l'école selon Ferdinand Buisson
de Laurence Loeffel

critiqué par JulesRomans, le 6 octobre 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Montrez ce saint laïc que je ne saurais trop voir
Sur la pensée de Ferdinand Buisson, on disposait déjà des actes du colloque de 2002, commémorant les 70 ans de la disparition du pédagogue et penseur de la laïcité et d’un ouvrage déjà signé en 1999 par Laurence Lœffel intitulé " Ferdinand Buisson : Apôtre de l’école laïque".

Laurence Lœffel devenue inspectrice générale s’est vue confier par Vincent Peillon, la corédaction d’un rapport intitulé "Pour un enseignement laïque de la morale", dans le but de réintroduire des cours de morale à l’école.

L’ouvrage se compose de quatre-vingt-dix pages autour de la vie (à très grands traits pour cette dernière) et la pensée de Ferdinand Buisson. Fils d’une convertie au protestantisme et orphelin à seize ans d’un père juge à Saint-Étienne (comme l’auteure ne le reprécise pas ici, alors qu’elle l’avait fait dans " Ferdinand Buisson : Apôtre de l’école laïque"), sa pensée tire son aspiration chez ceux qui voient dans le christianisme une aspiration incessante à la perfection morale (page 19).

Environ 200 pages sont constitués de neuf extraits commentés des écrits de F. Buisson. Certains comme la question de l’enseignement des devoirs envers Dieu tiennent de préoccupations de l’époque. Toutefois le contenu de l’échange au parlement entre notre personnage et le député SFIO Raffin-Dugens en 1911 peut servir aujourd’hui encore de base pour la façon distante dont les professeurs des écoles doivent répondre aux questions d’élèves dont les familles appartiennent à des mouvements religieux divers ou proclament haut et fort l’inexistence du surnaturel. Il est à noter que Raffin-Dugens aurait mérité d’être rapidement présenté car s’il est dit par lui-même qu’il a été instituteur, il serait bon d’ajouter au moins qu’il est député socialiste de l’Isère de 1910 à 1919 et qu’en 1916 il est un des trois pèlerins de Kienthal (avec Pierre Brizon, à qui a été consacré un livre dont nous avons rendu compte).

Alors que les pensées de Jules Ferry, parfois déjà peu progressistes à son époque, ont vieilli par contre nombre d'idées philosophiques de F. Buisson restent d'actualité et les quatre dernières pages de l'ouvrage montrent combien son discours humaniste peut servir de socle à une nouvelle morale laïque.

Vincent Peillon était annoncé comme préfacier de "La morale à l'école selon Ferdinand Buisson" sur certaines présentations, je n'ai trouvé aucune trace de cela.