Les 7 vies de l'épervier, tome 1 : La blanche morte
de Patrick Cothias (Scénario), André Juillard (Dessin)

critiqué par Jules, le 20 janvier 2001
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Une superbe BD historique
Cette série historique de Cothias et Julliard vous entraînera sur sept volumes, tous plus passionnants les uns que les autres.
L'histoire s’ouvre sur un double accouchement : celui, dramatique, d’une petite fille dont la mère meurt gelée, en s’étant déshabillée pour envelopper son bébé de ses vêtements et ainsi le sauver. L’autre, c'est l'accouchement de Louis XVIII par Marie de Médicis. Ces deux enfants, nés quasiment en même temps auront des destins bien différents, mais qui ne manqueront pas de se croiser à de multiples reprises.
Des dessins superbes, clairs, aux couleurs des plus vivantes. Une histoire merveilleusement menée où le destin semble avoir une part importante dans la vie des hommes. Le Paris de cette époque me semble assez réaliste et les auteurs iront même jusqu’à nous montrer un Henri IV plein d'humour, gai à ses heures, et paillard toujours !…Quant à Marie de Médicis, son rôle est pour le moins ingrat…
A nouveau, de l’histoire " à la Dumas ", mais c’est si gai, et puis, on la retient tellement mieux comme cela, l'Histoire de France !
Une épopée grandiose 9 étoiles

[Cette critique porte sur toute la série, du tome 1 à 7]

Quand on a cette bédé dans les mains, surtout l’intégrale, on se dit qu’on a forcément affaire à une œuvre monumentale basée sur un travail de documentation titanesque, et en effet c’est le cas. De plus, l’histoire tient en haleine, avec à la clé de multiples rebondissements et des scènes saisissantes voire assez crues. On est littéralement plongés au cœur de l’époque des guerres de religion grâce à une reconstitution fascinante des lieux, du paysage, et des personnages, alliant à la perfection les faits historiques et la fiction intégrant des éléments romanesques et fantastiques. La présence récurrente de la vieille femme, à la fois sorcière, conteuse, chamane et extralucide – ajoute une touche de surnaturel qui colle bien à l’atmosphère postmédiévale du récit.

On y dénote un souci du réalisme, même si les auteurs ont pu prendre des libertés qui pourtant ne semblent pas trahir l’Histoire. En effet, je n’ai pas suffisamment de connaissances dans le domaine pour émettre un jugement sur les scènes où Henri IV (connu pour sa passion pour les femmes, il fut d’ailleurs surnommé le Vert-galant), n’hésite pas à mêler son jeune fils – le futur Louis XIII - à ses partouzes… mais par contre j’ai pu vérifier facilement que les événements politiques relatés étaient véridiques (outre l’assassinat d’Henri IV par Ravaillac). Quoi qu’il en soit, cette BD est avant tout une œuvre de fiction et n’a pas non plus vocation à être un manuel d’Histoire, mais comporte des arguments pour susciter chez les plus récalcitrants l’intérêt pour la matière.

J’aime bien le trait précis et élégant de Juillard. Le réalisme et la rigueur dont fait preuve le dessinateur sont impressionnants, que ce soit dans les proportions, les postures et les mouvements, on a l’impression que tout coule de source. On peut certes considérer que la mise en couleur est datée par rapport à ce qui se fait aujourd’hui, mais cette BD est tellement intemporelle qu’il en faudrait davantage que la tendance graphique du moment pour la précipiter dans les oubliettes du 9ème art.

J’émets toutefois un bémol en regard de certains questionnements auxquels je ne suis pas parvenu à trouver d’explication logique. Certes, l’histoire est relativement complexe, et des retours en arrière sont parfois nécessaires pour refaire les liens. Mais je n’ai pas vraiment réussi à comprendre pourquoi, lorsque Baragouine, la jeune fille qui va se substituer à la sorcière vers la fin du récit, présente les sept éperviers (chacun correspondant à un personnage), son maître, Langue-agile, l’interrompt avant que l’on puisse savoir qui sont les deux derniers. Du coup, je n’ai pas vu du tout qui ils étaient et je me suis demandé si j’avais loupé quelque chose. Par ailleurs la ressemblance entre ladite jeune fille et le roi Louis XIII est troublante, mais je n’ai pas pu en déduire que c’était voulu ou juste un hasard. Pour finir, je n’ai pas trop été convaincu par la fin que je ne trouve pas très crédible, mais je ne peux pas en parler sous peine de spoiler mon avis.

Au demeurant, cela n’empêche pas cette bédé de s’imposer comme un classique, ne serait-ce que par la spectaculaire reconstitution de la France sous Henri IV.

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 19 janvier 2013


Les fils de l'histoire... 10 étoiles

...tirés comme ceux d'une marionnette. Ou plutôt de 7 marionnettes, choisies au gré du hasard, ou de la fatalité, pour jouer dans une pièce dont elles ne soupconnent ni l'existence, ni la fin tragique.
Un souffle d'intelligence où chaque détail concourt à la trame générale, couplé au dessin parfait de Juillard.
L'ensemble forme une série comme il y en a peu. Je ne cache pas l'énorme plaisir que me procure chaque lecture de ce cycle. Un cycle qui ne pouvait que se terminer par un formidable coup de théâtre, celui que l'on ose pas imaginer, et qui, pourtant,...
La suite existe (Plume au Vent), mais tarde à démontrer les mêmes qualités. En attendant la suite, même si on se surprend à regretter que l'équilibre parfait du premier cycle (7 albums pour 7 vies, bien entendu...) soit ainsi rompu.
En résumé, à mes yeux, une des meilleures (voire la meilleure) série "Historique".

Obi-Wan - Uccle - 52 ans - 12 mars 2001


Une très belle série 0 étoiles

Alexandre Dumas avait coutume de dire qu'on peut violer l'histoire, si c'est pour lui faire un enfant. Ici, le viol de l'histoire est évident, mais quel bel enfant!

Leura - -- - 73 ans - 21 février 2001