Jeeves fait campagne
de Pelham Grenville Wodehouse

critiqué par Fanou03, le 2 octobre 2013
(* - 49 ans)


La note:  étoiles
Jeeves président !
Bertram Wooster, jeune oisif nonchalant de la belle société bourgeoise anglaise, ne peut rien refuser à Dahlia, sa tante préférée. Aussi quand celle-ci lui demande instamment de venir la rejoindre dans sa résidence du Worcestershire afin de soutenir la campagne électorale de Harold Winship (Ginger pour les intimes) Bertram accepte avec plaisir, d’autant plus que Ginger est un vieil ami d’enfance de Bertram.

Accompagné de Jeeves, son fidèle majordome, Bertram va cependant avoir la désagréable surprise de croiser chez sa tante d’autres invités qu’il aurait aimé éviter. Il va devoir notamment supporter la présence de son vieil ennemi Rodrick Spod et de la fiancée de celui-ci, Madeline Bassett, qui s’entête à penser que Bertram est désespérément amoureux d’elle.
Pour ne rien arranger, Bingley, homme sans scrupule, s’est emparé du registre du Ganymède Junior Club. Dans ce livre mythique les majordomes compilent de précieux renseignements sur leurs employeurs. Les frasques de jeunesse de Ginger y sont ainsi largement évoquées. Le vénal Bingley n’hésitera pas à vendre ses informations au plus offrant.

Mais les malheurs des uns font parfois aussi leur bonheur, et Jeeves, fidèle majordome parmi les fidèles, est encore là pour tirer son maître de bien des mauvais pas.

Nous voici, dans cet opus, plongés avec délice dans la fièvre électorale de l’Angleterre rurale et conservatrice ! Mais je vous rassure, Wodehouse n’aborde pas les questions politiques et ne décrit que très partiellement la fameuse campagne. Le sujet est surtout un prétexte pour réunir sous un même toit Bertram Wooster, son valet Jeeves et une galerie de personnages improbables, dont l’inénarrable tante Dahlia, et d’observer avec amusement la comédie humaine qui en résulte.
L’auteur en profite pour nous livrer des portraits plein d’humour mais finalement pas très flatteurs de cette joyeuse compagnie. Les hommes sont des faibles qui cherchent le moins d’histoires possibles mais ne peuvent pas les éviter (Bertram ou Ginger) ou bien de fortes personnalités mais pas très sympathiques (Bingley, vénal et voleur, ou Rodrick Spod, hautain et méprisant). Les femmes ne sont guère mieux traitées.

Cultivant avec plus ou moins de légèreté mais toujours avec beaucoup de drôlerie toute la gamme des euphémismes, métaphores, litotes, et autres aphorismes, Wodehouse nous joue sur un air léger une histoire digne des meilleurs vaudevilles. Les personnages en effet sortent, rentrent, se cherchent, cherchent à s’éviter, se retrouvent, avec moult rebondissements.
Jeeves, figure tutélaire et flegmatique au sein de ce petit monde bourdonnant, est l’élément stabilisateur qui permet à son jeune maître de retrouver un peu de quiétude avant sans doute une nouvelle aventure.

Même si les ficelles sont parfois un peu grosses dans cet épisode et que la fin arrive bien vite à mon goût, on sourit encore beaucoup au fil des péripéties de notre pauvre Bertram qui tente tant bien que mal de se dépêtrer des épreuves inextricables qu’il rencontre sur son chemin.